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Article publié le 17 juillet 2016. oOo Les ciseaux de tes jambes nues avaientfière allure dans les hautes herbes. C’est ce que tu m’as dit la nuit même de notre rencontre. Tu fendais le soir avec vélocité, disais-tu, entraînant dans le sillage de ta marche le regard des herbes folles. Rien qu’elles et toi dans la fraîcheur envoûtante du soir pour seul témoin de la scène. Et tu m’as parlé de cette sensation agréable d’être comme suivie par toi-même, observée avec ravissement par cette part de toi plus grande que toi, à quelques pas seulement de ton cœur. Une absence si grande, si fortement présente en toi qu’elle appelait une résolution nouvelle, pour ainsi dire un festin. Le frisson des herbes, la force entraînante de tes jambes délicatement fouettées par le chatouillis des herbes s’épousaient loin des hommes pour ne plus faire qu’une seule et même démarche vouée au cœur vibrant de la solitude heureuse. Pas de chamade, mais le chant des grillons dans le soir et le picotis des herbes odorantes jusqu’au vertige. Le cœur invisible stridule. Les jambes herbues flageolent sans fléchir.
Jean-Michel Guyot |
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