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Le récit ruisselant (Pascal Leray)
10- Des ligaments d’été
[E-mail] Article publié le 21 juin 2020. oOo Pierre qui était fleuve et le disait : A charrier son supportable flot, j’en revenais sans cesse au -------risque de tomber. Parfois, j’y parvenais. L’univers s’inclinait, pivotant agréablement sur ses arrières, afin de me donner à voir. Ces fissures sur les murs Nous étions aussi ce désert Et survivions, dans l’impassible effort de nous écarteler Nous glissions, avantageusement ou non Et surtout — incapables de le dire - (on se répète, on n’est jamais bien sûr des fissures qu’on existe) - Un chant, demain, toujours sur ses arrières Grossissant donc toujours. - -------------------------------------------------------(Une erreur vient ici d’être commise--------- Et je devrais me ------- résumer.- Peut-être ------------------------------------------------------------------------m’excuser.) - Mais non ! Pourquoi, si tout cela est vrai, il n’y a rien à dire. Laissez passer la caravane ! Un train de carnes, de visages. « --Résistance des pluies, du climat : ce sont bientôt des monstres d’eau. » Et à chacun sa mutité. On ne répondra pas, on virevolte. - - A demeurer prostré au seuil de la réalité, je glisse : c’est là tout mon destin d’ombre (si ce qui l’accable lui parlait) si tout cela me déplantait, me retenant toujours, au creux d’un fantastique devenir de moi au monde. Autour de moi, de grands oiseaux me narguent, menaçants : entament à nouveau leurs dislocations équivoques inépuisables. - (Un ciel bleu clair et des nuages pour s’y retrouver un printemps calme comme un souvenir de plaine Et des forêts ! des forêts à s’y perdre et des roseaux mauvais la nuit mauvaise. Le tremplin à cela est précisément loin On aura un regard pour l’herbe -le vent suscitera un sentiment effroyable librement. Le libre ) - ET PUIS SON CONTRAIRE :- (à son tour contrarié) ------- - - - - - Ce sentiment, j’en sculpterai l’idée. Il était encore imprécis, mais il s’affirmerait, joué des rires ridiculaires de la stupeur. - « Ce seraient des domaines, pâles et semblables. Une allée poussiéreuse, endiguée dans son age par des cailloux criants de clarté. Je serais une ville pour y voir des lampadaires qui s’éteignent, un à un. Et je grimperai sur les toits des immeubles pour les orchestrer, vacarme. Je verrai d’aussi loin les monts, droits descendus des cieux.* - Puis je retournerai à la poussière. Soumis à l’aura fade des grandes villes, c’est ma divine comédie que je retrouve. Pourquoi résister ? Un monde, un soutien passager, et puis le reste tombera aussi.- » - - Un halo grandissant dont j’ai eu tôt rencontré accompli la certitude, il me débordera. ----------- Dérivant au hasard des rues, je vaguerai, dans l’impression sculptée et oubliée et le jeu de ses remous et ils sont lents. - - - - (*)- et un bruit de mâchoire. - - - - - A main levée, je récite une prose dont je ne sais rien. Le doute est qu’elle serait, à un moment ou à un autre, écrite. Organisée. Un regard pernicieux s’y voilerait. L’autre carreau, une fenêtre au sol, déplie, avec une lenteur majestueuse, un grincement où se retrouvent une table, un bruit de verre, des clés. Gravés, sur une porte qui s’ouvre. Et toujours ces vitraux en rêve. - Je demeure prostré, c’est vrai, pour observer le mouvement de cet inceste mais je meurs avec dans le même temps. Et cependant, il faut et il faudra que je respire. Et les complications qui suivent. - Des étrangers complets. A voir dans leurs valises : revues, chaussures et vêtements. Un désordre insouciant mais aussi le rasoir. Et l’un est moins célèbre, c’est déjà, à ce seuil parvenu, voyageur : en-un-songe. - - voyageurs ou passagers dans l’écartèlement qui vous unit un temps. - - - - - - - Ce qui peut signifier. Un : le temps de la tête — et puis l’autre. Une pluie évanouie avant l’heure qui la ruinerait et dont la dissimulation à avancer le sol est un murmure.------------------- --------------------------- - -------------------------------Nouvelles demeures où nous vivons -------------------------------Nous y régissons le temps, la loi -------------------------------le nombre et l’harmonie -------------------------------Nous semblons dérisoires côte à côte -------------------------------sous-jacents à quoi avec ces pierres - Miroirs au alouettes bien vives Alors le rédacteur critique, ravi sur l’instant d’une plaie qui échappe de ses deux mains qui se crispent : ------------------------------------------------------- -------------------------------C’est sous lui que le ciel tombe -------------------------------C’est toujours sous lui, il sait -------------------------------Et il ne veut rien dire, il sait -------------------------------Que rien ne répondra, que rien ne -------------------------------répondra jamais. - Il n’y a pas à demander ailleurs ce qui ne s’offre pas ici, il n’y a pas ce dont on rêve : un espace altéré Reste dans ton vague bruissement d’époques — confondues. Nos vies surprennent sans effort, leur divagante dictature. Aimons - -------------------------------La vie qui suit son cours ne peut donc être un lieu -------------------------------J’ai beaucoup mieux : la tête vide dévastée -------------------------------Mais libre, j’avance avec soin -------------------------------Autour de moi, de grands gravats qui tendent -------------------------------leurs efforts, confus avec ce perpétuel -------------------------------tremblement, -------------------------------ténu pourtant, et libre, toujours -------------------------------libre au contrepoint des lourdes sueurs -------------------------------qu’on leur prête. - - - - - - - - J’ai dévasté un printemps rectiligne. J’ai bâti à la place un boulingrin de rêve. Avec mes arbres arrachés, j’ai fendu son milieu. J’ai aspergé de fruits cette région. Nous les avons fredonnés aigres, ils devinrent violents : du vent était à leur côté et de l’autre côté, aussi. On se souvient, ignorant, tout ce à quoi on a échappé. L’espoir, pourtant, n’est pas un mot ? [Etc]. - - - - - - ...ce sont des monts surélevés, le vertige me guette le silence aussi m’égorge, une accélération de moi-en-mouvement me rend --------- perpétuel. Et sans cadence, je me hisse, crispé d’un air crâne. - Survivre, ici, c’est avant tout se résigner. C’est tout d’abord ne plus être liquide ou, si l’on veut, se mentir à jamais. - Ce n’est pas tout à fait une bouillotte (un feu de givre ici s’entend) où l’on s’enferme. Ainsi, on ne s’enferme pas. Les portes s’ouvrent sur le vide. Un bégaiement les prend. Je me prends moi aussi à rêver autrement, mais au-dessous la terre est ivre. A tout moment, et c’est cela qui inquiète, qui est l’escalade. - - - - - - Rencontre d’un placard dans une chambre. Un écho souverain du moment de partir. « --Oui, il est l’heure de s’en aller, je prends la veste qui convient. » Et tout tarit : la lumière, soudain glaciale, de la lampe. Et les craquements du miroir : ils sont toujours tellement silencieux ! Le bruit d’un réfrigérateur, enfin, qui s’étiole à son tour. - Le vaste monde, debout sur son trône ---------------------------------------------------------------------------------------------------(On en convient, tout reste -------------------------------------------------------------------------------dans les normes.) - J’en conviens, un certain rôle me revient Il me faut vous mentir, bien mieux à propos d’esclavage. - -------------------------------Et avec perfidie, et des douleurs locales, -------------------------------tu creuses ton langage, intense par -------------------------------moments, vivants, entends le bruit, -------------------------------avéré sans mesure, conçu en vue -------------------------------d’une dégradation massive. ------------------------------------------- ----------------------------------------------- Un crime ------ - -------------------------------[sans silence.] - - - - - - La législation est cependant sereine : les ordres qu’on lui dicte ne la brusquent pas et ainsi que chacun se trompe, ainsi que tout est revenance ------malgré soi, à travers- un écho de lampadaire, splendeur, la nuit, justice si laide, invoquant mes désirs asservis et mortifiés et je reçois la gestion des pénombres marchant dans la cour aux sévères piédestals elle verse ses furies incessamment sur moi. - Difficile en ce cas de ne pas retourner cette terre ou de soumettre au jour beaucoup d’eau on y a dépéri à chercher dans des larves des proies. A y voir — - - Boulingrin de milliers de pas C’est lorsque tu t’intournes ruines, rives au rythme de leurs fouets, dans l’enclos du jardin des lois. - - - - A un enflement lent,- phosphorescent, incarné sang et veine, incendiant plaines et rivières - ----------------------------------------------------------------------- :- crie ------- - Enfin, très-chers, vous n’entendez pas ? Célèbre donc l’extinction cérébrale imbécile, et, n’hésite jamais. Aboies, et sens le sang qui vient à toi. Chaleur de vivre et de hurler au même instant. - Dans le faisceau qui in- tercepte au quotidien vicissitudes et sarcasmes, monstruosités, civiles. Des je-vous- aime / comme des crimes portés dans un sens inédit. - On ne conçoit ni la terreur qui existe et qui dit, calmement, son renouveau actif, l’extérieur. Ni le relief du monde. Et l’on s’aigrit à tort, souvent, devant de béantes limites. « --Revenez ! » En aucun cas, à voir ce floconnement d’air. - L’éclosion des vitesses - - A vivre par instants et pour jamais circule, vierge veine dans le vide un cataclysme t’accompagne mais tu y bruiras d’autant de monstruosités - Tu vois la source qui tarit et l’arbre qui gémit et plie mais tu ne sembles pas non plus inquiète de ce vent violent de ces- très hautes herbes que tu fus (et je devins, alors ignorant « -sur le tard- ») - Préserve plutôt moi de ce verger aux gardes illuminations ? Pour lesquelles chaque éclat — sans véritablement de source lumineuse — me maintient, à demi décliné, je me maintiens entre la veste et le couloir. Aux salves — - - - - Arbres. sables - - Je revins la respiration saillante et le sourcil défait, traversé par des ruines s’écroulant le chant était bizarre de la perception foudroies- --- mais le regard s’apaise l’éclair s’éteint Voici les premières pluies. - - - - QUE LE REGARD ENFIN SE CALME - J’ai parfois peine à percevoir le monde tel qu’il paraît, en vrai. J’en lisais compte-rendus sur comptes-rendus détaillés, complets, je n’y retrouve rien. - Je conçois mal ma peur : je la regarde comme si elle s’entend ; un sursaut la décrispe. Elle m’assure pourtant, comme éprise de peurs nouvelles, d’un élan stupéfié qui la ravit, et puis l’inquiète (et elle me joue pareilles comédies incessamment : j’en vois les sphères se fendre d’un inceste !), qu’il ne s’agit plus guère d’elle. Et encore, me dit-elle, il ne saurait s’agir de rien. « --Rien d’autre », me dit-elle en regardant. Et bien sûr, c’est mon propre sein qui la réclame, avec toute sa comédie incompréhensible, bien indifféremment, un fait. Il faudrait alors que je retourne, demain aux coulisses. - « --C’est surtout l’écartèlement changeant, qui me donne à humer.- » - Autrement dire : je puis écrire, aussi- longtemps que je voudrais, sans aboutir à rien. Car il est temps de regarder avec distance ce qui a été produit. Hormis cela[1], rien à faire, sinon se répéter, indéfiniment. Trouver au moins une fin provisoire à ce que j’écris, pour l’extirper un tant soit peu de sa langueur. Amorcer un virage en ligne droite, atteler les chevaux de labour, ou imiter le claquement de dix fouets longs. - - - - Le risque auquel tu te soumets c’est chaque jour et pour chaque œil, autour de chaque instant, un peu de ton exil ------------ - Exclure l’enlisement du temps et vivre en trompe-l’œil c’est le fardeau-que-tu-ne-portes-pas - Le jeu auquel tu te suspends est une grossesse du jour : sa division te règne, chaleur pitoyable, sous sa mutité - Mais calme ce cercueil, laboureur de pas un sol Ton repos est le mien ou tu me l’offres tu cries : combien encore de jeûnes, de scrupules sans effusion ? - - - - - Esquisser la cité : un mur, un autre mur saisis l’un contre l’autre à présent de la glaise : un long crachat bercé de métropoles - Superposer ce monde à son venin à ses limites pour s’y rencontrer vous me verriez, déchirant avec soin des draps de cauchemar mais si je flâne (et je n’évite aucune salve) je n’orchestre pas, je ne me soumets pas - Les danses de ces grues me perdront aussitôt que j’aurais arraché au sol sa suprême attraction et comme si je me revêtais de jets de pierre je régente un vacarme, l’extinction des cieux. - - - Fenêtre ouverte sur le deuil - - je n’ai plus rien à craindre le froid m’investit, je certifie n’être peut-être pas né --- et je voulus enfouir la tête dans un utérus de givre ---------- - alors un sacro-saint soupir me retenait de jouir aux- jouissements —- je l’affleure à mon tour, feignant d’incomparables bruits : le peu silence. Imitation ! Je brise, enclos dans un jardin d’échos ----------- - J’ai froid (dis-je), tais-toi ! Mais tu me fuis et c’est, je crains, l’interminable lendemain que tu promets à d’autres ! je me ruinerai de même. - - - - - - Si tu t’éveilles, c’est un mal de crâne ou même — un mauvais rêve qui revient à peu, ou peut-être trop doux ou loin. Respiration de cafetière - et tu deviendras autre pas à pas dans un surlendemain toujours vécu ...à peu près l’amalgame de tes chairs : (mais je voulais te connaître à l’éveil) - c’est aujourd’hui un bruit bien creux, un bruit qui crie comme s’il te ramenait à moi, car je ne parle pas, je te regarde, épris que ton sommeil crispe mon attention sur sa timide palpébrale - - - - - C’est la rumeur d’un ordre souterrain qui circule sans train, pour qui voudrait la taire Que celui-là se blesse ! On ne se tourne pas vers lui On s’attelle à l’hiver, on pressent ses rigueurs - L’hiver vient, en effet, il repart aussitôt en effet, seulement c’est dans le givre qui s’enfuit, par peur de l’ombre ce gamin criera toujours, il est vrai en grelottant couvert de plaines entières de fruits murs, beaucoup trop ------------- - - - - - - - - Être de chair, ne vieillis point Ce jardin liminaire est tout d’abord ton propre enclos Tu parcours ses allées, tu y répands tes flâneries - Sur le marbre du sol, danseur chaste Un lézard t’apprivoise : l’escrime - Tu fais un pas - non - tu bâtis ta demeure Il te faut de la pierre - tu aimeras la pierre C’est - lorsque tu ne la regardes pas Les fondations - sembleront un abîme - Et tu croiras avoir le choix, pauvre roi, grand ouvert par les vents. - - - Ce jardin liminaire est tout d’abord ton propre enclos c’est son crime, qui est le tien tu parcours ses allées, tu y répands tes flâneries. Sur le marbre, aux fissures mouvantes du sol dont le lézard t’incrimine----- danseurs chastes tu apprivoises ton escrime - Tu ne fuis pas ---------------------- non, tu bâtis ta demeure : il te faut de la pierre (tu aimeras la pierre) « -Ne la regarde pas- » ses fondations te sembleront l’abîme le toit plus bas, percé, opérera - Et tu croiras encore avoir le choix, pauvre roi tu croiras avoir le choix : il n’en sera rien, pauvre roi, ouvert par les vents... - -------------------------------------------------------------- - - - - - Jouant aux feux des vêtements du monde avec mes pores, d’abord, les déchirant puis les spoliant de rêves, l’air et l’eau leurs deux étaux, les vêtements du monde : - il me souvient d’un dé à coudre où j-’enfonçais un avant-doigt, frappant sur le bord d’une table et j’attendais ma clientèle faiblissait. - Ou j’embrasais des montagnes de chairs passées de paysages — à moi les mélodies faciles maintenant et descente, détournement : j’établis mon commerce je vendange une parfaite nudité. - - - - - - - - Ces trois-quarts d’ennemi qui nous encerclent ne nous rencontreront pas mais nous converserons charriant l’inimitié sur des abîmes plaisants - il faut y croire, la ville est assiégée si nous mourons, et de faim, nous sommes graves et c’est la peur qui descend, et c’est la nuit et la victoire, c’est la victoire : nous mourons. De faim - « -Trop loin, tout ce pas en arrière !- » Etc. - - - - - - - - Mon infime ennemi, à demi mortifié cette paix qu’on nous offre est le danger majeur nos corrosions brutales m’avivent je suis, grâce à toi, un chemin sans sourcil ouvert d’yeux rectilignes je vis, grâce à toi, ennemi que je vois, dans le loin. - - - - - - Sa rêverie n’a pas cessé c’est son évocation qui tourne court comme il force la nuit les contours de son regard sans nul égard pour la paroi de l’œil - la parade est peut-être qu’il dort pour nourrir sa mêlée et en attendrir les contusions pas le matin n’élève ses paupières pourtant et rien n’écrase un tel chahut - il marcherait peut-être à trop y vieillir avec des pieds uns devant d’autres les écrasent et de sourire peut-être alors lui aussi comme c’est ce qui vacille, -émouvant, s’évanouit --- - - - - - - Un néant qu’à côté de soi on voit pleurer ses armées révoltées, amères, silencieuses, c’était la protection, la nuit A présent le désastre... - Et connaissance à travers soi, des geôles pour frapper --- : des murs et un plafond, un mobilier lourd et décent et le sol silencieux, la figure plus étroite se dessine sur le sol. Tu dors ? - - - - - - « --Mais tu arriveras certainement beaucoup trop tard. Après que tout ne soit fini. Et si tu arrivais avant, plains-toi : tu verrais cette déchéance, dans la face. Pour l’heure, tu dois te soucier du métro : un calvaire anodin, au vrai — ensuite, tu n’échapperas à rien, sais-tu ? Et surtout pas à cette peste solitaire car tu vivras deux journées de ton repos-de-travailleur-sous un toit dur, auréolé de pesanteur, et nocturne et diurne ou dans la confusion des heures, d’un dimanche accessible, interminable et surtout --- »- - Un calvaire anodin, au vrai : une véracité. Un port de tête de pendu, attablé, détendu ; mais toi, tu resteras crispé, exorbité car on te juge vois-tu, à ce moment. Qui sont tes juges ? Tu l’ignores. « --Comme c’est étrange ! Je m’étais promis de souffrir toute la journée, une sainte journée, et me voilà, d’une humeur badine, sereine. J’ignore bien pourquoi d’ailleurs. J’ai arraché, pour tenir mes engagements, la croûte qu’avait suscitée un cor qui affecte le pied gauche, mais il a disparu. Moi qui voulais qu’il s’enracine ! Partout, on est déçu, trompé, trahi. [etc.] » - - - - - - - C’était l’avant-demain perpétuel et la colère qui gronde épuisée et qui gronde et de la plaie — comme des pleurs encore mais je n’ai jamais eu pareille révélation - je disais à demain à mes adieux je les entretenais de voix perpétuelles et j’aurais souscrit à l’impatience du moment. Mais - j’ai remercié la vie d’une prière veuve et- je lui ai rendu sa compassion à elle, tout à elle, je devais lui donner plus qu’il ne me serait jamais offert. - - - - - - - - Royaume, à la rencontre des révoltes qui te rêvent libéré de cette force qui te reconnaît en soi, sous la tutelle avare de l’esprit ce demi-dieu, un dieu nubile et impuissant enivre-toi de sa semence, sa récolte à jamais tienne - Sur ce roi-te-let, de sang malade, amoureux et glacié, nourris — ta parfaite expansion- : - - - - - Gorgé de bruit, un pan de monde tombe. Monde tombe ! Monde tombe ! Mais tu le ramasses. Et puis, ces journées que tu passes. Méditation avortée sur des encombrements, sur soi, plusieurs fois tout le jour : et tu en crèverais quoi ? Le monde, qui revenait sur lui-même mais un rêve ! En chuchotant : « --Erreur ! Trompeuses déductions ! Où vais-je ? » Nul ne le savait. Un temple, agglutiné au sol, aux paroissiens ! Qui le constituaient, brique après brique, avec leur tête, commentaires, en s’agrippant à sa réponse vaginale. Et cependant, la pluie tombait. - -------dehors - -------dehors -------dehors -------dehors -------dehors -------dehors -------------------------la pluie disait alors -------------(sempiternelle vérité, subtile mais mutilée au fond, ----------------------------vérité émaillée et sur laquelle on ne pouvait compter) -------dehors -------dehors -------------------[etc.] - - - - - Et si je cherche à me tromper ce n’est pas pourquoi faire mais au contraire-- pour-- ne- pas- m’en- - - Ce qui tombait -------- miroir -------------------dans un écho irréalant (de perméables connexions) Avec ses abattis de chair -------------------dehors dehors ! -------------------------------------------— C’était bien moi — -------------------------------------------------------------------& je fis tout pour l’ignorer. - - Ceci ! qui s’établit comme un nuage -------perforé précieux — comme une once de mort censé nous ramener à la réalité des choses compose - - - - - - LA CONCATÉNATION SYNTAGMATIQUE DE LA PAROLE -------------------------------Comble un espace, certes.--- - On ne s’engage pas dans une impasse sans y regarder à deux, trois, quatre fois et plus : oh ! et même — tellement nombreux, soi-même ! -------------------Et puis se -------------------dissout à son tour : - A une époque où rendre compte quoi devant quoi fait toute la brasure, où la croyance est faite où rien ne se ressemble sinon soi apparemment et, à travers soi, -------------------------------aussi, -------------------------------------------fort -------------------------------------------------------malencontreusement,- « -Oh non !- » « --Pas ça ! Jamais ! -----------------Jamais ! -----------------Jamais ! - -------------------------------------------------------------- - - --------------------------------- Pas cet œil idolâtre ------------------ C’est ma chair qui parle ------------------------------------ Et dedans : rien ------------------------------------------ Je dis, répète : rien.- »- - --------- enfin le calme... --------------qui respire cependant ? Ici, ---------------la tendre incandescence. - Des barres de métal asphyxiées la représentent — Bien : on n’a jamais vu ça [c’est l’essentiel] Et un soleil qui projette des lueurs violettes elles font l’intoxication de ce soleil violent — - - - - - - « -Je ne veux pas aller plus loin. C’était un jeu, mais à présent on me dit qu’un désert, c’est moi, sera la représentation du soir. Je voudrais un téléviseur, un gros écran, qui teinte, oui, bien lisse. Je suis né dans ce désir. Nul ne me l’a offert. Je l’ai bâti de mes deux mains. Puis, je me suis amputé. Je revenais à ce qui me précédait : travail sur d’insensibles --attentes des crues, oui, le sang oui, oui. » Impardonnables dérisions : - les transports dus au petit jour---------------- - Au petit jour le monde ---------------------- est un segment de droite - - - - - - - ...ce sont des pieds en feu et des bambins violets, des vitrines flottantes, sans parois, que l’on traverse sans un cri (tant la clameur est vive et douce, était consolatrice) - -« -La version s’arrête là.- » - ...c’est une anomalie, sa certitude. C’est bien pourquoi ce ne peut être un rêve. Je m’entends. - - - - - ------------------- Un moment et --------- l’espace asséché avec lui --------- deux bris distincts, coagulés --------- c’est ainsi que je me rappelle : --------- en moi et hors de moi - Où ce que je perçois alors de moi est un moment l’espace y joue un mot, sa vive incarnation l’espace, lui, un monde, ignore bel et bien l’infinité des conjectures qui restent à fonder - Ça ne prendra pas plus de place qu’un silence que voici : - - - - Non. - - Mais il y a ici un trompe-l’œil c’est que j’écris ----------- Et cela prend du temps Et de l’espace Si je parle, cela ne prendra pas plus d’espace que si j’étais seul - Et j’écris des discours de plus en plus élaborés le moment reste extrêmement maigre maintenant — -------------------La divine injustice ! - - - - - - - La faille --------------------Non, la brèche Oh, mon dieu ! Je vois tellement mal ! Un trou, quoi, le gouffre Un utérus ? Non : c’est beaucoup moins... Mais il me faudrait une échelle ----------------------- Imaginez le peu... - -------------------je n’ose pour vous. - Ni pour moi-même, d’ailleurs ! Je suis si chaste, du moins en paroles, sur le papier. Je voudrais m’en convaincre. - Je n’y parviens pas. - - - - - - Vous pourriez lui promettre un monde - l’âme se taira - —Prie-t-elle ? - Non, non : elle dort - Espère qu’elle dorme - - - - - - - Après une heure de détente, je reviens à mes intéressements. Je crains, à tort ou à raison, qu’ils ne soient momentanés. Car moi-même, je suis. Et tout ce que je suis, je crois, je crois, je le retrouve en moi. - C’est le hasard d’un paysage, une contrée mouvante qui s’incarne, à travers quelques mots insignifiants. C’est le son d’un cluster, ce n’est pas mon angoisse. - Mon angoisse, la voici : elle se présente plus dominicale. Au loin, les cloches de l’église. Et ici un certain silence. Et cependant, ce n’est qu’une impression : dimanche me répond. A chaque jour sa plaie ? Non, vraiment non. A chaque jour peut-être sa propre illusion, excuse voilée par une série de nuits diffuses. - Chaque jour comme un pas lancinant, posé imprudemment, sans chemin, sur cette même plaine. Voici comme je suis incapable d’avancer. Au mieux, je danse. Encore, devrais-je dire. - Ce qui me décourage alors d’écrire — je veux dire : d’écrire intelligemment, intelligiblement —, c’est la fatigue, un découragement préliminaire, un soir de tout le travail accomplir. Et accomplir à aboutir, etc. Tout ceci n’a ni début ni fin, convenons-en. - - - - Et il est bien plus fatigant de joindre les deux bouts d’une quelconque prise que de la développer à l’infini, pourquoi ? Car il est inutile de fendre maintenant, et cependant c’est là le seul travail qui se puisse accomplir. Tout le reste n’est que bavardage. « Laissez-moi ! Laissez-moi ! » Je parle — - Celui qui voudrait, de nos jours, écrire la moindre poésie ne serait pas seulement bête (ou plutôt : bien mal informé), il serait... je ne sais, enfin, malvenu, déplacé. Ne se rend-il pas compte, celui-là, qu’il n’y a plus autour de lui que des immeubles qui le jugent ? Alors, veut-il rêver ? C’est aussi et surtout un fou. De quel jugement on parle. On attendait quoi ? - - - - - - - Violence : le moment est justement celui que je ne choisis pas. Et si le téléphone sonne, je réponds. Fragilité du monde, à l’instant où je le bâtis. Violence avec laquelle je le répudie. Mon exigence est telle à ce qu’il soit présentement imparfait : pondéré. - Je réduis à ce jaune criant les vagues pulsations que génère mon être. Ainsi de la fréquence que ne tient aucune note de musique, au cours de symphonies — réduite alors, à son instant le plus infime (avant sa mystérieuse disparition). - ESSAIS DE DESTRUCTION, RÉITÉRÉS, TOUJOURS SUPERFICIELS : DU MONDE, DES DEUX MONDES, A TRAVERS- LEUR- CONFRONTATION - J’arrêterai d’écrire. Bientôt, c’est évident. Depuis deux mois, j’en ai acquis la certitude. Hier encore, elle était passagère. A présent, elle me hante. Peut-être, au fait, ai-je rarement autant écrit ? Peut-être aussi s’agit-il de la peur que j’ai d’arrêter, de me trouver tout à fait dénué — et vain, et nu, à demi mort. Que faire, alors ? J’arrêterai d’écrire. Bientôt, c’est très certain. J’ai peur, pourtant. Mais je n’ai pas le choix. Je n’aurai pas le choix. La- plume- tombera de- mes mains.- Il- ne- restera- rien : fin ------ - - - - - « -Et le serpent qui se faufile sous mes pieds, qui incendie la plaine aux intestins et des yeux dont l’éclat — par trop brutal, sauvage et indistinct — me hante, me sidère, me mène malgré moi jusqu’à ce terme auquel je me refuse. Ici mon amour cessera.- »- - ÉLOGE DE L’IMPUISSANCE - Un ange se revêt de paraboles Qu’il en crève ! -------Et pleure -------avec lui pleuvent par essaims -------les morts, des décombres -------des gouffres - -----« -l’érosion inerte de la civilisation --------perd tout intérêt à mes yeux. » - Il fut un temps, où je voulais m’asseoir aux pieds de la littérature, et ainsi correspondre.C’était faux, mon dieu ! Combien ! Je me relève poussiéreux, plaintif. Je reconnais le rôle de la mort, au centre de mes effusions. Mais je comprends surtout qu’il me faut vivre. Qu’est-ce à dire ? Je rougirais de honte. Un aveu statistique, erratique. - - - - - - Tout d’abord : s’approprier un mot du dictionnaire, le mutiler, pour se convaincre que c’est soi, d’abord, cette méchante mouche. - Mais surtout : ne pas se laisser aller au fil de ses souvenirs, qui se succèdent, qui se superposent même, qui vont bien trop loin pour (...) vaste, aux clôtures cadavériques, la conscience. - Enfin : se taire, mon dieu ! Tout faire pour y parvenir. - Le chant ! je l’entendais, vraiment mon oreille absolue, démesurée c’est elle, d’abord, qui a trahi Alors j’ai su que j’étais moins entier. [ainsi de suite.] - Une campagne vit ? un tertre volontaire. - - - - - - Fertile en effroi insoumis agenouillé sous l’abat-jour que rêvent mes sommeils distincts, des années de désir d’un souffle, je répète cette scène où je me vois traversant des époques de ma glaciation. - - - - - - - - - Il devint inutile de faire un pas de plus. Depuis le temps que j’hésitais ! Tout s’était arrêté, avec. Sinon un vent léger, un vent d’étoile qui, pour son adieu, rend un souffle très tiède. Je gardai longtemps le pied levé. Je sentais l’air sous moi, et je me sentais l’écraser. Sentiment de puissance ? Non, du tout : j’avais la faiblesse absolue, c’est plutôt par fatigue que je demeure dans cette posture (au beau milieu d’une avenue) et c’est tout aussi lentement que me vint l’idée froide, lancinante, de mon désarroi. Il serait inutile d’aller plus loin. Comme un suicide abandonné : la mort est déjà derrière soi. - - - - - De somptueuses symphonies écartèlent mes veines si je pars pour les suspendre à une corde de hasards, indifférents : je meurs ; mais ce sont mes pourtours qui me prolongent, qui m’abîment - Et je verrai ma propre fin sous un tramway de rotations rapides mais laconique une grotesque danse ! Généreuse mais tu survis à mes croyances -------c’est ce qui s’envole, détaché de moi et qui bourdonne et qui se heurte à tracer des traits dont on ne pouvait plus fuir on se tordait de rire alors. Tu éclates de rire - C’est un à un, dans l’heure, cela se taira pour que se multiplie encore peut-être toujours donc je reste toujours hideux de ce mauvais miroir dont je dévastai quelques bords dehors ! - - - - - - Sur le bureau, une montre, une plume, quelques pièces jaunes, mais surtout des cendres. Un fin tapis de cendre. - Que faire, dans ces conditions ? - J’admets que l’on enfante avec douleur. Ce me semble correct. Mais enfanter si peu, si mal, avec pourtant une ténacité peureuse, c’est l’affaire d’un dimanche : un dimanche fidèle, comme une cendre neuve tombe irrésistiblement de ma moitié de cigarette. - Je voudrais vivre le tournant du siècle. Avoir un siècle devant moi. L’embrasser. L’étrangler. - Ma petite semaine : me contemple, très dominicale. Et la radio produit un bruit affreux — ce n’est pas tout, mon dieu. Il y a autre chose. Et il me faut le dévêtir. - Le bel abcès. - Je continue, il faut. Sur le bureau un paquet de tabac, lentement d’ailleurs il s’assèche, quelques livres — un véritable enterrement, me semble-t-il. J’admets avoir outrepassé mon droit. - - ------------- Est-ce pour autant un repentir ? Non, non. Il faudrait en être capable. Ce que chaque jour contrarie : je me dénoue du jour. - (Je sors, un peu plus tard, acheter des bougies. Mais il me reste de nombreuses heures à calciner. Ce qui me vient, c’est tout d’abord l’absence d’autre chose.) - Séparer chaque mot. Tous ; les convaincre de leur nuit. J’ai peur que tout ne soit tel à ce sommeil. Il ne me convient pas. Car je m’y vois, sortant. Les rues, mon dieu ! Je ne voulais plus les voir. Je ne pense pas. Je ne fuis rien, je meurs. Cet indistinct dimanche, foudroyant de son emblème chaque instant, non révolu, à l’inutile. - Rien ne surgira. Peur. - RIEN - 1° — Ce qui devient 2° — Ce qui ne devient pas------------------------------ 3° — Une lumière qui clignote ---------------------------------------------------------4° — Un feu de forêt -------------------------------------------5° — Un océan s’assèche. ---------------------------6° — Mes lèvres traversent un désert gros d’à la fois moi et d’un tronçon tel que (« --Vous savez ce qu’on en dit ? — Non, non. Et vous ? » - - - - FIN :- Un effroi squelettique le surprit au moment même où il ouvrit la multiple porte. Pourtant !- Il y aurait beaucoup à dire. ----------- — « --Dépéchez-vous ! » - Pourquoi, enfin ? Pourquoi se dépêcher ? J’aimerais mieux comprendre. Il n’y a rien à comprendre. Ce qui... ne me rassure pas. ------------ [pas à pas, etc.] Non, vraiment. Non. - - - - - - - - - Ces couloirs vous ressemblent. Ils sont, d’un même effarement une fuite éperdue de sang malade, épais à s’endormir - Fertile, suggestif, bavard comme un regard de laboureur Il fallait être train, soi-même. - -« -Organiser le désespoir Ses perpendiculaires, ses couloirs ses truchements ovales ses ligaments qui défilent --------- sur vous, qui vous traversent, qui vous scrutent Voici ------ qui forge vos postures Organiser ! Ces paires de tenailles fermente votre défection, Gageure ! » - - - - - - - Je me refuse à ignorer qu’écrire, en ce qui me concerne, est tout d’abord une foutaise. Il s’agit avant tout de perdre un temps précieux. - Mais je suis compromis, je comprends. Il n’y a plus à reculer. Ni moyens, ni besoin : je vis, c’est tel que je l’écris. - Un point final n’aura pas lieu : je m’y suis essayé à maintes reprises. Le fait est que j’ai tout balayé, sinon les mots que je m’étais donné de contrarier. Si je cessais — j’ai essayé — l’ennui. Rien, hors de cela. - Qu’y avait-il auparavant ? J’ai étudié l’histoire des États-Unis, l’économie et la géologie, c’était un crime. Que reste-t-il alors à faire à un croyant ? A qui on ne permettrait plus de construire des temples. S’il les bâtit, c’est en jetant des pierres sur les passants. - — Voici pourquoi : — - Passionné par mes vies antérieures, je les convie. Sur une scène qui est mon alcôve, et je voudrais qu’elles s’entre-tuent — mais surtout qu’elles me tiennent. J’insiste : définitivement. - - - - - - Espoir ductile, chair comme un poing qui se décrispe autour de son vertige reptilien il y aurait beaucoup à dire... - Il n’y a rien à dire sur la façon dont tout cela fonctionne. Avec ou sans encombre, cela importe peu. A quelle fin, c’est pire. Et cela se revient. Je veux simplement dire que c’est la fin qui dicte même les encombres. Il n’y a pas d’encombres. Je suis seul, mais lentement. Tout cela se déroule : je n’ai rien à y redire. Je resterai assis, quoi qu’il n’en coûte rien. Rien. - - - - - - Je m’endors. - Pas mes perceptions. Je les immobilise. Il me faut de l’espoir à cette fin, car ce sera avec retard qu’elles m’obéiront. Les sentiers les plus clairs en moi, ceux qu’on emprunte parfois, où l’on se bouscule pourtant peu, d’un point à l’autre, ce sont des éclats, des remembrances comme l’on dit, des sémiotiques sans sémantique- si l’on veut, restes d’un rêve ? De sa perte massive, des applaudissements de cons qui la prolongent. - - - - - - - - Qu’on m’en veuille, c’est tout d’abord ma volonté — Folie ! de ne pas s’y plier (mais c’est surtout se condamner) - Le blanc. extrême et vain que revêtait la ----page ------ il me fallut l’en dévêtir. - Bizarre ! Qu’allais-je donc y voir Quels murs sensibles parcourir ? - -------------------------------------------Moi qui ai tout vécu -------------------------------------------de ce qu’on peut croire d’un mot. - (inexistant ; -dévolu au réel, -ta permanence a de quoi -me ravir -je me désaisis — bien mal à propos !) - —-« -Ne sais-tu pas plonger du haut d’une falaise ? — « -Pourquoi faire ? » - - - JOIE --------------------- TRISTE - - (un pendu au milieu) - Et c’est ainsi que je me pèse : - - - - - ...quand j’en ai l’abominable temps. - - - - - - Il faudra que tu crucifies ce jaune il est si vif, mais pale, mais malade mais surtout — Vois : comme il se répand sur toi ---------- de ses deux mains pleines d’odeurs de caresses - (tout ceci est inutile : tu as déjà joui) -------il ne te reste plus qu’à déverser ce ----------fruit trop mûr ------------------------ et la poèle --------------------------------------------------------------------------------------------- où il frit, --------------------------------------------------------------------------------- cet oiseau --------------------------------------------------------------------------------------------- qui chante un ---------------------------------------------------------------------------------- AIR-FAUX ---- Le réduire à néant l’avorton tiède lumineux. Tissé dans tes ovaires où il s’enlise patiemment et savamment où il devient sa propre toile scrutant --------- de chacun de ses yeux — la perpendiculaire de ta présence-au-monde - - - - - - Ce qui s’accroche à lui n’est pas encore de la douleur mais de l’intensité à l’état pur à quoi il voudrait revenir Comprenez qu’il s’obstine. - — « -Un alcoolique a --------plutôt tort- »,- dit-il / ses yeux qui lui renvoient une lumière de disjonction beaucoup trop vive — il est si jeune ! à en -------------------------------------------------------ouvrir la porte -------------------------------------------------------------------marchander son dogme -------------------------------------------------------------------la respiration en branle -------------------------------------------------------le chemin cardiaque ------------------------------- « -Pauvre nain !- » : asphyxié — rétréci par------------------- un spasme--------------------------------------------Il veut mourir d’obliquités----------------------------------- ----------sous ce regard de lampe ! discontinues, heurtées - à-ne-pas-prendre.----- Malgré lui - - - - - C’est vrai mais il se le fraiera, son droit chemin--------------------------------------------------------------------- -Croyez-le bien !----------- - - Il faut en revenir à la technique mal vieillie du coup D’État. Parfois, se jouer dictateur. Quel nul ne rie. On crispe les fauteuils pour serrer l’attente de celui qui se croyait encore le spectateur. On le verrouille : ce n’est pas lui, mais son métabolisme, tout d’abord, qu’on viole. - Âpreté de sa chair. Rugosité du poil. Incandescence de la chevelure. On s’attarde surtout sur ses yeux lisses. Mais ce n’est pas lui (il ne fait que crier, par pure et instinctive solidarité), c’est son entonnoir sensible, par lequel il traverse les semblants de sa véracité. - Comprenez-vous, alors, l’enjeu intolérable et la nécessité d’écraser, dans l’esprit, l’idée même de révolte ? Et peut-être l’esprit. Or, j’eus voulu me déployer : je ne parviens qu’à me répandre. C’est cependant là que j’interviens. - - - - - - Supplie-le, qu’il crie car il est né dans l’abandon de son diaphragme je ne sais s’il parle qu’on l’entende avec sa double langue semble plutôt un concert derrière lui il ne l’orchestre pas il faudrait d’abord qu’il en scinde chaque note et il est occupé, mais frappe-le il t’entendra peut-être ou tu le briseras (tu pourras voir, alors) - il n’est pas mille, il se déversera ses flots qui se chevaucheront, distincts dans la proximité, te heurteront, tu voudras voir plus loin, tu te réfugieras dans cet abdomen imbécile car ce n’est pas son chant que tu voulais entendre ce n’est pas sa chair que tu désirais mordre une idée assouvie s’éloigne, irrémédiablement. - - - - - - C’est l’organisation sévère d’une table ronde, pour soi, dans ses multiples chaises. Où l’on s’assoit à cette lampe, sous sa veine dénudée, qui scintille et qui chante, toutes lèvres closes, à la hauteur des yeux. Mais il ne s’agit pas, finalement, de se mettre d’accord. - Il s’agirait plutôt, à travers tous ces subterfuges (qui ne s’y résigneraient d’ailleurs pas) de faire table rase. C’est un jeu, un vrai jeu d’imbéciles, puisque, de fait, les différents protagonistes ne se rencontrent pas. Chacun balaie son coin de table. Et de bonne foi, dit-il, rejette ses déchets chez d’autres, qu’il ne connaît pas, dont il ignore l’existence. - C’est un vrai pays, cette table aux multiples coins. Et l’on y guerroiera, bientôt. Si vous aviez un rôle, montagne de conscience à nu, il vous reviendrait d’orchestrer, je crois. Vous vous y refusez avec raison : vous avez tort. Vous ignorez ce qui survient, ensuite. Je vous le cache. Un jeu sans borne, je vous le dis : rien. Mais c’est à vous de deviner. Selon vos perceptions, arides, afin que vous en ayez tout le goût. Cherchez d’abord la table. Et puis comprenez-les. Oui, comprenez les tous. Leur tour viendra. - - - - - - Puisque tu ne veux vivre, amour, comme un enfer Que je serai moi-même puisque alors je sais Que tu n’es rien, ni même l’eau de mon décès Ni le théâtre qui jugule cette mer - J’arrache là un œil je tu avais offert Dans le dépit grossissant un jardin d’abcès On le plantait dans tout ce cou qui ne bruissait Que pour bercer sans lèvre à la garde la chair - Par la suite : ce que je te fis c’est par peur l’air qui me brasse hait sans toi je hais aussi cette rivalité entre un monde inventif - Et toi, dans l’enracinement très chère sœur Sœur ? Fouille ou ouvre, je fermerai indécis Nos paupières sur ce boulingrin primitif. - - - - - - Des dieux nous auraient-ils créés ? Nous n’y sommes pour rien (qu’il n’y ait pas de Dieu ne change rien). - Dans un lieu qui m’est étranger, où je vis pourtant, une heure, ou deux, je ne sais, à Paris je crois, dont on peut encore entendre l’accalmie, c’est le soir, j’abdique ce que je me rendais où ? Qu’est-ce à dire ? Qu’il n’y a aucun espoir, je le vois, que ces murs réfléchissent (de jour comme de nuit) quoi que ce soit. - Il s’est tué : mais le train aussitôt repart. Il n’y avait pour lui aucun espoir, faudra-t-il se convaincre ; c’est autant de foules qui surgissent, cependant, du train mort qu’on démarre, sans jamais préciser les changements, s’il y a lieu, le coup porté à la destination. Il n’y a rien à faire. Il faut les laisser s’exclamer devant le théâtre absorbant d’une mare de sang. - - - - - - Incomparable, c’est le mot Mais il s’entraîne, il se retourne Un ultérieur cyclique, si l’on veut, le dédommage Et lui-même le re-tue. - -------------------C’est un jeu incessant de soi -------- et pourtant--------------------Qui se décline au monde en un vain ce n’est pas------------------------------------------train --------- la lumière qui foisonne------------------Qui se captive au gré d’humeurs -------------------------------spectrales ------------- - - - - - - L’injonction imparfaite, il faudrait que j’avance mais je glisse, sur des monts béants ou encore trop étroits - -------chutes----------------------------------------------------------je n’ai que cette -------------------horloge -------------------chute------------------------------------------------Aussi, j’évite -------------------------------------------------------------------------------------------qui - Momentané, qui me le dit ? la déchirure bavarde de mes cierges ------------- (chairs) - Chantre affamé-----------de piété------------------------------------------- mort-né - - - - - Quiconque est un espace malléable fourni en recoins en heurts ni morsure ni froideur- -------- :-- Fusion. - ---------------------------------------------- Et tout se calme ---------------------------------------------------------- Au silence qui tombe ---------------------------------------------- Après chaque seconde de ---- - -------« -Oh ! Bâillonné comme tout un cachot !- » - - - - - - « -Vous voulez dire que si l’on abdiquait la mort, nos lieux se ------confondraient Mais vous ne savez comment vous y prendre, avec une pâleur, -----vous l’ignorez, Vos techniques pèsent peu en face de ces impressionnants chahuts Qu’après eux, disent-ils ? Après eux... Mais vous ne savez pas comment avouer Ce n’est pas la terre qui vous revêt C’est plutôt, mais ce n’est pas encore La porte du théâtre qui vous ruine Hier, ce devait être la fissure même Un château d’eau, des flammes dans le verre Et la tonsure : car tout d’abord, Vous devriez vous taire.- » --------------------- - - - La nuit défigurée - - C’est quelque part, il faut l’entendre quelque part dans la verdeur de l’herbe une main agrippée à son cou (l’autre à l’arbre) : la nuit ne consent pas,- ne- mord pas, s’effondre quand (comme la nuit s’épuise ---- à travers ses reprises on la devine : déchirée) Son pouvoir la redresse et lui dit d’une voix terrifiée (Mais tu en fis le voeu : -tu ne peux reculer, t’abstenir, -te soustraire) C’était un rêve, il s’avéra le cauchemar et, rencontré, se présente à nouveau à qui, car nul ne vit ici, qu’un grand arbre et des herbes hautes pour le caresser - - - - - - - Romance : Il serait éprouvant d’avoir vécue et de redevoir tout raconter ensuite, avec détails salaces et explications alors... J’ajoute simplement ceci, qu’il faut considérer l’absence de début et de fin. Ou se contenter de retrouver les mêmes personnages, jusqu’à leur disparition chaque fois originale, marquante pour le spectateur. Quant aux récits entrecroisés, une boutade (j’y tiens) ne conduirait pas nulle part. Devenant un principe fondamental pour le cinéma aujourd’hui. - Les montagnes de symboles n’ont que la fragilité de leur cime pour m’en dévêtir - - - - - - Chaque instant qui entend me dicter de sa loi se verra bafoué, c’est certain. Et pourtant, ce n’est pas ma révolte (elle est morte, bien morte). La loi de l’instant est beaucoup trop complexe. Il est l’heure, c’est certain mais je finis ma clope et je bois mon café et chaque instant trépasse infiniment, et en silence en une lâche revenance ------------ - - - - - - - - Le spectateur s’incarne c’est un souffle qui l’entraîne il sème , sait-il, sa vie à travers divers modes du spectacle - il devrait s’éveiller, aiguiser sa conscience et ce monceau de chair qui le malmène devrait palpiter — reste morne demeure cloué (suspendu à son treuil) - Le spectateur qui s’apitoie, un lâche A qui la faute ? Il s’en est abstenu On a commis pour lui (larmes, grimaces) tout son apaisement. - - - - - Imaginons n’importe quelle personne, confinée dans un mode d’être burlesque, qui se vautre et n’en revient jamais. Pourtant, les multiples déclinaisons du ciel, en termes de densité, de périmètre, de rapidité, dans sa région, n’ont rien à envier aux livresques orgies qu’il pleure, le pauvre, qu’il se refuse à concevoir, à produire, procréer, etc. Surtout, à rencontrer. Contemplation bien triste, sans cynisme, du bourreau. Une personne telle n’existe pas (ce qui suffirait à la mettre en doute). - Un président, aussi, s’est rallié à la cause de son peuple, il fut déchu. On le mit en prison, et on l’y condamna à mort. On ne l’y abandonna pas : les journaux s’emparèrent vite du fait. J’en lisais une dizaine à cette époque, tous très anglais. Je me souviens de leurs gros titres « -à la une- » qui donnent, on ne me contredira pas, au rêve. An impeachment, régalaient les journalistes, is what that guy needed, really. - Un vagabond, mourant, sur un chemin , son péril est tel, et je l’enviais, du moins, pour tout ce qui le supporte. C’est très précisément ici que je voyais du devenir, mais voyez comme sa peau s’abîme, se retourne. Je ne suis pas seul à travailler dans ce sens. - - - - - - - Des sanctivores dévalant l’arbuste de mes reins leur étroitesse est sans esprit les signaux qu’ils m’envoient : des ondes je suis assis en moi-même - un tassement de mes paupières fait entendre à qui ne veut — Voilà donc ton malheur ! contre un carreau qui se remue l’expédition polaire (la réception fut horrifiante, suave) - - - - - - - C’est l’univers, c’est vrai, il est idiot — et bègue. Et je l’ai déjà dit, sans doute, et répété même, mais il faut que je me répète. Et il faut planquer, ce qu’il y a à planquer c’est tout ce tas de choses.Il ne faut pas que l’on sache, par exemple, il faut que je m’abreuve. - Ces brusques corridors ne sont que nos entrances regardez plus loin, surtout ce boulevard silencieux --- ne vous ressemble pas à une route près --- - - - - - Perfide l’ennemi - - S’il s’agissait d’un œuf (Qui sait ? Peut-être, si j’y -parvenais) A gober ou à boire (Festin, tu chercherais encore à me leurrer -mais je ne doute pas) D’un soleil à broyer (car j’ai déjà les doigts brûlants -les doigts saignent) Mais tout son éclat dissimule (arrogants gages d’ignorance) des plaies de parmesan, des pansements affamés d’yeux car nul ne saurait, « -dans le coin- » on a déjà pu dévaster sa mécanique ni austère ni même magnifique - - - - - - - De retour sur ce banc, car il me semble vivre quoi, sinon ce que déjà, j’aurais toujours pu vivre ici, au seuil passant, la rue des Francs-Bourgeois, mais la fatigue en plus, lassitude due au travail calme, aux tourments calmes que je classe vaguement, géographiquement, et quotidiennement depuis plusieurs mois maintenant. - Mais oui ! Je suis ce travailleur, prismatique et mondial, pour œuvrer solidaire (mais non : on n’est jamais si attaché à rien, finalement) et, à dire vrai, je me rassasierai volontiers de ces cons-tar-dic-tions (pour me figer tout en bouts de lambeaux, en tiges qu’on aura retournées, avec grâce, mon double, ce serait vivant !) et c’est selon, le moindre instant doit transparaître ailleurs : pudeur, colère, de chacun des instants par aspect, mais je me fige moi-même par posture, par la suite, pour me moquer (je ne peux délaisser rien de cela) invraisemblablement. - Chimère peut-être donc, d’avoir vécu, et d’abord tout cela parce que gravité, l’événement n’est pas ou peu suivi quand on y pense. Un banc boucle la boucle mais je la renoue, fictive, irrecevable, je m’assois, j’ai encore à la vendre. J’ai encore assez de force cette fois, puisqu’un éclat rien / que j’ai été, me force à jeter au sol haut la faim, la soif et la fatigue, ensemble, comme écrire, qu’il n’y a rien à dire — - - [1]------ L’été m’aura conduit à emplir deux cahiers : Aux attenances de l’été et Le récit ruisselant. Seul un vers me semble rester conséquent : « -Un rêve vrai / ne répète jamais / son récit ruisselant- ». |
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