La littérature - je l’ai mentionné dans maints essais au sein de la RAL’M - est une discipline intrinsèquement supérieure à toutes les autres, et d’abord à celles, humaines et sociales, censées expliquer le monde. La littérature va plus loin encore : elle est supérieure au monde lui-même en tant que métalangage qui absorbe les intentions, les événements, les silences bref, tout ce qui est à l’origine de la variété des manifestations humaines.
Si les doutes, les questionnements, les spéculations et les réponses sont exprimés à travers la littérature, il suffit donc d’entrer en elle pour lire la solution à nos propres problématiques. C’est en ce sens que " la littérature est la science de la liberté " comme je l’ai dit dans mon essai " Pour une véritable littérature " ( Chasseur Abstrait, 2010 ) c’est-à-dire qu’elle s’étend dans toutes les directions et ne possède pas de frontières, sans pour autant ne pas trouver ses propres limites puisque toute forme narrative doit être achevée.
En d’autres termes, il y a la littérature, et il y a le monde.
Le rôle de la première entité a toujours été d’absorber la seconde. Le concept d’anticipation en est probablement la plus frappante des illustrations, étant devenue en quelque sorte un genre en soi. Ainsi, la trajectoire du monde est déjà perçue par la littérature qui s’en nourrit pour se grandir et se grandir encore. Le monde est la matière première de la littérature.
Celle que je bâtis, celle que j’invente depuis longtemps maintenant - quelque vingt ans - est affublée d’un adjectif : " abstrait " .
La littérature abstraite, avant d’être invention, est une régénération de la littérature elle-même, à l’heure de l’industrie du roman et de la capitulation stylistique. Si la nouvelle est le premier genre traversé par le concept d’abstraction, l’essai connaît la même mutation.
Cette littérature nouvelle n’est pas du tout populaire. Elle est encore moins bourgeoise. Son haut degré de sophistication s’accomplit de manière simple. Oui, sa lecture peut s’effectuer par un mouvement simple ou direct. D’où sa possible absorption par des populaires, suffisamment instruits et curieux, tandis que le citoyen bourgeois rangera l’ouvrage dans son espace domestique ...
La littérature abstraite est une littérature d’excellence, c’est-à-dire aristocratique. Les esprits qui y sont sensibles sont donc des esprits hautement éveillés et exigeants, particulièrement ouverts également, ne craignant pas l’innovation, bien au contraire. Et soucieux, sans doute d’un certain esthétisme. Jusqu’à parfois en posséder une éthique.
Cet esprit aristocratique pour moi va de soi, puisqu’il se confond avec l’esprit de recherche qui m’anime en permanence. Il ne va pas de soi pour tous ceux qui s’accrochent à leurs anciennes habitudes, à des lois qui auraient figé la nouvelle et l’essai dans des cadres hermétiques proscrivant toute évolution.
La littérature abstraite, c’est l’élite d’aujourd’hui et de demain. Qui doit créer son propre lectorat, un lectorat, lui aussi, d’excellence.
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Commentaires :
Intellos & populo par Mod
Voici un lien ralmique qui semble répondre au message aristocratique de Stéphane Pucheu :
PRINTEMPS DES POÈTES - Intellos & populo
de Patrick Cintas - suivi d’une métaphore de Jean-Michel Guyot...