" Donnez-moi de nouvelles données
Donnez-moi … "
Le géniteur de l’Apiculteur est un transformateur.
Passé maître dans l’art de transformer la corruption affective en œuvre
d’art, à l’intérieur du champ de la variété, donnant ses plus grandes
lettres de noblesse à un genre divertissant.
La mélodie, le logos, la musique s’agrègent dans une abstraction où le sens
navigue sans cesse, mobile, imprévisible, joueur, d’autant plastique de par
l’usage de différents registres qui montrent une adhésion arachnéenne à la
langue française.
Ou minérale.
" Ma petite entreprise
Connaît pas la crise
S’expose au firmament
Suggère la reprise
Embauche
Débauche
Inlassablement se dévoile "
Parler ou chanter se ressemblent jusqu’à se confondre, la voix est aérienne,
telle un aigle qui scrute et raconte la vie. La sienne.
D’un disque l’autre, d’un cycle l’autre, d’une vallée l’autre …
Au fil du temps, des indolences parallèles se dessinent, la voix, la mélodie
et les instruments font corps dans la distance. Navigations vocales et
instrumentales croisent leur route, composent un alliage constant allant jusqu’à
la ductilité.
Familier, courant, argotique … classique … ludique …
" Les paras sont normaux
Sous la tonnelle où rode
Où rode le Japon
Fidèle à ses traditions
Dans un dernier effort
L’empereur se soulève
Donne à boire au dragon
Et scrute les environs "
Les cuivres accentuent l’épure, la saxophonie et ses révolutions ou
saturations cèdent la place au pavillon. La recherche, oui, toujours, la
recherche, encore. Variété, oui, variétés instrumentales qui déploient
cette singularité aisément reconnaissable.
Mais qui s’échappe encore ...
Variété abstraite ...
" Fières sont les ouvrières
Le jour en tailleur
Le soir en guêpière "
La corruptibilité de l’être se transforme, encore ...
" Distille des pensées se réclame
De l’homme qu’a vu l’âne
Jette du riz
Sur le parvis
Anoblit nos brouilles "
L’âne est au centre de la narration. Le bel animal est témoin. Au coeur de
beaucoup de choses.
Le ruban est coloré, les trois syllabes qui la composent allègent sans doute
son puissant pouvoir abrasif. Et lui assure une présence vocale étendue.
Plastique...
Elle est une pièce de l’auteur. Compositeur. Interprète.
Le timbre d’une voix de gorge qui décroît, oui, qui s’évanouit ou se brise
avec harmonie.
Avec envie.
" Madame rêve d’artifices
De formes oblongues
Et de totems qui la punissent
Rêve d’archipels
De vagues perpétuelles
Sismiques et sensuelles
( ... )
On est loin des amours de loin
On est loin "
Oui, loin emporte le lent et long mouvement des cordes dans une mélodie
circulaire et itérative, dans une mélodie révolutionnaire ...
La chanson et le rêve ne sont-ils pas les mêmes données ?