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Article publié le 19 février 2017. oOo à Monique Morellià Lino Léonardi
Sur ton chemin de croix ton Amante gothique Agenouille les gueux dans ses siècles de fer Et pendant que des christs dépavent les enfers Madame de Paris te souffle des cantiques
Rutebeuf rudement note et chante le Dit De tes ribauds de Grève aux neiges engourdis
Les piafs de la Cité picorent sur ta couche Les miettes de nos nuits depuis Quatre-vingt-neuf Alors que je te lime en douce des ponts-neufs Tes amoureux d’un jour gobent tes bateaux-mouches
Restif sur ton pont Rouge entête éperdument Les passantes de nuit en peine d’un amant
Qui voit la Seine voit ma peine Si pauvre suis-je de saison Est-ce ma peine est-ce la Seine Qui s’échine dans ma chanson
On ne partage pas la peine Otez-vous gens de mon malheur Je vois des serpents sous vos fleurs Passez passez comme la Seine
Otez-vous gens de mon malheur
Je ne raffole pas des contes de bonniches Mais les doux tourmenteurs m’ont mis les escarpins Et las de la prison vernie de saint Crépin Pour me défatiguer je chausse tes péniches
Monsieur de Saint-Aubin te crayonne en marchant Au lever de l’aurore ou au soleil couchant
À la bonne saison quand les boulevardières Les muses les catins t’apportent leurs ballots De linge et de chiffons je suis le matelot De ton bateau-lavoir ma vieille lavandière
La viole et le rebec agrippent les badauds Tabarin et Mondor enchantent tes tréteaux
Qui voit la Seine voit ma haine Si hargneux suis-je de saison Est-ce ma haine est-ce la Seine Qui s’acharne dans ma chanson
On ne partage pas la haine Otez-vous gens de mon malheur J’entends des rires sous vos pleurs Passez passez comme la Seine
Otez-vous gens de mon malheur
Les pâles bâtisseurs te mènent la vie dure Dis entendrai-je encor sur tes quais besogneux La vineuse romance et tes noirs tafouilleux Crier à la merveille entre deux monts d’ordure
Sur le pont Mirabeau Guillaume un livre ancien Sous le bras souvent flâne avec un musicien
Ta galère fantôme à la dérive lance Ses amarres de soie aux gosses morfondus Que le cancan chicard fort des becs de gaz du Bal Mabille passe et repasse sous silence
La barque de Courbet sous le feuillage attend Les filles de tes bords jusqu’à la fin des temps
Qui voit la Seine voit ma veine Si vivant suis-je de saison Est-ce ma veine est-ce la Seine Qui roucoule dans ma chanson
On ne partage pas la veine Otez-vous gens de mon bonheur Sonnez-en mot à vos sonneurs Passez passez comme la Seine
Otez-vous gens de mon bonheur
Que sainte Geneviève épargne tes entrailles Tes gavroches jetés aux sanglants chamaillis De l’Histoire et qu’Eiffel leur montre du pays Il a plus d’une tour dans son sac à ferraille
L’orgue des amoureux moud entre deux sergots Sur le quai de Béthune un roman de Carco
Tu mouilles le pavé comme une fille en crue Tes dolents rivoyeurs troussent ton beau rafiot Infatigablement la Folle de Chaillot S’accoste d’égoutiers et de chanteurs des rues
Léo se désemmôme à la longue de toi Mais ses pick-up têtus te chantent sur les toits
Qui boit la Seine boit ma Seine Si sombre suis-je de saison Le Havre est au bout de mes peines Le large au bout de ma chanson
On ne partage pas la Seine Otez-vous gens de ma douleur Adieu adieu le quai aux Fleurs Je passe passe avec ma Seine
Otez-vous gens de ma douleur
Je ne partage pas ma peine Suis-je ou ne suis-je de saison Je ne partage pas ma haine Passez passez dans ma chanson
Je ne partage pas ma veine Suis-je ou ne suis-je de saison Je ne partage pas ma Seine Otez-vous gens de ma chanson
Otez-vous gens de ma chanson |
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