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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Entre les gosses de riches et la racaille ouvrière (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 12 juillet 2020. oOo « Entre les gosses de riches et la racaille ouvrière /mais elle est où ta place ? » dit papa qui a l’œil Sur le bouchon : la surface de l’eau à l’image De mon existence : verte et tranquille puis la yole Descend : à bord la fille qui fera mon malheur / Dit papa / il disait un tas de choses tirées du « roman De sa vie » / comme si d’épisode en épisode Il avait gagné du terrain et construit dessus Sa maison et le foyer de sa maison et la vue Imprenable / « qu’est-ce qu’un homme qui Ne gagne pas sa vie / honnêtement ou autrement ? / faut être père pour s’en convaincre » / rivière Peuplée d’attentes et d’excitations aussi soudaines Que la mort accidentelle / « un peu de lyrisme Entre deux verres : et le sommeil réparateur »
(je ne comprends pas…) « je vais vous raconter mon histoire » / verre bleu / d’un bleu profond comme on imagine l’espace Infini plutôt que dans l’absence de toute couleur / un arc-en-ciel d’hypothèses aux interstices Jaloux / « mon histoire n’a rien de lyrique mais Elle me fait chanter chaque fois que j’oublie Qu’elle est la mienne ou si je prétends La posséder comme celle qui vous détruit À petit feu » / des garces aux cuisses nues Comme témoins / « qui n’a pas de père ? Tout le monde en a un ! Même le Nazaréen ! Le Prophète n’a-t-il pas hérité du sien ? » (je ne comprends pas…) « nous sortons seulement si quelque chose Nous invite dehors : par curiosité ou combat » (je ne comprends toujours pas…) « ya rien d’autre (là-dedans) pour nous sortir De force / la soif et la lutte avec l’ange / Sinon on se garde bien de s’éloigner du feu Qui a toujours flambé dans le foyer familial »
À moins que vous ne sachiez s’il existe autre chose Que l’intérieur et l’extérieur… / pas moyen d’y foutre Autre chose que la queue dans cet interstice ! (je ne comprends pas…) « c’est dedans ou dehors que ça se passe, merde ! » Comme si le Paradis n’existait pas / et son Enfer Qui n’atteint pas le niveau de la tragédie allez Savoir pour quelle raison / mort de la métaphore Genre tombeau, vitre ou athlète nu dans le stade Ou pendant la bataille : s’imagine qu’il a combattu Avec une femme / contre elle giclant le sang Et les nerfs à bout : questionne la chambrée ou La brigade / le visage éclairé par son écran : Refuge des écrasés / à la place du livre et même Du spectacle où le personnage s’est enfin soumis Aux exigences de la scène / « si je gagne ce voyage : je ne reviens pas » / comme à la guerre avec sa fleur / et des milliers de cadavres pour donner raison À la politique / le poète ne tue que par amour / Voici le verre bleu de la discorde : au pays des sorcières Je crois gravissant les rues puis redescendant un verre À la main : touriste qui ne comprendra jamais pourquoi Nous avons été si pauvres / c’est que papa travaillait Dur / gagne du terrain devant le portail et la rue (la tienne) s’anime / « sais-tu de quoi je parle ? » Que veux-tu imager ainsi ? Ta pensée ? Ton désir ? Ce que tu as déjà consommé ? Ta momie ou ta cendre ? Le cuir possible du cadavre ou ce qui reste du feu Une fois qu’on n’en parle plus ? « quelle épopée on a Dans ce cœur endurci ! » / il te reste du temps et De quoi le dépenser sans compter / quelle poésie Au cœur de l’action ? / animaux plus qu’imaginaires Malgré le prix à payer / dans son petit carnet rouge / la moindre sollicitation / trace appartenant à l’autre Qui était venu pour s’entretenir du passé et des Meilleures choses « qui nous soient arrivées » / Note le grain de la parole en marge : signe des temps / le cri vaut plus cher que le silence têtu des morts / ne lit pas trop vite, bougnat, le contenu à la craie De mon ardoise / « qui est le père de cet enfant ? » Question posée au Journaliste : « j’aime l’argent De l’or » / qui sait de quoi l’Humanité mourra ? / débauche dans le texte : comme si ses érections Duraient plus longtemps que sa passion pour Le théâtre / « une chose après l’autre, mon vieux ! Un truc à lui : pas plus. J’y réfléchis et je te dis… » Hortense de Word au pilori / sans ponctuation Ni suspension / Rimbaud à l’affût mais ses fusils Ne valaient rien : pas un pet ! / Monfreid vole Son or et le noie / « ça ressemble à quoi un poil ? » Glabres saisons en quatre comme cheveu sartrien / rare mais courtois : ne sait pas ce que c’est Un ami : empathie mise à mal par le peu de choses / « qui saura mieux le faire que toi ? » / si je chante C’est pour te vaincre / j’ai le bison séminole / matins Des sources retrouvées : ni magma ni tissu / des rôles À jouer pour avoir l’air mais pas les paroles / soirs Après des journées biologiquement reconnaissables / « cascade la vertu » / miroirs des sommets atteints Malgré l’idée de canard / « dans le mile que je l’ai eu Ce voyage ! » / toute l’industrie au service de la recherche Du plaisir et de ses petites mains / la queue dans le cul D’une gamine « qui n’a pas l’âge mais la chanson » / Qui reviendra pour revoir ? / « papa dit que jamais » L’entonnoir des perspectives : on finit ensemble / Coude à coude des agonisants / sans arène ni dieu / « alors, tu l’as trouvée ta place dans les limites Que je t’ai indiquées ? Non, n’est-ce pas ? On demeure Un point c’est tout / pas autre chose à espérer de lala De la vie » / bouchon tricolore avec le blanc au ras De la surface / les truites dans les trous noirs des berges / relevant la manche / connaît depuis longtemps ô Depuis l’enfance : l’indice de réfraction / ne la rate Jamais / se tortille avec elle dans les herbes folles / La garde en vie dans son eau / perspective d’un repas Du dimanche / à la pêche va au lieu de se donner À Dieu / trousse la vierge sous son porche / ne déflore Jamais / laisse ça aux autres / il pêche pour pécher / « mais je suis bien revenu de ces pays de merde ! » On n’est bien que chez soi : avec les siens et les autres / et les objets du voyage : au mur et dans les tiroirs / « on s’est battu pour que ça dure : la civilisation on s’en fout » / « ne mélange pas tout, pépé » / Note aussi cela dans son carnet à couverture de cuir / chacun sa part de momie : pour la cendre, vous attendrez Encore un peu : temps de réflexion : des jours d’angoisse / des nuits au sommeil doublé d’urnes / « vas-y pépé ! » — C’est toujours dans la poche… — Tais-toi, curé ! / (tu comprends pas) / des lunes Et pas de soleil pour éclairer ma lanterne / jouissons De l’enfance si c’est elle qui tient le monde Dans sa main / au gué / « pas plus loin qu’ici » / Trace dans la terre avec son talon comme au stade / face à l’immensité qui s’annonce / voulant simplifier Selon les directives nationales les mieux partagées / « tu parleras de poésie quand ce sera le moment / attends mon signal » / bouchon de polystyrène Dans la masse des eaux / habitat aussi / chemise Arrachée sous les arbres / « tu n’as jamais fait ça ? » Devant l’hésitation de la fille il hésite lui aussi / « jamais fait ça moi non plus » / ainsi naissent Les bâtards : de l’hésitation / à la campagne Comme à la ville / « ainsi tu es né de la femme » Trace le projet sur une page : il est jeune encore /sans lyrisme ni idée de ce que c’est l’épopée / « la mouche c’est le grand art » / à la bulle Et au plomb / familier des rochers et de leurs Incrustations têtues / « tu ne liras jamais assez » Tous les sens à l’affût / retient ce qui se dit / Le reste sera oublié : ou enfoui : par quelle méthode Ou quelle intrusion s’en nourrir avant d’en finir
(je ne comprends toujours pas…)
« je savais que je pouvais gagner moi aussi » Voici les instruments de l’alchimie moderne : S’en empare sans demander le prix mais connaît Les conditions du crédit / voilà le personnage En scène / personne ne sait comment commencer / « il vient toujours du monde » / dimanche À l’eau / des dragées dans leurs cornets / messe Des tapis / l’esprit oublie qu’il existe / « quelque chose me dit que c’est le jour » / « moi j’ai déjà gagné mais j’en suis revenu » / « ferme-la, curé ! » / « avant j’étais seul » / « c’est qu’une gamine » / « c’est quand même pas la même odeur… » La mer et la rivière / l’estuaire des allers-retours / « j’en sais rien s’il reviendra » / de la guerre Ou d’ailleurs / « papa dit que c’est pour toujours » Il faut savoir où on habite / sinon on ne revient pas / (dit papa) / quel était cet ailleurs ? / l’enfance A perdu le sens de la mesure ce jour-là / ne riez Pas si je vous mens / une chose après l’autre / « tu enseignes quoi ? » / mais rien, mes petits… Quelque chose s’est perdu… ? / possiblement Mais après ? / « tout ça pour rien ou pour toi » / « ne meurs pas avant les papiers, je t’en prie » Qui ne traîne pas la savate les jours de deuil ? « quel est le but de votre voyage ? — vous voulez dire : la destination… ? » / qui n’a pas le prix A perdu son temps / je veux dire : il n’a rien Gagné / expert en cornets il les collectionne Et ô mon Dieu il les montre : vitrine possible De son bonheur : qui veut essayer ? Je vous Montre, gamine ? / la tentation de l’Occident / répartition équitable des contagions possibles / « on en reviendra à cette foutue idée d’exter d’extermination » / vous verrez : moi je rentre Avec cette autre idée déjà usée que je n’en sortirai Plus : j’ai trouvé de la beauté dans ces murs / pas Vous ? / que vos problèmes soient la source vive De vos solutions / nous n’aimerons jamais l’autre Plus que nous-mêmes : erreur d’appréciation À l’origine de l’école des massacres / ramenez Toujours de quoi nourrir votre famille / le pissenlit Vous en sera gré / tôt ou tard / Dent de Lion salue Hortense de Word avant même de se pencher Face au public / Dent de Lion connaît la danse / À deux peuplent le théâtre de toutes les histoires Dont on peut tirer morale et connaissance / En attendant Histoire de Recommencer, qu’on Ne voit pas entrer mais qui sort / avant les autres Et tout le monde / comme si la rivière de papa Sortait de son lit pour ne plus revenir / rivière Voyageuse sans lit / sans estuaire / sans fleuve Pour la renommer / comme les matins sonta Sont agréables depuis que je ne vais pluzo Plus au théâtre ! / Hortense, Dent et Histoire Sifflent le public qui rougit / par ici la sortie ! Et dans la rue papa veut que je comprenne Que je ne suis pas ici par hasard : j’ai mon rôle À jouer : avec la nette impression de ne pas Servir à grand-chose mais ça n’est qu’une Impression : je ne saurais jamais à quoi je sers : « p’t-être qu’y vaut mieux qu’on le sache pas » Voilà donc d’où elle naît cette peur d’allétro D’aller trop loin : plus loin que l’arbre de papa / « comment que tu l’appelleras ton œuvre ? » Je l’appelle « De tous mes vœux » : votum des Dieux / mais du Désir un peu aussi / on n’en Demeure pas moins homme / « ya de la place pour tout le monde : surtout à celle du mort » C’est comme ça qu’on est revenu papa et moi : De la pêche et d’un tas d’autres choses que si Je ne les cachais pas dessous vous seriez perdus Pour le chemin / le chemin n’aime pas perdre Ses caminantes / avec ou sans croisées il aime Les pas et ce qu’il y a dedans : pieds des vers Comme des hommes / ça gazouille dans les arbres / ya des fontaines et des jardins / des roses et des Bleus / des pontons imputrescibles / de quoi manger Et arroser / des shoots en veux-tu en voilà / la mort À tous les étages / des canards, des biches, des yeux Plus grands que la bouche / pour tous les goûts Au catalogue : si tu trouves pas ton bonheur, c’est Que t’es malheureux / au diable le Malheur et ses Ouailles ! Faut s’appeler un chat si on est un chat Et un homme si c’est à la femme qu’on pense
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