A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien entrouvrir un autre monde. - Cioran

  

 

Quand vous jouissez dans la réclame

Qu’vous chevillez l’décor dans l’âme

Qu’vous êt’s tout or tout feu tout flamme

C’nest pas la Misèr’ qui vous blâme

Les saxs

Les saxs

 

Vous fait’s dans la littérature

Dans l’quatrièm’ des couvertures

Le bas de gamm’ la haut’ couture

Vos raffuts vos tintouins saturent

Les saxs

Les saxs

 

Qand les fanfar’s municipales

Où vos souffleurs s’font porter pâles

Assourdiss’nt la rue principale

Vous jouez les sardanapales

Les saxs

Les saxs

 

Sonnez chialez sur les murailles

Dans nos chants dans nos funérailles

La Liberté dans la mitraille

Perd les beaux fruits de ses entrailles

Les saxs

Les saxs

 

Vous êt’s effrontés comm’ les pages

Des magazin’s en plein tapage

En bel arroi grand équipage

Où les rois tourn’nt et r’tourn’nt leurs pages

Les saxs

Les saxs

 

Tandis qu’les guitar’s s’électrisent

Qu’je denoyaut’ mon temps des c’rises

Qu’je suis tout prêt à lâcher prise

Vous m’en fait’s voir des bleues des grises

Les saxs

Les saxs

 

Solo grand’band’ trio quintette

J’en ai des frangins qui vous tètent

En sourdine en douce à tue-tête

Et j’vous fais grâc’ des épithètes

Les saxs

Les saxs

 

Pas besoin d’le faire à l’épate

Quand l’blues broie du noir dans les pattes

D’mes cop’s c’est dingu’ comm’ ça appâte

Comm’ ça met les pogn’s à la pâte

Les saxs

Les saxs

 

Quand Bizet cherch’ son Arlésienne

Vous chuchotez sous mes persiennes

Et chaqu’ passant en est d’la sienne

Dans l’éternelle histoire ancienne

Les saxs

Les saxs

 

T’as l’jazz t’as l’rock dans tes bagages

T’es pas en rest’ quand ça dégage

Tu feutr’s les pas et l’doubl’ langage

Des amants des tueurs à gages

Mon sax

Mon sax

 

Mon sax

 

 

Mon sax

 

Robert VITTON, 2007