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Article publié le 10 mai 2020. oOo La falaise cogne dans ma tête Pulse le long de mes tempes J’y dors souvent maintenant Ni allongé ni debout ni rien du tout Prêt à bondir sur le premier rêve Qui approcherait d’un peu trop près Ma cervelle en bouillie Dans mon état, il ne fait pas bon rêver
Depuis la chute Je n’ai plus le vertige Je m’accroche comme je peux Aux éboulis rocheux Je me répands, je m’étale, c’est quelque peu lassant à la longue Ces lambeaux de chair Tout est devenu plat comme la limande de l’horizon Les vaguelettes n’y font rien Elles moutonnent puis retombent Salure dépose sa mousse jaunâtre sur la grève
J’ai vu un de mes pieds rouler sur le sable gris là-bas, tout là-bas Et puis, j’ai bien vu, la marée l’a avalé sans se presser J’ai vu mon pied rouler et rouler dans les rouleaux Fichue marée Mon oreille gauche s’est envolée dans le bec d’une mouette C’est vorace, ces bêtes-là
Des iris jaunes peuplent les rives Je n’y comprends rien Ça fleurit sans cesse alentour On dirait que la mer se retire à vue d’œil Falaise s’effrite à grande vitesse Se délite par plaques entières Qui s’effondrent sur la vitre de l’aube Le fracas est immense mais tellement constant Que personne n’y prête attention Sauf moi
La mer recule, ne cesse de reculer, Effrayée par l’avancée des terres Terre mange les eaux
Failles de faïence Englobent l’engobe stannifère A la table des dieux Et cornes se brisent, bouches se tordent de douleur Festin achève sa course somnifère Mollesse des ruines hérissées d’épines blanches Festin prend ses aises dans des stances D’un autre âge
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage Roule sur le vélin des vagues
Jean-Michel Guyot 2 mai 2020 |
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