Icare fut fait roi. Cette extrapolation devait constituer tout un royaume, avec sa population, son urbanisme, son administration et son clergé. La dualité icarienne réside dans la permanence du plongeon, de l’expérience individuelle de la vanité. La volonté de puissance a fait le reste. Icare noyé, destitué, en un naufrage double, l’image clignote tout d’abord puis virevolte et engendre une grande confusion. C’est alors toute une mythologie intime qui bouillonne dans la marmite cervelette dénommée « marmite à mythes ». Le gros bouillon qui en résulte, aidé par la lampe électrique bleutée qui éclaire le bureau du Diable, esquisse à sa surface (avec l’écume et les reflets de la lumière artificielle) une série de tableau décevants, pénibles, parfois incompréhensibles, où les questions suivantes resteront sans réponse : Qui est cet Icare que je ne reconnais pas ? Et ce Gandhi, et ce Moïse ? Quel est ce Christ qui se bat comme un chien ? Et ce Napoléon mélancolique, désoeuvré ? On ne les connaît pas.