Je voudrais vous y voir,
Mais vous n’y êtes pas !
Ah ! Quand je suis seul,
Je ne suis pas au lit !
Hier,
Entre ceci et cela,
A l’heure des plaisirs
Solitaires et joyeux,
Je croise dans le couloir
La femme de ma vie.
Elle revenait !
Moi pas.
Elle frotte ses pieds
Sur mon paillasson,
Ouvre ma porte,
Entre chez moi,
Ouvre le robinet,
Boit dans mon verre,
Dit :
« Ah ! ce qu’il fait chaud aujourd’hui ! »
Je dis :
« Il tombe du feu !
J’ai soif moi aussi.
— Fais le lit ! »
Et ça recommence.
Une vie d’enfer.
Quand il ne fait pas chaud,
On se caille.
Et quand l’été revient,
Il fait encore plus chaud.
Alors on boit,
On se baigne,
On rigole,
Et elle lave les draps.
À l’automne,
Elle repart d’où elle revient toujours.
Et les années passent.
Et hier,
La voilà qui se ramène
Dans une belle auto.
Elle n’est pas seule.
Elle n’entre pas.
Elle me fait signe.
Je réponds à ses questions.
Rien sur moi.
Tout sur elle.
Et elle repart au volant
De la belle auto.
« Trouve-toi une autre femme ! »
M’a-t-elle dit.
Ça devait arriver.
Je voudrais vous y voir,
Mais vous n’y êtes pas !
Ah ! Quand je suis seul,
Je ne suis pas au lit !