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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim - Fin (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 13 octobre 2019. oOo « A Silvestre le parecía vulgar y anticuado escribir sus ideas, y encontró más pintoresco, más jovial, exponerlas por medio de esquemas. Y lo hizo así. » Pío Baroja - Aventuras, inventos y mixtificaciones de Silvestre Paradox (La vida fantástica 1)
Par exemple, on pourrait ici insérer le roman versifié de Pierre Vlélo : « Avant-fiction ». (conseillé)
Caminante Este no es el único camino…
[#Carabin Carabas (notes…)]
Ces nuits sont oranges avant la fin. Dernières lueurs bleues dans la fenêtre. Les ombres chinoises d’un feuillage d’hiver Inventent des personnages alors que Le roman que je suis en train d’écrire Est au point mort : je ne connais pas L’angoisse. Les veillées sont roses. Ces nuits n’arrivent pas toutes seules. Les lieux sont à peine des lieux. J’écrivais alors la longue (interminable) Conversation entre Carabin et Carabas : Devant le miroir dont ils sont eux-mêmes L’autre côté. Ces nuits deviennent noires Avec le temps. Mais ce temps n’est pas Encore venu. Nous devinons une écriture. Tout s’éteint lentement. Bientôt il faudra Accrocher des étoiles dans ce ciel devenu Lune. Seul en face. Ce livre voulait être La malle de l’aubergiste. Qui donc bernait Les personnages ? Les feuillages ne sont Plus les haies de mon jardin. Tout s’éloigne. Un chat en équilibre sur le portail miaule. Que peut-il faire d’autre ? J’attends de lui Qu’il parle à la place de la nuit. Paroles D’amour ou de quête. Nous étions deux. Aventures. Inventions. Mystifications. Or. Nous eûmes des visions vite peintes afin D’en immobiliser les voyages. Qui es-tu Si tu sais ? Pas un oiseau ce soir. Les Orages sont loin. Nous n’irons plus au bois. Je suis construit. Je me vois, dit-elle au Soir. C’est comme une destruction de Ce que tu as conçu dans un moment de Pur égoïsme. Nous ne saurons jamais qui A parlé. La douleur est physique. Il ne reste Plus qu’à s’en plaindre. Élégies en perspective. Reprenez, cousine, un peu de ça. Et chantez À la place du chat qu’on enterre avec mon Chien. Toutes ces ombres ! Ces couleurs qui S’en vont ! J’aurais voulu être aveuglé, mais Le soir s’installe dans le calme. Personne pour Me plaindre, ô moi personnage de roman !
« Le type (ou la meuf) commence par « être moderne absolument » / ce qui le met en retard d’un siècle au moins/ il devient / ou croit l’être / : alchimiste (de la douleur ou du verbe) / évidemment ça foire / lamentablement / si ce type (cette meuf) : n’est pas un charlatan / ou ne le devient pas : à force d’y penser… Ensuite le voilà qui se met à faire de l’humour / ou de la dérision / Mais qui parodie-t-il si ce n’est pas lui-même (elle) ? Le texte se fragmente / ne s’achève pas / entre la confusion Et la négligence : loin de toute espèce d’exigence / il ou elle (deuxième chance) pense à devenir charlatan : et le devient Peut-être : faisant passer (ou tentant de le faire) des Approximations (au mieux) pour un nouveau genre / voire Une nouvelle école / mais la plupart du temps : on revient Aux fondamentaux les plus scolaires : l’homme s’est assagi (dit-on) / il est plus lisible qu’un panneau de signalisation / Et s’il n’a pas renoncé au charlatanisme : il continue la route À ce train-là : peut-être salué (sait-on ?) / sans doute obscur Et sinistre / ayant vécu sa saison / et malgré la pluie Et le froid qui givre sa fenêtre : il croit enfin avoir raison / « je suis lisible » « je suis compréhensible » « j’ai atteint ce degré de simplicité qui fait de moi un : » poète / »
Les âges : ce rythme ternaire dont la mesure est : Une seule existence.
Les deux chiens s’avançaient vers moi (et je ne comprenais pas ce qui se passait malgré moi) / celui que j’ai charmé Et qui me suit / et celui qui n’a rien oublié : Je ne revenais pas d’un aussi long voyage. Je ne m’étais même pas arrêté. Il faut dire que je possède deux chiens : Sans eux (m’a dit mon père) Je ne suis plus moi-même / Je suis né dans ce pays : L’enfer à ma porte Et l’eau des voyages Baignant ce seuil gris et dur. Ne transmettez à ceux qui vous lisent que l’expérience qui se dégage de la douleur, et qui n’est plus la douleur elle-même. Je ne sors jamais sans eux. Ma maison est leur maison. Les voici qui s’avancent vers moi, Chacun portant l’un de mes fardeaux. Je n’ai pas inventé une autre vie. Je n’ai pas eu l’alchimie. Je ne crois pas à la douleur Ni à la puissance de la parole. Je sais ce que je sais, pas plus. Et seul en ma maison j’existe À la place de ce que j’ai perdu Et de ce que je n’ai pas trouvé. Les voici qui s’avancent vers moi, Ce qui explique ma colère, ma seule Colère en ce monde que je n’ai pas Réussi à aimer. Têtes bonnes à caresser, Langues faciles. Jouets du siècle. L’un a donné son nom à une balise (à moins que je me trompe de chien) L’autre au flic qui menace la liberté. Je n’use plus de déguisements. Je n’enduis plus mon corps nu De graisse de lion comme le voleur Qui visite mes nuits. Nos balades N’évoquent plus l’amour ni le voyage. Voici un homme et ses deux chiens. Il est né ainsi (m’a dit mon père) À tel point qu’on dirait que ces chiens Attendent qu’il meure pour disparaître À leur tour dans les conclusions d’un poème : Lequel n’est pas encore écrit. Quelle ode ! J’en susurre les pieds du matin au soir, Ce qui me rend improbable question travail. Mon père me l’a dit (plus d’une fois) : « Tu sais ce que tu sais. Tu n’iras pas plus loin. » Et en effet le seuil gris et dur de ma maison Se laisse caresser par les vagues mourantes. Le coquillage s’y usure, patient comme la vie. J’ai charmé mes chiens à deux époques différentes : Mon père me l’a dit : « Il ne peut en être autrement. » Et je l’ai cru. L’expérience qui se dégage de la douleur n’est plus la douleur elle-même. Toison d’or ou père : tu ne partiras pas. La cuisine sent le poisson Mais aussi le citron. Père ou fils : tu partiras longtemps Après la fin du voyage. Et le repas Ne fut pas partagé. Les chiens lèchent La gamelle grasse aux gouttes d’or. L’expérience qui se dégage de la douleur… Aucune alchimie n’est à la hauteur de l’enjeu. Autant se mettre à croire en Dieu Et porter le vin à la messe. Ou ne rien croire du tout Et caresser les chiens (deux dans mon cas mais c’est peut-être aussi le vôtre) / les caresser et attendre le soir : Comme si le matin Voulait cette seule vocation. Chiens joyeux à cette heure. Dans quel état d’esprit se trouve mon voisin ? Suis-je encore capable d’amour ? Moi qui ai tant aimé ! Cette mer qui prend naissance à l’horizon ! Ces montagnes qui descendent sur la plage ! Ces corps nus qui jouent avec le soleil ! Je ne me mets jamais à la fenêtre. J’ouvre ma porte et sur le seuil gris et dur Mes deux chiens attendent Que la vague efface mes traces de la veille. Ensuite ils s’avancent vers moi : Celui que j’ai charmé de ma seule voix Et celui qui ne m’a pas oublié. C’est tout ce que je possède parmi vous : La maison de mon père ; Les deux chiens dont il parlait si souvent ; Et ces recommencements dans l’attente. Si vous voulez appeler ça richesse… Ça se termine par un poème Et tout le monde disparaît.
« Vous zavez pas d’chien, vous ? » / non : j’en avais un mais papa l’a tué d’un coup : De fusil / comme j’étais un enfant témoin De ce qui se fait dans un lit à deux ou trois / l’alcool faisant foi comme les timbres De ma langue / non j’ai pas d’chien mais J’en connais : des chiens et des ceux qui En ont : au moins un / et pas de géniteur Pour les tuer / au fusil avec amour / la bite En feu mais pas dressée comme il faut Quand il s’agit de se montrer à la hauteur / Ne lui serrez jamais la main, me dit-il : Je ne le connaissais pas non plus : ni chien Ni enclin à le devenir : avec des obscurités De poète en mal de fable définitive / aussi Définitive que le Procès ou les 50.000 $ Promis à la littérature / le genre de type Qu’on claque sur un coup de tête, dit-elle Alors que je n’étais pas venu pour ça : ces Êtres qui se vendent sans rien rater du plaisir / Je leur parlais de mon chien et ils en savaient Plus que moi sur leur géniteur : sans honte D’être nés d’un rapport (voir personne) / une Bouteille à la main et le reste dans l’autre : Poche percée qui ressemble déjà à une tombe / Je n’irai jamais de ce côté-là de l’existence Sauf si je ne trouve pas autre chose à faire Pour en vivre : « non sans blague zavez pas d’chien… ? » J’en avais l’allure comme papa.
« Et un chat… ? Ça vous dirait D’en avoir Un… ?
Vous tombez Bien : J’en ai un À votre service.
J’l’ai trouvé Dans un port De pêche En Espagne…
Il est À vous Si vous oubliez La carte postale. »
Les kilomètres qui séparent L’homme en rut De son mariage Avec la fille De son village / Celle qui Lui était Promise. Le doigt Sur la carte Avec d’autres doigts. On finit Par oublier tout ça… Des personnages Plus que des histoires… Or le personnage Ne se vend plus S’il n’a pas atteint Une certaine Notoriété. Des personnages Plein les poches. Et pas une bonne Histoire À raconter À cette descendance Qui se profile Comme la perspective D’une autre mort. Plus radicale Celle-là… Je peux Même pas Lui en parler… Je ne baise plus : Je joue. Tout le monde Sait jouer. Et je ne sais plus Écrire.
C’était l’Ode élémentaire du bloggeur. Le type qui sent que son journal De bord n’ira pas aussi loin que Ses rêves /
Que cherches-tu Toi Qui ne trouves rien ? Semble répéter Le vieux Pablo Devant sa toile.
Des tas d’Odes élémentaires sur seuil de sa maison. Mais il ne pense pas au pain, ni à la terre, ni aux Femmes qui la font tourner / à ces sortes de choses Que l’ouvrier connaît mieux que quiconque a encore De quoi vivre / Je hais ce type que je ne suis pas devenu.
Heureusement qu’aucun enfant de ma chair Ne me posera la question de savoir en quoi Consiste ma contribution à l’effort social /
Comment lui expliquer que j’ai plutôt œuvré Dans le sens de la mort ?
Pourquoi lui demander de me lire D’un bout à l’autre ?
Heureusement qu’il n’existe pas ! Qu’est-ce que j’en ferais maintenant ? Un poète suivi par sa chienne de mélancolie Ou un ouvrier qui sait où il va avec les siens ?
Ah ! Je hais ce type que je ne suis pas devenu.
Et ne me demandez pas de lire à sa place !
« On ne retiendra que le savoir-faire Pour le spectacle / donné sur la place Du Marché aux Idées et aux Émotions / Manuels revisités par le marketing Universitaire sous la houlette des Corps constitués / Chacun ira de son Ode : suivant les chemins de ses désirs De démocratie : ô question trop souvent Posée par le Poète lui-même : Personne Sait de quoi il parle / Mais en attendant Il faut aller au bout de cette sacrée idée ! Sinon on se reprochera toujours de faire Des enfants pour que ça ne s’arrête jamais ! »
Le soir / les bars sont fermés / l’église est fermée / les portes sont closes / la solitude doit avoir un sens…
L’hiver ou l’été ou / les pluies de printemps / les tramontanes de l’automne / personne d’autre que soi…
Pourvu qu’elle ait un sens ! / Ça se saura tôt ou tard : pense le type ou c’est elle Qui pense comme un homme.
L’Homme avec ses deux sexes Et la Femme en question / Il faut que tout ceci ait un sens ! Comme dans le dictionnaire.
Mais ils finissent par en avoir marre De la modernité et de tout ce qu’elle inspire À ceux qui ne peuvent pas suivre parce que C’est compliqué et pas du tout absurde Comme le prétendait papa !
Ils deviennent les classiques de notre temps Du moins le temps que ça dure Dans les vitrines des librairies Et sur les comptoirs de la solitude.
Ça rime à quelque chose et si ça Ne veut rien dire : on est là pour le prouver Que Dieu existe même s’il n’existe pas !
Ça ne suivra jamais derrière peut-être À cause de cette idée que Dieu est Dieu Et pas autre chose de plus ou de moins…
Et ils se voient en martyrs de la cause littéraire. Sans toutefois faire le voyage d’Abyssinie Ni se jeter dans la baie du Mexique sans bouée Ni autre chose que son propre cul.
Ça devient de plus en plus un rêve de consommateur. Gare à celui ou à celle qui finit par y croire. Je viens d’en ramasser un en rentrant du boulot : Et il a profité de mon sommeil pour me piquer Mes économies de bouts de chandelle : la vache !
et… « cette bande de minables ramollos pépères mornes consommateurs de spectacle » tu en fais quoi. L’élu… ?
Fin |
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