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Article publié le 25 juin 2017. oOo A Michel Guyot Prends le temps de tourner les mots qui tournent en toi. Jamais tu ne sais à l’avance la tournure que prendra ce jeu, ce tournoi entre toi et ce qui n’est presque plus toi dans ce qui n’est ni un combat ni une ascèse, mais une ouverture sur l’inconnu parlant. Qui parle, à vrai dire, importe peu, si la parole entendue passe dans le cœur et l’esprit sagace de quelques-uns. Aux indifférents, d’autres paroles, d’autres écrits peut-être, mais qu’importe. Porter une parole si humble soit-elle, voilà qui est humain et répond à la condition humaine en répondant d’elle. Sans cette parole, nous serions bien peu de choses, et c’est bien le pluriel qui s’impose dans cette occurrence vaste comme l’humanité. Occurrence circulaire et cyclique mais non sphérique, ouverte sur ses bords aux débordements de tous ordres pour le meilleur et parfois le pire. De pli en pli, la vie libre avec la paix et la sécurité pour garantie première et dernière. Qu’un art se dégage çà et là du langage pris pour cible par lui-même est une bien belle chose, un acte de courage qui affronte la somme latente mais en expansion de tout un monde sans frontières que les mots éclipsent, transforment en œuvre de langage clairement circonscris appelée à célébrer ce goût immodéré pour la vie que tous et toutes nous cultivons dans les domaines les plus variés de l’activité humaine, pour peu qu’elle soit noble. D’un dialogue l’autre, soit tout ce qui faute de temps, faute de présence d’esprit ou faute de courage n’a pas été dit. Il va de soi que le regret, qu’on en a, hante les pages et les pages de qui s’efforce de maintenir le dialogue par-delà la mort d’un proche. Ainsi donc le monde et les humains qui s’y agitent, y cogitent, y vivent tout simplement entrent en résonance avec le non-dit, pour ainsi dire le non-lieu qu’exprime à sa manière la communication devenue impossible avec un être cher. Ton langage a du jeu, ami, ta mécanique n’est pas parfaite, tant s’en faut, mais c’est bien dans ce jeu que se joue ton humanité qui n’est l’apanage de personne et la propriété de tous.
Jean-Michel Guyot 22 juin 2017 |
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