Sans chien,
Sans rien,
Babelin
N’est plus rien,
Pas même chien.
Sans père,
Ni mère,
La mort
N’a pas de sens.
La vie non plus.
Seule l’existence
Sert encore
De chemin.
Babelin
Ne sort pas.
Il n’entre pas
Non plus.
Il habite
Des murs.
« Ni jour,
Ni nuit,
Pas de soleil,
Pas de lune.
Des arbres
Que l’été
Ensanglante
A coups
De fouet.
De l’herbe grise
Comme ma peau.
Et sur cette herbe
Je n’attends pas.
J’existe,
Mais je n’attends plus.
Dire que j’aurais pu
Devenir chien,
A moins qu’il faille l’être
Avant de devenir.
— Tu ne perds rien
Pour attendre ! »
Menacent le temps
Et ses gens.
Il les voit passer.
Il ne répond plus.
« Il mange, il boit,
Il se comporte
Comme s’il n’avait pas besoin
De travailler,
Disent les gens.
Pourl’instant,
A notre connaissance,
Il ne fait rien de mal,
A part exister
Comme personne n’existe.
Il a du pognon, peut-être ! »
Un magot caché
Sous l’herbe du jardin
Ou dans le mur
De la remise.
Babelin y pense
Lui aussi.
Cette pensée finit
Par remplacer le chien.
Il y a de quoi
Devenir fou,
Pense-t-il en riant
Comme s’il redevenait
L’enfant qu’il a été.
Alors il creuse.
S’il creuse,
C’est qu’il cherche.
Et s’il cherche,
C’est qu’il n’a pas trouvé.
Définition du malheur
Qui frappe toujours l’homme
Qui possède son jardin,
Sa maison, son passé.