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 Article publié le 15 mars 2020.

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Une fois de plus, une fois encore, la circularité du disque annonce son irruption dans l’espace, dans le ciel dont l’obscurité se dissipe progressivement, peu à peu, lentement, donnant toute latitude, maintenant, à une clarté dont l’épaisseur, ductile, devient visible à l’oeil nu, à travers l’oeil fixe ou soutenu.
La valeur primaire cède la place aux couleurs primaires dont la plus incandescente s’adoucit déjà, pour étendre un spectre sans cesse changeant, un spectre qui alterne entre ton chauds et tons froids, jusqu’à l’avènement de l’azur qui envahit tout l’espace, consacrant aussi la forme définitive du disque, pâle et complète circularité qui s’achève maintenant, une ascension toujours en cours au cours de laquelle sa puissance calorifique commence à se déployer, une puissance loin, très loin, encore, de son zénith.
Les cieux sont maintenant dégagés, offrant une vision binaire de la couleur.
La narration vient ainsi de commencer. Ou de recommencer.
Elle s’apprête à partir à la conquête de. A repartir.
Une fois de plus. Une fois encore ...
L’autre face de l’aube se détache, maintenant, dans le plan de la narration. Elle est organique, oui, tout organique, même. Elle est sans doute la substance première de l’aube. Tandis que je poursuis la narration, elle continue d’ôter ses plus simples effets, demeurant désormais dans sa plus simple apparence, sinon son aspect le plus primitif. Autour d’elle, les formes géométriques sont strictes, ainsi que la clarté de la lumière, des formes dont la statique entre en dialectique avec celle, recherchée, de la jolie créature, de la jolie demoiselle. Loin de la majorité, déjà aboutie. Oui, cette créature dont les bras et les mains se sont instinctivement posés sur la taille et l’un des genoux à peine fléchi - sa gorge, elle, dardant sa proéminence - , cette prémice de femme me regarde fixement cependant que ma plume entre en elle, la pénètre en profondeur, empruntant une direction partiellement suggérée ou suscitée, à la recherche, maintenant, de la forme narrative la plus juste, la plus exacte.
La plus stimulante.
Je vais plus avant, maintenant, lui enjoignant de changer de posture afin de me proposer son profil, par exemple, sans lever la plume, sur un ton précis et hybride, mélange de courtoisie et d’autorité, une nouvelle position qui me permet d’apprécier d’autres spécificités ou traits de son squelette, une plume pénétrant beaucoup plus avant, maintenant, sa surface et ses arcanes. Une plume qui court, toujours, les souvenirs de ses apprêts - la pression du textile inférieur sur ses jambes et sa toison notamment - accentuant la dynamique de la narration, un flux augmenté peut-être, de surcroît, par ses pensées actuelles, traversées par de vagues spéculations dont la texture s’interdit la moindre incursion dans une quelconque strate érotique ...
Sa toison brune me regarde intensément, tandis que ses tétons m’abreuvent de leur perfection circulaire et de leur absolue jeunesse.
Ses lèvres charnues, ouvertes malgré elles, délivrent de l’abandon et probablement plus encore, c’est ce que je m’empresse d’écrire, là, maintenant.
La saison ou l’intervalle de temps impose l’achèvement de la croissance, la croissance de fibres naturellement dilatées par le disque, des fibres de forme pleine et circulaire dont le déplacement peut commencer, maintenant. Dans le délicat maniement auquel succède un certain nombre de transports, l’agrume conserve son aspect initial, ainsi que sa texture. Soumise, là, depuis quelques jours, à la fraîcheur d’une température basse, d’une température constante. Maintes fois évoquée ou narrée - par dizaines ? par centaines ? par multitude ? - l’expérience se renouvelle pleinement, là, au centre de la narration. La préhension de l’agrume, la sensation du froid, la découpe et son bruit caractéristique - un déchirement juste au-delà du silence - les tons chauds et juteux de chaque demi-cercle, la brillance du suc, l’instantanéité de sa fragrance, puis son insertion parcellaire ou fragmentaire dans le palais qui produit conjointement un contraste calorifique et un accaparement gustatif, un effet global, total, qui se prolonge longtemps, oui, longtemps après le cours de la narration …
La puissance primitive de cette dernière semble intacte, oui, elle est toujours prête à relever le défi de l’aventure du récit, de la restitution dans sa plus grande et éclatante exactitude. Plus en amont, de la recherche formelle qui repose sur l’essentiel, soit le mouvement initial ou l’envie. L’aube de la civilisation se répète ou se duplique, oui, la duplication de la narration projette la matérialité de l’éternel recommencement, une reprise toujours neuve. La naissance du verbe et son organisation se déroulent avec la même intensité, avec la même puissance, dès lors que l’élément déclencheur s’est manifesté, aussi discrète ou indicible, sa manifestation soit-elle. L’incipit, ainsi, peut à nouveau surgir et prendre une forme précise …
Dénomination d’une partie pour le tout, oui, sans doute …
La toison et son isocélisme s’élèvent, le disque rejoint l’élément liquide, l’agrume se déchire dans l’espace entier de la narration, les couloirs métonymiques se succèdent avec rapidité … l’incipit semble déjà vouloir se répéter ou se régénérer … la jeune et jolie créature s’arroger le titre en guise de patronyme … les étendards et leur blancheur immaculée, quant à eux, surgissent désormais, dans une réminiscence qui s’efface, déjà, au profit d’une première et unique apparition qui s’attribue d’office les prémices d’une narration sans cesse à faire, sans cesse en cours …

 

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