J’aime les oiseaux des fillettes et leur corde à sauter. Elles sont les miettes jetées aux oiseaux pour rejoindre le ciel qui couche sur le sol entre leurs deux guibolles et parfois une seule quand elles font la grue. Le ciel se voit en l’air et s’y envoie en vol dans mon regard voyeur qui se prétend voyant. Quant aux oiseaux ce sont bien sûr des martinets car l’enfance est toujours à l’affut d’un moineau un peu ensanglanté. J’aime qu’elles patinent le temps sur le sol qui marque leur passage d’une brutale et tendre injonction au présent dont elles sont la règle et plus tard les saisons. Les oiseaux sont légions autour de leurs cheveux ébouriffés de plume comme des rapaces. Leur ciel est le contraire du ciel des oiseaux de la métaphysique mais celui des oiseaux du réel impossible de Leopardi.

…Mais cette fois les oiseaux ne s’envolèrent pas/ ils marchaient entre les petites filles/ ils les regardaient des pieds à la tête/des pieds surtout pourquoi ?[ …] il n’est pas nécessaire d’y répondre/ par le moyen de l’écriture.

Patrick Cintas