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Article publié le 5 septembre 2021. oOo Au milieu des montagnes, les montagnes. Indifférentes à tout comput géologique, et sans horizons. Te voilà bel et bien en pleine montagne et tu ne vois qu’elles toutes rassemblées en un site. Ton regard, ton souffle ici, même chose. D’où te revient le souffle océanique éprouvé sur terre encore, au bord d’une étendue de mer agitée, houleuse à souhait, par où terre et mer s’épousent, se contrarient sans cesse, l’une gagnant du terrain sur l’autre quelques brefs instants. Sur la grève échoués, des débris de toutes natures, de toutes formes, de provenance incertaine. Tu en fais des totems éphémères offerts aux vents et aux marées sur la grève, ici, en terre d’Ecosse. Les premiers pas sur la frêle embarcation. Léger vertige, délicieuse impression d’être porté par cet élément instable, constamment le jouet de lui-même sous l’influence de ses courants et des vents, brise marine ou grain violent. Montagnes indéfiniment soulevées puis rabotées, surrection, vagues de roches pleines d’aspérités s’étalent à présent en ballons et pelouses sèches, effusion des terres, temps long, si long que tu éprouvas pour la première fois si fort, lorsque tu te tenais encore debout sur la barque ballotée par les flots. Pied marin se cherchait le long de tes jambes, hanches tanguaient en cadence. Tangage et roulis faisaient de toi ce robuste instrument à vent à la hanche déliée. Mozartienne en sa tenue, une musique s’élevait, long prélude à des traversées en mer en compagnie de Debussy. Il fallut s’asseoir et souquer en bonne compagnie pour rejoindre l’ile convoitée. Mais les iles… Dans tes mains d’enfant assis sur un tabouret, bien au chaud près de la grande cuisinière, ce colosse de fonte, dans la cuisine douillette de ta grand-mère, les cosses de petits pois que tu écossais patiemment. Tu ne rêvais pas d’en faire des chapelets d’étoiles. Tu tenais dans tes mains un archipel. Ferme, sa tendre verdeur. Chapelets de mots bientôt te transporteraient jusqu’en terre d’Ecosse. Heureuses, plus ou moins, les images mais si vives lorsqu’y bouillonnent grains de folie, couleurs dansantes et korrigans jetés dans le chaudron magique encore plongé dans les limbes de l’enfance. Ici seul demeure.
Jean-Michel Guyot 27 août 2021 |
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