Incarnacion est nue. Son corps
se dresse debout au milieu de la chambre
comme une statue. Nacho est habillé
presque comme un cow-boy. Il porte le
chapeau. Il est comme pétrifié, dans
cette chambre. Il a les yeux exorbités
car Incarnacion a une belle poitrine
mais la jeune femme est surtout obnubilée
par cette histoire d’héritage pas résolue
car des limaces s’étaient infiltrées dans
le coffre-fort. Incarnacion pense que cette
intrusion des limaces corrosives n’est pas
un hasard, que le coup a été prémédité non
pas par Nacho lui-même mais par un de ses
camarades qui traînent dans le même quartier
de misère : Antonio, Juan Pedro, Severo,
Miguel, Moreno, Roberto, Angele, Simon, Ale-
jandro, Maximiliano et les autres, tous
morts. Incarnacion s’approche de Nacho qui
regarde à la fenêtre. Le désert progresse.
Les limaces forment des taches fluorescentes
dans le sol méticuleux de l’espace désertique.
Il pense à Maria Fernanda qu’il a rencontrée
là, près du désert, et dont le regard sombre
qui dessine une sorte de spirale où l’œil
se perd hante l’homme défiguré par une bombe
iodée des forces révolutionnaires du coin
qui usent de formules magique et de rituels
magiques pour absorber leur ennemi comme
s’il s’était agi de limaces vivantes ! Oui !
Et comme si on les avait consommées crues !