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 Article publié le 13 février 2022.

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A la mémoire de Keith Shadwick

 

Communication is coming on strong

I don’t give a damn if your hair is short or long 

Jimi Hendrix, Straight Ahead

*

Passant-ne passant pas, ainsi en va-t-il du temps pour nous mortels, au même instant s’effaçant-réapparaissant, n’ayant ainsi de cesse de renouveler les conditions d’existence de ce qui, ordonné à lui, le porte à son comble d’intensité, soit la musique dans sa toute incandescence.

Dès lors, ayant cela en tête, tu renonces gaiement à répondre à cette question taquine qu’un matin de printemps Freyja te posa dans ta prime jeunesse : Que préfères-tu, une fois dans la clairière, seul, et la nuit venue ? le feu qui flambe fièrement, toutes flammes dressées contre, tout contre les ténèbres ou bien les pluies d’étincelles qui jaillissent des pierres à feu que tu entrechoques à la nuit tombée pour qu’une lumière soit ?

*

Lorsque j’écoute une pièce maîtresse, par exemple Machine Gun, c’est toute une époque qui se réveille-s’éveille en moi, tout en me propulsant vers un horizon encore indéterminé, une conclusion ferme et définitive - la fin de l’histoire - étant de facto rendue radicalement impossible, passé et futur se voyant momentanément abolis dans un impossible présent, la présence du fait musical se répétant à l’infini dans et par cette pulsation jubilatoire appelée musique projetant ses rythmes et ses couleurs au-devant de l’auditeur que je suis.

Le participe présent semble être le mode le mieux approprié pour parler de la musique sensément, le seul à même de donner à sentir ce qu’il se passe dès lors que ce qui est ne peut pleinement exister que passant.

Impossible fin définitive de ce qui, s’ouvrant au temps, ne peut y mettre un terme et différence passé-futur momentanément abolie dans un impossible présent : c’est là, dans l’espace musical dans le creuset duquel le temps s’auto-engendre en s’autodétruisant, que s’accomplit le paradoxe de la présence en musique en présence duquel l’auditeur se trouve être qui il est écoutant une musique qui le transporte, le secoue, le remue, le bouleverse, le dépayse, l’effraie, l’enchante, l’endort… 

La présence musicale rayonne dans le temps, n’existant que de se projeter toujours hors d’elle-même, ricochant tel un galet lancé par un enfant sur les eaux agitées du devenir, à cette nuance près, et elle est de taille, que le galet en question n’est nulle part précisément, étant partout au même instant, sur la grève, dans les mains de l’enfant, ricochant sur les eaux, coulant à pic et puis, tôt ou tard de retour sur la grève, ailleurs, un jour, toujours, ce qui fait dire à l’enfant devenu adulte que la rivière continuant sa course est le pur reflet du devenir qui miroite dans tout ce qui est.

Le moment musical n’existe pleinement qu’immédiatement devenu étranger à lui-même, le propre de l’appropriation étant de se confronter à l’étranger pour pleinement s’accomplir.

S’approprier une musique en la jouant au mieux après de grands efforts permet de ressentir vivement cette dialectique du propre et de l’étranger qui est au cœur de la pratique musicale à tous les stades de son existence : élaboration puis réalisation différée pour la composition et élaboration-réalisation immédiate pour la musique improvisée.

 

*

Présente, la musique l’est de diverses manières : par l’écoute active ou distraite, en sourdine parfois et dans notre souvenir.

Une musique enregistrée à des milliers de kilomètre d’ici, aux USA par exemple, est une bulle de temps passé qui renvoie l’auditeur à tout un ensemble de faits historiques qui peuvent être étudiés à l’infini mais qui n’auront pas été vécus par celui ou celle qui écoute l’enregistrement : voilà qui conditionne une certaine écoute. D’ailleurs, soit dit en passant, ni l’historien ni personne ne peut ni ne désire faire resurgir le passé dans son ensemble. L’historien brasse des ensembles plus ou moins vastes, le particulier se débrouille avec des informations éparses, des bribes de souvenirs, des on-dit, des articles de presse et des interviews, des reproductions de posters d’époque, des photographies, toutes choses qui charrient un certain passé et prêtent à commentaires après-coup.

Ecouter Electric Ladyland à sa sortie en octobre 1968, voilà qui n’est pas la même chose que de découvrir cette œuvre cinq ans après sa sortie, en 1973, et en France qui plus est, ce qui fut mon cas : j’avais quinze ans, je vivais encore chez mes parents, j’étais un fils d’ouvriers dans une France à l’ambiance oppressante et triste à mourir.

Je dirais qu’il y a autant d’écoutes possibles qu’il y a de situations personnelles singulières.

A cela s’ajoute le fait que l’éloignement dans le temps joue un rôle majeur dans la perception d’une œuvre.

Dès lors, une question s’impose : Une œuvre peut-elle faire encore sens abstraction faite du contexte historique dans lequel elle a vu le jour, et si oui, comment ?

Cette question m’est inspirée par ce que j’appellerais la tyrannie de l’actuel qui ne valorise que ce qui est dans l’air du temps. Cette tyrannie détourne une partie des nouvelles générations des œuvres du passé même récent qui ignore tant les contextes historiques passés que les œuvres du passé qui s’y rattachent. 

Tout souci de postérité semble évanoui chez un certain public jeune, mais il serait sans doute exagéré de généraliser ce phénomène car de nombreux jeunes et moins jeunes creusent dans le passé des artistes qu’ils apprécient, ce qui les amène à découvrir beaucoup de musiques dont ils ignoraient tout. Peu à peu, une culture musicale et socio-historique se constitue, plus ou moins ample et plus ou moins approfondie.

Une œuvre fait sens de multiples manières :

 

 

  • Par ouï-dire

C’est un copain au collège qui m’a « branché sur » Jimi Hendrix, et je lui en serai toujours reconnaissant. Il avait attiré mon attention sur le fait que, d’après lui, la musique hendrixienne jouait beaucoup dans les aigus, ce qui, a priori, n’aurait pas dû pas me plaire, car j’étais à l’époque dans l’écoute intensive de Wagner dans les orchestrations duquel j’appréciais les sonorités graves dues à la présence massive d’instruments à vent peu usités dans la musique classique mais apparus en force dans la musique romantique. Ajoutez à cela force violoncelles, contrebasses et timbales et vous voilà en pleine musique du feu, au moment où Wotan fait apparaître un brasier qui encercle Brünnhilde endormie ! La première écoute de la merveilleuse interprétation de Charles Münch me cloua sur place. Je tenais enfin ma musique ! Une musique faite pour moi. Quelque temps plus tard, c’est l’écoute de Rainbow Bridge qui m’a sidéré, particulièrement Hearmy Train a comin’, Pali Gap et Hey Baby. Rien ne m’avait préparé à un tel choc émotionnel. Ce fut, avec la naissance de ma fille et la découverte de la poésie baudelairienne, un des plus grands bonheurs de ma vie.

  • Via la radio et la télévision dans une moindre mesure dans les années 60/70

Beaucoup de fans ont découvert Hendrix à la radio de son vivant et puis bien des années après sa mort.

Popa Chubby, par exemple, dit avoir a pris une claque en entendant Purple Haze à la radio, alors qu’il roulait en voiture avec ses parents. Rien, si l’on en croit le musicien, ne l’avait prédisposé à cette découverte fondamentale pour son avenir de musicien. Ce fut une découverte parfaitement fortuite qui orienta sa vocation.

John Lennon, fin 66, fait écouter à ses comparses Hey Joe en attirant leur attention sur le son nouveau qui s’en dégage. C’est l’enthousiasme.

Les Beatles, les Stones, Eric Clapton, les Who, Eric Burdon parlent de lui à qui veut les entendre et asseyent très vite sa réputation de showman et de guitariste fraîchement débarqué à Londres alors en pleine ébullition. Pas de meilleure publicité ni de plus avisée !

Dans tous les cas, c’est un charme qui opère. La musique vous saisit, vous bouleverse, et tout s’en suit. C’est le moment de la découverte qui est déterminant, quelle que soit l’occasion qui préside à la révélation qui s’en suit.

Révélation : ce terme n’est pas trop fort. Il dit ce rare bonheur qui signe la rencontre de deux sensibilités, a perfect match made in heaven, comme on dit aux USA. Pour ainsi dire une rencontre amoureuse que l’on s’empresse de partager.

  • Via Youtube, Spotify, Deezer, etc…

Créé en 2005, cette plate-forme de streaming permet aux nouvelles générations de découvrir des milliers d’œuvre de toutes les époques.

On peut puiser à volonté dans cette gigantesque base de données musicales au petit bonheur la chance ou systématiquement, c’est selon.

C’est l’occasion pour tout le monde d’aborder des musiques très diverses sans presque aucun a priori. Je dis presque, car même si les goûts des très jeunes en particulier ne sont pas encore arrêtés voire figés, il n’en reste pas moi que le ouï-dire, les biographies, articles et interviews lus dans des magazines ou entendus à la radio, à la télévision et sur le web contribuent, avec plus ou moins de force, à créer une aura qui incite à écouter de préférence tel ou tel artiste.

Si nous voulons aborder des terres vierges sans aucun a priori, il nous faut piocher au hasard dans les noms d’artistes dont ne savons rien. Le look et l’appartenance ethnique de tel ou tel artiste déterminera le choix de certains, tandis que d’autres, les plus aventureux, ne s’arrêteront pas à de telles considérations superficielles, que le préjugé soit favorable ou défavorable.

Il y a fort à parier que nous ne tarderons pas à nous renseigner pour en savoir plus sur l’artiste et son œuvre qui nous a plu voire enthousiasmés, et qu’ainsi, de fil en aiguille, nous emmagasinerons des connaissances historiques et biographiques plus ou moins significatives sur son œuvre. 

  • Par l’approche musicologique

On peut étudier une œuvre en la comparant à des œuvres antérieures, postérieures ou contemporaines de son apparition. Cette mise en perspective élargit considérablement le champ de perception. Dès 67, un musicologue finlandais dit son enthousiasme après avoir assisté à un concert du Jimi Hendrix Expérience à Helsinki. Il souligne le fait que les sons produits par Hendrix - usage magistral du feedback, distorsion du son produit par une pédale fuzz, emploi de l’octavia créée pour Hendrix par Roger Mayer - dépassent en complexité et en attrait les œuvres mûrement réfléchies de Stockhausen.

L’approche musicologique est à mes yeux la plus intéressante, parce que la plus profonde, pour peu qu’elle tienne compte du contexte historique et de la biographie du musicien ou de la musicienne, sans toutefois en surestimer l’importance : il ne s’agira pas d’expliquer de quelque manière que ce soit le surgissement d’une œuvre unique en son genre, fût-ce par un petit miracle : l’enfant prodige, le divin Mozart envoyé par Dieu sur terre pour témoigner d’on ne sait quoi.

Qu’un enfant pauvre de Seattle ait pu devenir l’un des musiciens les plus importants et les plus influents du vingtième siècle relèvent d’un concours de circonstances exceptionnellement favorables. Tout conspirait dans la société américaine d’alors pour que ce musicien prodigieux, virtuose accompli, fantastique blues-shouter et compositeur de génie doublé d’un poète de première grandeur ne voit pas le jour. Beaucoup de chance, c’est-à-dire des rencontres décisives rendues possibles par une grande ouverture d’esprit et beaucoup d’acharnement, de passages à vide aussi, et, au bout du compte la rencontre de Linda Keith à New York qui le présente à Chas Chandler.

Arrivé au bon endroit au bon moment, un jeune bluesman américain s’impose en quelques mois comme la coqueluche des meilleurs musiciens anglais du moment, conquiert le public en proposant une musique et un jeu de scène flamboyant.

Décrire et analyser une œuvre pour mettre en évidence sa singularité, oui ! 

Cette approche à froid n’est évidemment pas la plus spontanée qui soit. Elle peut rebuter à cause de son intellectualisme comme elle peut séduire : je sais d’expérience qu’elle peut recéler bien des surprises. Elle s’adresse à une minorité de passionnés.

Cette approche savante n’est évidemment possible qu’après le choc d’une découverte qui change le cours d’une vie. Les témoignages sont nombreux de gens dont Hendrix a changé la vie à tout jamais.

*

A tout prendre, tout commence par un acte de communication qui met en branle un chemin de découverte dans lequel tendent à se confondre intimement le marcheur et le chemin qui s’ouvre à lui.

Informé ou non, l’auditeur, et précédé d’une aura, d’une réputation l’artiste, peu importe, c’est la rencontre de ces deux entités qui est décisive. Pour qu’elle ait lieu, il faut qu’un certain nombre de conditions favorables soient remplies : l’accès aux biens culturels du passé et du présent n’est pas universel… Aux uns un sain éclectisme, aux autres une niche communautariste où l’on aboie en classique, en rock, en rap, etc…

Certains traits de notre personnalité, notre éducation, notre niveau d’instruction, notre sensibilité, tout cela prédispose à la rencontre avec la musique qui semble faite pour nous. 

On n’analyse rien quand on est sous le charme, mais bien vite mille bonnes raisons se font entendre qui nous confortent dans notre choix instinctif.

Ce n’est que plus tard, la maturité venue, que nous en venons à penser que c’est la musique qui nous a choisis, et non l’inverse.

C’est seulement à ce moment-là que nous pouvons mettre entre parenthèses toutes les causes objectives, toutes les circonstances qui ont présidé à la rencontre décisive et tout le savoir accumulé et ainsi nous laisser aller à ne plus penser mais à ressentir pleinement la sorcellerie évocatoire qui se dégage d’une œuvre que nous aimons autant qu’elle nous aime.

La boucle est alors bouclée : nous retrouvons le pur et simple plaisir d’être immédiatement en accord avec la musique aimée qui désormais nous tient à cœur, après qu’elle nous a bouleversés. 

Il n’y a plus de pourquoi ni de comment : la musique s’impose comme une évidence, et tant pis pour ceux et celles qu’elle laisse indifférents.

Sur ce long chemin, il nous arrive de rencontrer des esprits forts qui dénigrent à plaisir nos goûts. Il vaut mieux les ignorer. Polémiquer ne mène à rien. Ni avec de savants musicologues ni avec de parfaits béotiens.

*

La nostalgie est un moteur puissant dans le domaine des musiques populaires récentes : Ah toute ma jeunesse !

Difficile d’être nostalgique d’époques lointaines, à moins d’être un fieffé passéiste !

Toute nostalgie bue faute de témoins encore vivants, voilà que certaines musiques se retrouvent orphelines, laissée au bon vouloir de ceux et celles qui arrivent après-coup.

Privée d’une tradition unique et indiscutée, une société ne peut qu’engendrer des mémoires capricieuses et concurrentes.

A mes yeux, la nostalgie n’a aucune espèce de valeur et d’intérêt.

Que ceux et celles qui soutiennent à bout de bras la culture de leur choix ne se découragent pas. La relève n’est nullement assurée, la transmission toujours menacée par l’oubli, mais ce n’est pas une raison suffisante pour désespérer. 

 

Des cultures s’organisent, consacrées ou non par les autorités du moment, des mémoires donc, concurrentes, complémentaires voire antagonistes. On pourrait dire la même chose des habitudes de table, si l’on se réfère à la polémique récente opposant le couscous à une bonne viande, un bon vin et un bon fromage !

La Culture avec un grand C, officielle, consacrée, voire panthéonisée, si elle a encore droit de cité - pour combien de temps encore ? - a perdu le monopole de la production de sens.

Au nom d’un commun supposé-fantasmé, on peut le déplorer, mais les faits sont têtus. Il y en a pour tous les goûts ! et c’est très bien ainsi !

*

Nous en sommes là :

Tout un passé charrié par les sons qui furent produits et entendus dans un lieu et un contexte socio-historique bien particulier, passé induisant-incluant tout un passé d’écoutes ultérieures rendues possibles par l’enregistrement sonore à même de conserver une improvisation éphémère et même de rendre compte des étapes par lesquelles passa une œuvre en devenir.

Tout un futur proche arraché au jour le jour comme la mer arrache jour après jour des pans entiers de roches aux falaises crayeuses.

Tout un futur lointain que rien ne laisse présager, les forces en présence ne laissant rien présumer de ce qu’elles seront dans un avenir indéfini.

L’avenir de toute musique est d’appartenir tôt ou tard au passé. Mnémosyne se tient toujours en embuscade.

L’avenir des œuvres ne dépend que de la bonne volonté de ceux et celles qui viendront après, les Nachgeborenen.

Sur l’éventail des possibles, on trouve les gardiens du temple de telle ou telle chapelle musicale, les pourfendeurs de toute innovation musicale voire les ennemis de toute tradition musicale (des puritains de Nouvelle Angleterre par le passé, des islamistes de nos jours).

Au milieu de ce fatras, le marais des indifférents que la musique distrait tout au plus mais ne touche pas. 

*

Une part essentielle de la musique enregistrée appartient à des compagnies privées qui gèrent leur catalogue comme bon leur semble (par souci de rentabilité) : l’accès aux enregistrements passés dépend du bon vouloir de ces compagnies qui évalue le potentiel commercial des œuvres dont elles possèdent les droits.

La musique vivante dépend dans certains secteurs non rentables de subventions d’état (politique culturelle) ou de donateurs privés (mécénat) : la musique vivante dépend donc en partie du bon vouloir de divers acteurs privés ou publics.

L’avenir de la musique dépend des technologies disponibles, de l’émergence de talents nouveaux (écoles de musique ou non), de structures à même de soutenir la création et la diffusion des œuvres (lieux de spectacle, studio d’enregistrement, modes de diffusion) : les musiques à venir dépendent des forces sociales, économiques et politiques en présence à un instant T.

*

Combien d’enfants de toutes origines - et particulièrement combien de jeunes filles - se sont vus hier et se voient encore de nos jours empêchés ne serait-ce que de prendre conscience de leur talent dans un monde régi par la cupidité sans bornes, la recherche du profit à tous crins, la rentabilité érigée en loi d’airain ?

 

Jean-Michel Guyot

6 février 2022

 

 

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