Marc Cholodenko, « Je te fais un dessin », P.O.L éditeur, Paris, 2017, 120 p., 13 E...

Cholodenko explore en trois tempset jusqu’à la limite du visible et du ressenti ce que »dit » une image. Celle du paysage, maisaussi de lieu plus abstrait (dans laseconde partie) avant de revenir aux »gribouillis » premiers – ceux qui prédèdent le langage. Maissi, et comme Beckett il touche une sorte de frontière, à l’inverse de ce celui-là il ne s’agit pas d’un point de non-retour.

L’auteur s’élève contre l’absence du monde afin que le souffle ne possède pas l’odeur des cendres. Le tout au moment où la prose prend la force d’une poétique de la présence là où la solitude physique permet au dessein de parler « à dessin ».

L’image perdure par la voix qui la décrit, didascaliquement : non pour dessiner le réel mais ses états de conscience. Les contempler ne revient pas à reculer dans un destin vide mais renvoie à une possibilité subtile d’existence au moment où un affaissement demeure contrarié.

Le dessin devient l’aventure existentielle, la figuration infigurable. L’écriture fait surgir des densités déviantes de formes qui prennent de la hauteur tout en se chevillant, en se noyant dans la matrice de la page où elles se cristallisent tout en sse dérobant.

Chaque segment grouille, agité d’un mouvement particulier qui le relie aux autres. Les textes représentent le lieu d’enfermement et d’ouverture où quelque chose "ne colle pas". L’écriture en effet n’adhère plus aux apparences du monde puisqu’elle propose un décalage du motif dans ce qui tient au décrochement visuel. La « réflection » se brise : Le texte en avançant la mord, la détruit, la retape. Le lecteur n’est jamais confortablement installé car la littérature provoque un vertige.