Je pare au plus pressé.
Je vais aux mots, évitant les trivialités, les raccourcis pas saisissants du tout, les escarmouches purement verbales, privilégiant chemins de traverse et de campagne, haltes nombreuses en tout site qui me parle un tant soit peu par sa configuration singulière, son histoire parfois, les légendes qu’il véhicule aussi.
Un chemin ne se limite pas à la direction qu’il propose. Il ne se borne même pas à donner un sens ouvert à ce qui prête à interprétations multiples en tous sens. Un chemin, avant tout, chemine avec ses marcheurs d’un jour.
La joyeuse bande de marcheurs rit ou plaisante tout au long du chemin, fait silence parfois, reprend son souffle puis reprend ses conciliabules, commente ce qu’elle voit ou s’émerveille le soir venu ou bien encore en chemin après une longue ascension enfin terminée.
Le marcheur solitaire pense à haute voix, murmure ou chante, se laisse quelquefois happer par les sensations qui l’animent tout entier, bruits, odeurs, lourdeur ou légèreté de ses pas, vue à couper le souffle ou simple séjour mobile au cœur d’une beauté sauvage.
Que le sens prétendument premier, et en cela considéré comme seul valable, ne règne pas en maître absolu sur les consciences qui l’empruntent, lui accordant crédit, voilà ce qui chante le long de tout chemin pris pour ce qu’il est au moment où il apparaît : une voie ouverte sur elle-même où tout peut arriver, y compris son interruption momentanée.
Un premier pas en appelle une foule d’autres. Tomber en arrêt n’est pas de mise, mais des haltes fréquentes font du bien.
Jean-Michel Guyot
28 juillet 2019