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 Article publié le 6 décembre 2020.

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Entretenir des liens est chose difficile. Les chérir est plus aisé. Il suffit pour cela de garder ses distances, de ne point trop attendre d’une rencontre en se défaisant de l’idée trop répandue qu’elle sera décisive.

Que puis-je attendre des autres en retour ? Je suis sans exigence aucune.

Longtemps, parler, discuter m’ouvrait des perspectives, comme une bonne lecture tonique et réjouissante. Je ne suis plus enclin à trouver de l’intérêt à des conversations banales d’ordre privé, et pourtant c’est bien là, dans le quotidien le plus nu, que se loge les histoires les plus potentiellement farfelues. Le plus lisse, le plus harmonieux des lieux cache des dissonances toutes humaines.

Il y a la présence des hommes et des femmes qui appelle une géographie humaine qui se surimpose à la géographie physique. Les deux géographies dessinent et composent une image de paysage, qu’il soit urbain, agreste ou maritime. On plante le décor ainsi et c’est en observant des lieux anodins, en respirant l’air ambiant, en en goûtant les ombres et les lumières que jaillit l’idée qui délivre.

Ce processus ne se réalise par n’importe où, mais surtout dans des lieux peu densément peuplés, comme en Suède ou en Norvège. La présence humaine n’y est pas écrasante, la nature préservée et protégée offre ce cadre idéal à des interventions humaines calmes et pondérées qui fécondera longtemps encore une imagination rompue au pire.

Dans une jungle urbaine, le danger guette à chaque coin de rue. Il a figure humaine. En pleine nature sauvage, le danger est omniprésent, mais diffus. Il se découvre lentement, ne surgit pas d’un fourré ou d’un sous-bois, ne déboule pas sur nous, toute gueule ouverte pour nous dévorer. Le temps des ours et des hordes de loups a fait long feu. Nous ne sommes pas dans le Wyoming dans le parc national de Yellow Stone où abondent les grizzlis ni dans la jungle amazonienne menacée par des propriétaires terriens cupides et sans scrupules et qui constituent un danger plus grand encore que la faune locale.

La Suède est un pays d’écriture. Le seul au monde avec le Danemark et la Norvège voisine à posséder des pierres runiques de plus de mille ans d’âge. Longtemps, la parole écrite y fut rare, précieuse et dispersée. Ecritures et motifs gravés d’une grande beauté plastique s’insèrent parfaitement dans le paysage, ne détonnent jamais, constituent un héritage culturel de première force, loin du tapage chrétien pourtant omniprésent à travers temples et chapelles.

Il faut être d’ailleurs pour goûter pleinement l’originalité de ces lieux, venir d’un pays déchiré par des conflits sociaux et marqués par des guerres qui n’ont cessé que très récemment. La France, à cet égard, est une terre de malheur comparée à la Suède et même à la Norvège qui connut, hélas, l’occupation nazie. 

Et c’est en France que je vis, en français que j’écris pour mon bonheur.

J’entends la corne des brumes dans le lointain, ami, promesse de retour. Le fjord redevient cet écrin qui enivre une parole si ancienne vouée au multiple.

 

Jean-Michel Guyot

13 septembre 2020

 

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