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Choix de poèmes (Patrick Cintas)
La clé du poète (selon Virgile)
[E-mail] Article publié le 9 mai 2021. oOo « Pas besoin de clé à molette, dit cet impensable poète en frottant sa peau des genoux. A ce point je ne suis pas fou. Les flics sont tellement nunuches qu’ils se servent de leurs paluches pour compliquer ce qui pourtant est simple comme boîte à gants. Tire donc sur la chevillette et cherra sur ta bobinette tube comme on fait pour les dents. Là-dedans se trouve un onguent qui va nous payer le voyage. Et j’en garantis le langage. Tu veux voir du pays, vas-y ! Sur un balai, tous à Zanzi ! La Terre est ronde, je confirme. Et le ciel bleu comme un infirme qui traverse les océans sur le dos des quatre Géants. On peut marcher sur les nuages comme Jésus entre les plages. Mais l’important c’est d’avoir faim et soif et tout le saint-frusquin. Ni homme, ni femme tu planes comme tu fais sur ta bécane quand la route se met dessus. N’emporte rien, on y va nu. Rien dans les mains et pas de poches. Et si tu veux qu’on se chevauche, je préviens je fais ça le mieux. On verra peut-être ton dieu. Le mien est crevé sans histoire dans un calcul combinatoire. Ah ! Du temps j’en ai eu de trop et pas pour jouer les héros à la façon de don Quichotte. On verra sans doute des potes qui par cette nuit sans emploi ont eu la même idée de soi et nus ont astiqué leur couenne après avoir choqué leurs crânes contre les murs de leur prison. Je chante un hymne à la raison dont je connais la camelote. Vingt ans que je me la dorlote entre matelas et coussin en me triturant les deux seins. Comment veux-tu que je raisonne sans les moyens de la personne ? Les équations ah ! C’est bien beau, mais sans personne sur la peau, sans rendez-vous avec l’espèce, voilà la monnaie de ta pièce : un égale un, zéro zéro plus un ça fait toujours zéro ! Heureusement, j’ai la formule et pour le prix des molécules un potard qui connaît son fait et responsable satisfait mes besoins de voir la planète par le bon bout de la lorgnette, qui est je crois le plus petit. Je ne suis plus un apprenti. En plus je connais la musique qui va avec sans la panique, car plus c’est haut, moins c’est calmant. Le nerf craque au premier tourment qui te met du vent dans les voiles. Rien à voir avec les étoiles qui font des trous pour exister dans l’œil de qui veut résister aux tentations de la tempête. La pureté, ce n’est pas bête, mais ça sert à quoi si on sait autrement se faire brosser ? Le cristal c’est la foi des tristes. Si l’esprit n’est pas futuriste on est bon pour recommencer. Je ne veux plus être français ! Ni autre chose qui m’enchriste ! Je voyage comme un touriste, avec rien à foutre d’antan et de ce que j’étais avant de connaître le protocole qu’on ne t’apprend pas à l’école. Les vieux ça me sort par le nez ! Ils sont morts et bien enterrés. Et pas d’enfants dans ma famille. Je nage mais à la godille sans me soucier des pissenlits. Je ne fais plus papa au lit, si jamais j’ai rêvé d’y croire. L’enfant est mort sans son histoire. Le reste c’est de la fiction, de la colère, sans passion. Pas de procès, pas de victime, juste le temps donné au crime et ce rire que j’accomplis avec Léon au saut du lit et Mescal au bout du voyage. On est vieux quand on n’a pas d’âge et jamais jeune quand on l’a. J’en ai farci mon matelas, de ces aveugles personnages qui voient dès lors que j’envisage d’aller avec eux contempler les paysages bricolés de l’attente et de la magie. Sur ma peau les mystagogies forment la trame du récit. Et le mystère s’épaissit ! Je t’en dirai quelques nouvelles si les supporte ta cervelle. »
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