Longtemps j’ai rêvé de voyage mais ils attendaient les premières mouettes...
Longtemps j’ai rêvé de voyage
Mais ils attendaient les premières
Mouettes, celles qui reviennent
Avec leur prise, sans vent ni cri,
Les mouettes de l’avant-garde.
L’horizon à cette heure bouclé
Par la nuée, les sillages bleus
Dans le vert de la houle, à toi
Comme à ces chats qui attendent,
Posés comme en peinture dans
Le contraste et les effets de trou.
Crasse du sel et des écailles sur
La toile de tes genoux, plié tu vis
Pour vivre et non pas pour écrire
Ce que personne n’a écrit avant
Toi, des jours et des nuits pour
Seule mesure, maintenant que
Tu pars, sans étoiles ni bon sens.
Qu’est-ce qui te manqueras, à part
Ce que tu aimes ? Ces bras de bronze
Au travail de l’homme, ces cris d’enfants
Au carreau brisé, la chair adolescente
Et les bamboulas au tison, le combat
Et l’attente, peut-être un chat ou deux,
Apprivoisés sur le seuil, dans le rideau
Cachant des désirs de l’autre, celles
Qui ne t’appartiennent pas de droit
Ni de force. Raison de partir enfin seul.
Ainsi les ports et les clubs, leurs houses
Et le tintamarre des goélettes amarrées,
Au sec ou proposant le quai au tartan vert
Et noir, sonnaillantes cloisons des soirs
D’été, comme si le mot n’existait pas,
Comme si ces oiseaux et ses chats errants
N’entretenaient pas des rapports avec elle.