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Dictionnaire Leray
AXE PARADIGMATIQUE SYNTAGMATIQUE
[E-mail] Article publié le 20 mars 2016. oOo Si Roman Jakobson a le premier rapporté la structre de la langue, de façon transcatégorielle, à une organisation abstraite appelée axe paradigmatique syntagmatique, le modèle en a été donné par Ferdinand de Saussure. Il convient cependant de distinguer le modèle saussurien de la notion établie par le linguiste russe. Le Cours de linguistique générale évoque en effet une opposition sensiblement différente entre « rapports syntagmatiques » et rapports associatifs ». Les deux types de rapports – et c’est là un point qu’il faut souligner – sont analysés comme des « séries ».
La partition des deux ordres (ou sphères), syntagmatique et associatif, était la base d’une critique des catégories traditionnelles du langage (lexique, syntaxe, morphologie) :
En revanche, l’opposition entre rapports syntagmatiques et rapports associatifs concerne toutes les formes, toutes les catégories d’éléments qu’on peut isoler dans une langue donnée.
Nous laisserons de côté la question de savoir si ces lignes correspondent précisément à la pensée de Saussure (on sait les distorsions qui affectent l’ouvrage rédigé par deux de ses élèves). Elles appartiennent aujourd’hui, pour le meilleur et pour le pire, à un texte fondateur de la linguistique moderne. Deux modèles de série sont présentés, une série effective, une série mnémonique virtuelle .
Les rapports associatifs ne sont jamais décrits comme un axe de substitution à proprement parler. Ferdinand de Saussure entend rendre à chaque élément relevant de cette analyse la pluralité des association qu’il recèle :« Un terme donné est comme le centre d’une constellation ». La sphère associative de Saussure est devenue, dans le structuralisme, axe paradigmatique. L’axe paradigmatique revient, chez Hjelmslev, à une classe de substitution : les phonèmes ‘m’, ‘t’, ‘s’, ‘l’ sont dans le même paradigme en français dès lors qu’on peut les substituer à l’attaque de mots simples comme ma, ta, sa, la... Les grandes classes grammaticales (le nom, le verbe, l’adverbe) forment des classes paradigmatiques : un homme chante, un oiseauchante... C’est une modélisation abstraite et qui, au final, ne fait que se décliner sur les catégories de la langue dans leur acception la plus traditionnelle. La série est au centre de l’opposition syntagmatique / associatif. Les séries associatives ont deux propriétés : ordre indéfini et nombre illimité d’éléments. Mais de ces deux propriétés, seule la première se vérifie toujours : ainsi le paradigme d’une conjugaison ou celui d’une déclinaison forment-ils des séries fermées, alors que le paradigme d’une classe comme le nom est à la fois fort nombreux et toujours productif, donc illimité. Or, si les notions de paradigme et d’axe paradigmatique ont suscité de nombreuses réflexions, la notion saussurienne de groupe associatif, a constamment été réactualisée. Elle est à la fois fait d’observation et déduction, à partir de la chaîne parlée. Le paradigme, au contraire, est — du moins Emile Benveniste le situe-t-il ainsi — une opération formelle effectuée par le linguiste. Le paradigme est la réduction logique de l’associatif. Dans les deux cas, la dénomination série, restée courante, relève du sens large. Son caractère non linéaire (non seulement parce que le groupe associatif est constellation mais encore parce que l’ensemble des éléments d’une série paradigmatique ne sont pas nécessairement alignables selon une série graduée, continue) est problématique. Et, alors même que, par la notion d’enchaînement (que du moins Saussure y attachait), le syntagme était, des deux ordres corrélatifs, le plus propre a recevoir le nom de série, c’est le contraire qui a eu lieu. Statistiquement, dans la linguistique d’aujourd’hui, la série est paradigmatique. |
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