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Chanson d’Ochoa 2 - [in "Cancionero español"]
Et Dieu dans tout ça ?...

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 Article publié le 13 juillet 2006.

oOo

Et Dieu dans tout ça ? - Dieu courait lui aussi, mais parce qu’
Il était dans l’Homme. Il ne l’aurait pas suivi, n’étant nulle part
Ailleurs que dans cet Homme conçu pour être un homme-dieu.

Dieu n’existait que par l’Homme et pour l’Homme, Dieu était
À usage humain et il ne sortait pas de l’Homme pour entrer
Dans les animaux ni dans les choses. Dieu n’allait pas loin

Si l’Homme voyageait mais il pouvait durer longtemps si
L’Homme le désirait. Il y avait de l’Homme dans l’existence
Et Dieu dans la pensée. Il y avait des hommes pour imposer

Dieu à l’Homme et d’autres qui pensaient qu’on pouvait
S’en passer sans prendre le risque de se damner pour cette
Éternité qui n’appartient pour le moment qu’à la pensée

Ou au moins à l’idée qu’on s’en fait avec ou sans Dieu.
Dieu logeait dans le foie. Il y trouvait toujours sa place
De métastase. Je veux dire qu’il était déjà ailleurs dans

Ce corps et que dans le foie, il vivait. Car Dieu n’est pas
Pensée, il est chair. Chair de l’Homme et par conséquent
De la Femme. Mais Dieu se fait pensée si l’occasion

Se présente et elle ne manque pas de se présenter au
Portillon de l’Histoire toujours avec la même objectivité
Du massacre et de l’hygiène. Cette pensée née de la chair

Est un signe reconnu de la maturité qui consacre les nations
Et les guerres. Mais le sexe doit demeurer secret, si secret
Qu’il n’explique que les enfants et les crimes sexuels.

Le sexe est un Dieu qui s’exprime par la pensée des enfants.
Et l’Homme qui fuit pour ne pas être la proie des hommes
Ni le prétexte d’une idée que Dieu cultive dans le foie,

L’homme sent que Dieu préfère les hommes et que les hommes
Ne laisseront pas passer cette opportunité de croissance
Économique. L’Homme, dirait-on, a perdu la tête de courir

Vite et bien, mais inutilement et sans leçon à donner. L’Homme
Ne rencontre plus d’arbres à cette hauteur. Il trouve des animaux
Distants et ne croise que leur regard d’animaux que Dieu

A créé, selon ce qu’il faut nécessairement en penser, pour donner
À comparer l’humain à la bestialité. L’Homme n’a plus
Le temps d’y penser. Il continue de monter vers le ciel

Sachant qu’il n’atteindra que le sommet des montagnes
Et que même oiseau par mise en abîme de la pensée,
Il ne volera pas plus loin que l’atmosphère et que les

Fusils portent aussi loin qu’il est possible d’aller contre
Les hommes de Dieu. Il ne va pas contre Dieu qui est
En lui la chair qui le désigne. Il va contre les hommes

De ce Dieu extériorisé par extirpation mentale et im
Position- de la Loi et de la Science, les deux piliers
De la sagesse religieuse. Heureux Sisyphe qui ne va

Pas plus loin que le sommet par définition d’homme
Et que le rocher éternise par remplacement d’homme.
Heureux celui qui revient sans cesse mais seulement

Pour prier, heureux dans la répétition et le soulagement
Des douleurs de l’existence qui est encore animale
Au travail de la nourriture et de la reproduction.

L’Homme ne trouva pas un seul arbre pour s’abriter
Du soleil et pas un animal n’envisagea de le manger
Ou seulement de l’empoisonner. Il ne reçut pas la

Morsure de l’animal à cette hauteur où l’herbe est bleue
Comme le ciel et l’ombre blanche comme l’aveuglement.
La dernière cheminée était la demeure des oiseaux,

Sortant de terre encore blanche et noire, dressée comme
Le dernier pylône, immuable et solennelle comme
Une église. Même le chemin s’était achevé dans la trace

Confuse des animaux domestiques. Et Dieu avait faim.
Il avait soif aussi. Il se comportait comme un homme
Ou pire comme une bête. Mais la pensée corrigeait

Joyeusement ces petits défauts de la cuirasse métaphysique.
L’homme exprima sa rage de vivre en constatant que
Les piles de son walkman étaient mortes avant lui.

Il secoua le walkman et finit par le jeter dans le canyon
Qui jouxtait sa marche contre les hommes de Dieu.
Plus de musique, et plus d’habit pour se protéger

De la seule morsure, celle des dents d’un soleil apprivoisé
Par l’idée de Dieu. Il sentit à quel point sa peau n’était
Qu’une extension idéationnelle des organes que Dieu

Agitait comme des clochettes dans cet intérieur impossible
À ouvrir sans les moyens de la chirurgie. Le canyon
Trahissait la voix des hommes qui réduisaient la distance.

Une roseraie giclait d’oiseaux à leur passage. Heureux Sisyphe
Qui redescend pour donner l’exemple de ce qu’il ne faut pas
Faire. Heureux l’Homme qui redescend pour expliquer son

Crime. Mais l’Homme ne pensait qu’à fuir et il fuyait comme
Jamais un homme avait fui devant les hommes de Dieu et
Dieu lui-même. Il fuyait vers le haut, prenant le risque

De redescendre de l’autre côté. À son âge, j’aurais plutôt
Traversé la mer pour aller chez les Arabes ou chez les Noirs.
Mais je n’ai jamais violé les filles et les filles me retiennent

Ici. Cet homme savait où il allait parce qu’il ne savait pas
Que Dieu, Dieu la Chair, Dieu le Sommet, que Dieu parle
Avec les hommes pour ne pas parler avec les animaux.

Ah ! si cette fille d’anarchiste avait cru en Dieu comme j’y
Crois ! Mais elle se comportait en femelle ardente pour
Le plaisir. Que sa chair soit martyrisée et qu’elle en porte

Les traces jusqu’à la poussière ! Ce n’est pas elle que tu fuis.
Un peu d’amour ne t’a jamais fait de mal et elle t’aimait
Et t’aime peut-être encore de cet amour qui possède

Pour donner, un amour de femme pas facile à envisager
Avec les seuls moyens du plaisir. Dieu la Queue d’homme
Bandait dans le foie. Ce corps qui salivait avec toi n’était

Que la jeunesse et non pas la femme, tu le savais. Mais Dieu
Lui-même s’en accommodait. Cette chair qui me forme
Au regard ne renonça jamais à sa nature de Dieu vivant.

Que ma pensée renaisse de cette erreur et je m’arrête !
Mais le soleil était dur à la peau, si complexe pour les yeux,
Si prompt à se multiplier dans la soif et l’hallucination !

Si je n’étais pas cet homme qui reçoit les montagnes
En héritage, je serais cet autre qui me poursuit à la place
De Dieu. Nous n’avons guère le choix, nous autres

Hommes dans l’homme à la place de Dieu. Nous sommes
Dans l’étroit et dans l’instant, et notre pensée en pâtit.
Si le soleil ne me tue pas, si la nuit ne suffit pas à ma

Disparition, si le jour suivant est celui de mon jugement,
Il ne restera de ma pensée que ce fil vite rompu au récit
D’une existence qui n’aura pas d’épilogue mortuaire.

Où jetez-vous les carcasses des suppliciés-que ni le soleil
Ni la nuit n’ont interdit à cette justice qui n’ose plus
Juger les morts ? Je n’ai pas d’avenir au-delà de moi

Même. Je finirai dans votre langue, impossible à séparer
Des mots que vous aurez pourtant trouvés pour me dire.
Tenez ! J’abandonne. Je m’assois sur un rocher au bord

Du précipice et je vous attends. Vous ne serez pas surpris
De ma tranquillité. Il y a longtemps que vous ne me concevez
Plus sans cette indifférence qui peut alors passer pour une

Espèce de sérénité. Pas un coup de fusil. Pas un frémissement
De couteau. Pas de mains qui étreignent déjà mes mains
Dans la torsion et l’arrachement. Pas un signe de cette violence

Auquel Dieu vous donne droit sur l’Homme. J’imagine
Un peu votre déconvenue et je compte sur votre dignité
Pour m’épargner le bruit de coups portés à la chair

Que Dieu déserte pour ne pas être surpris en flagrant délit
D’occupation impensable. Imaginons un instant, cet instant
D’imagination, que vous veillerez à ne pas forcer le lien

À entrer dans la chair. Cela arrive. Vous êtes quelquefois
Si doux, si calmes devant l’horreur du crime. Vous êtes
Lents dans le procès et professionnels dans l’exécution.

Cette minute d’angoisse sans air ni liberté, et l’attente
Déjà de la cassure nette du larynx, j’en ai rêvé au lieu
De prier pour qu’il ne m’arrive rien qui puisse m’être

Reproché au point de justifier pleinement ma mort
Violente et immobile. J’y songeais chaque fois que
Ma main salivait avec ma bouche sur ce corps que Dieu

Inspirait pour en éprouver la pertinence d’épreuve. Je
Suis cet homme et je ne trouve rien pour le nier maintenant
Que ma chair attend ce que ma pensée n’a jamais compris

De vous. Nous sommes cet instant de réflexion avant
Que Dieu n’existe. Que peut savoir une fille qui ne croit
Pas en nous ? Je serai cette nuit si le soleil m’épargne !

 

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