Au café de la Poste sous la tonnelle et ses piafs :
La tôle cabossée d’un guéridon avec sa carafe de traviole :
Deux radeuses qui ont perdu leur « emploi précédent » :
Le type qui a tout raté même le dernier train pour Paris :
Un gosse jouait avec son reflet dans la vitre d’une affiche :
« Qu’est-ce que vous faites là de si bonne heure ? » :
Il revenait des champs aux sillons gelés, avec son chien :
Mais les alouettes n’étaient pas venues au rendez-vous :
Il siffla la substance de famille et salua la statue de Johnny :
« Le bus n’est pas encore arrivé
— Il viendra peut-être pas » :
Main sur le verre en cas de fiente tombée à l’oblique :
Le vent traversait la terrasse mais pas seulement à l’oblique :
« Tu mettras ça sur mon compte » / un vent incertain :
Il avait oublié la mer et ses escales :
perdait la mémoire :
Bras piquouillé à mort :
même le chien en redemandait :
Personne pour l’en empêcher :
arrive le jour où personne :
Pas même un frère :
empêche que ça arrive :
de plus en plus :
Souvent :
mais la chasse était ouverte et le gibier attendait :
Sauf les alouettes :
« ils savent qu’ils vont crever » :
mort :
Il n’aimait pas la viande et ne raffolait pas du sang :
Sally et Axis le reluquaient :
jambes agitées sous la table :
Bas aux fleurs noires des soirées d’été :
or, c’était l’hiver :
Lui aussi savait qu’il allait mourir :
et il m’en parla :
En termes clairs :
il avait pratiqué la boucherie :
mort :
Étalage des pendus :
« je ne sais pas comment mourir : »
Est-ce qu’on se comporte comme un assassin si on :
Ne fait rien :
pour empêcher ?
/ « tout le monde le sait » :
Il n’y a que l’ivresse pour s’illusionner :
ou la psychopathie :
Celle des femmes qui font des enfants à l’homme :
morue
À toute heure :
vendre du vent :
ne pas se montrer tel :
Qu’on se connaît :
nu mais pas vrai :
noyer le poisson :
Presque facile en ces temps de mise en vitrine :
de tout :
Ce qui peut se vendre au meilleur prix :
« j’ai des mains :
D’ouvrier : »
/ Saint Hubert en pompier sortant de :
l’église :
« Si j’avais su… » / il lui annonça la mauvaise nouvelle :
Son chien avait chopé un virus chinois :
maintenant :
Il s’exprimait en mandarin d’usine :
avec l’accent texan :
Beau poil cependant :
une boîte de sardines à l’huile :
Par semaine :
deux en période de fêtes :
« tu veux :
Toujours tout expliquer » / « c’est qui ? » :
désignant :
Le raté assis à l’autre bout de la terrasse :
sous un orme :
« travaillait pour l’État :
mais sans orgueil : »
/ pas connu :
Cette histoire :
« j’ai la mienne »
/ et l’autre répondit :
« tout le monde en a une :
t’imagines pas le nombre :
De justiciers qu’on enferme. »
/ tout le monde a travaillé :
Un jour ou l’autre :
on vous le demande d’abord :
ensuite :
On vous paye :
papa et sa piécette d’or :
en l’absence :
De mots :
pas un pour rencontrer l’autre :
et créer un effet :
Le journalisme frissonnant des derniers chrétiens en usage :
« j’ai jamais rien demandé et j’ai beaucoup reçu : »
/ mort
En plein milieu de l’intrigue :
plus personne pour penser :
À la place de l’auteur :
« c’est tout l’effet que ça me fait :
Ces choses qu’on achète :
le bagout des vendeurs :
écran
À palper comme s’il s’agissait d’un corps :
tous les coups :
Sont permis :
Lili / Marleen :
wie einst :
mon chien va crever :
De quoi ? » / « sans projet tu n’existes plus :
pas besoin de :
Liberté :
c’est la faim qui te fait sortir :
ou le désir :
pas mort :
Moi :
» / et pas un mot pour rencontrer l’autre :
faire joli :
Ou intelligent :
poète ou homme d’esprit :
poète sans prosodie :
Ou homme d’esprit en chanson :
« pourquoi reviens-tu :
De la chasse ? » :
alors que je reviens de mon lit / après :
Trois heures de patiente écriture :
te voyant monnayer :
Ton apparence :
et celles de tes pensées :
par-dessus :
La tringle crasseuse :
la transparence raturée d’inscriptions :
publicitaires :
« qu’est-ce qui n’imite pas l’écran :
de nos jours :
Dis-moi Hélène si nous sommes faits pour mourir : »
mais mots :
Seuls :
pas loin :
l’un de l’autre :
mais seuls :
chiens de faïence :
Sur le bahut sans dentelle :
ni débris de tabac :
poussière :
gouttes :
pas un pétale :
ni semence d’iris :
je quitte mon lit :
tous les matins :
et le retrouve le soir :
mots sans rêve :
morts :
de désir :
appartiennent à la nation :
pas à la poésie :
il faut :
Faire avec :
mais on n’en peut plus :
pire :
on en a marre :
« J’y retourne demain :
et tous les jours que Dieu fait :
En période cynégétique :
un art après l’autre :
toujours :
Le sang :
à la clé :
viens avec moi » / je ne sais pas si je suis :
Toi :
tu ne sais pas si je t’aime :
le voisin considère sa maison :
Et son jardin :
en expert de l’attente autorisée par le Travail :
Et la Famille qui va avec :
sur l’étagère les fleurs avec et sans :
Titres :
selon la chance :
ces grattouillages de bistrot :
récits :
Du mot qui manque à l’appel :
« oui demain dans les bois et :
par les champs :
le Beretta sur l’épaule :
pas d’idée de sang :
Cible mobile de préférence : »
/ nous avons tous un chien :
Il meurt un jour ou l’autre :
mais la question est de savoir :
Si c’est avant ou après :
j’aime le fouet de l’air matinal :
Il ne me réveille de rien :
mais il ne me change pas en momie :
j’écoutais
Qu’est-ce que le rythme sans conversation ?
Sans le roulement du dé sur la tôle verte /
Cabossée par maintes danseuses nues /
Les soirs de fêtes :
Brise des verres
Dans la cheminée /
« le bien commun / comprends-tu ?
Sans ce Bien
(j’y mets une Majuscule
pour que tu comprennes
bien)
plus rien n’existe
que ta propre mort /
Je ne veux pas
mourir comme ça ! »
D’autres avaient plus de chance /
Avec des lièvres ou des mésanges :
Selon l’ambition : de chacun :
Plus de chance ça ne compte pas :
Dis-tu :
Au miroir de l’enfant :
Qui joue avec :
Son reflet /
« Dieu n’est pas partout comme la poésie
ou la merde /
Dieu est ici : ne me dis pas que :
Tu ne vois : n’entends : rien ! »
Ce « rien » entre les mots : empêcheur /
Rien pour faire joli :
Rien pour que ce soit :
Intelligent /
C’est d’en haut
Que tombent les sentences /
D’en bas :
Rien ne remonte :
Que ton style /
Chante ! chante le chanteur /
Écris ! écrit l’écrivain /
Wie einst /
Aus dem stillen Raume
Aus der Erde Grund
« je te paye un verre
Ou tu me le payes ? »
Ce matin je me penche
Sur ces brisures d’encre
/ j’ai l’esprit ailleurs
Qu’à la chasse
Aux alouettes /
Ô enfant des miroirs
/ anus magnum /
Nous avons en commun
Le reflet et l’envie /
Jours d’attente pourtant
Et terre en mottes dures /
Tire sur la ficelle /
Le ciel n’en demeure pas moins ciel
/ fleurs des étagères en fleur
: grimaces des miroirs /
« Qui sont ces gens ? »
Mais chez moi, doux enfant,
Il n’y a pas de mots pour le dire
/ autant enterrer le passé
Dans ses alluvions : mort
Qui passe ne se voit pas /
Qui sont ces putes, ces ouvriers ?
Qui sont-ils ces propriétaires ?
Qui chasse sur leurs terres ?
« des fois j’y pense et d’autres fois :
Non : je reviens sans mon chien : »