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 Article publié le 8 mai 2022.

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D’une poésie l’autre

A même le sol brumeux

 

Me roule dans tes chairs

Pelote d’épingles

 

C’est que je n’ai Caire le temps

Et surgit l’apostat en bras de chemise

 

Emailléde rougeurs suspectes

Qu’accompagnent les linteaux du doute

 

Noctulescents nuages avariés

En haut pleuvent à n’en plus pouvoir

 

Sur la desserte des mots embouteillés

Un bouchon fait des bonds

 

Carafes de cristal noir s’esclaffent

Ton monde est une bonde, amie

 

Ainsi tu siphonnes les nymphes goulues

A la mer qui n’en peux mais tu les recraches la bouche en cœur

 

Noyaux d’olives noires suries dans les parages de ton sourire

Et drupes s’élancent, caracolent au-devant des miasmes

 

Il pue, le Méphisto, c’est d’ailleurs dans son nom

Qui annonce la couleur cramoisie qu’un rude boxeur met KO séance tenante

 

S’en suit des panaches de lumière nacrée dans la pièce ensoleillée

Le massacre du printemps n’aura pas lieu, dans le gosier des merles

 

Chante la venue du chant entêtant qui reflue dans les gorges cantatrices

Un peuple entier de peupliers salut la prouesse nocturne du rossignol

 

Messien allongé dans les hautes herbes, du jamais vu, des notes en grappes

Sautillent du piano sylvestre dans les mains lestes d’Yvonne

 

Nuées de virgules en quête de phrases tordues

Défraye la chronique

 

Caprices de cabri sur les collines verdoyantes

Le pré vert lentement broie le troupeau bêlant

 

Une géante suce l’alpine douceur

Puis mêle sa langue au miellat de quelques puceaux

 

Le ciel est curieusement androgyne ce soir

 

Jean-Michel Guyot

27 avril 2022

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Commentaires :

  À propos d’e par Patrick Cintas

...réagissant sur cette "androgynéité"
avec humour...

Interrogeant ces temps-ci une retraitée de l’éducation nationale.iste, je lui demandai :

— Qu’est-ce que donc vous faites dans la vie… heu… ? Rien… ?

— Ah ! Pardon, monsieur ! J’écris !

— Et que donc écrivez-vous… ?

— Mais du poési, voyons !

— Vous voulez dire : de la…

— J’ai dit ce qu’il faut dire, monsieur : à votre tour, messieurs, de subir les défauts d’une langue qui confond le neutre avec le masculin alors que nous sommes très féminines. (secoue ses restes)

— Vous êtes donc poèt ?

— On dit aussi poésig, lequel substantif est au féminin, ne vous en déplaise !

— On dit pourtant un zig…

— Et comment vous dites deux zigs… ? Hein ?

— J’avoue que je ne sais plus… La poésie sans e, c’est mâle !

— C’est ce qui vous fait mots, messieurs ! Et moi ça me fait un bien fou !

— Reconnaissons que le lien entre la poésie et la folie est acquis pour toujours, mais êtes-vous née poète… je veux dire : poèt ?

— Je suis née sans ce qui fait de vous un mâle. C’est ce que j’appelle du poési. À Rochefort, voyez-vous… ?

— Je vois, je vois : « Mon fils (ou ma fille) tu travailleras dans un bureau ! » Alors forcément le e de la poésie peut disparaître lui aussi sans que ça ne change rien au devenir de l’homme qui est un femm.

— Je dirais même que le femm est une homeme avec deux e. (jubilant) Vous voyez que c’est logique ! (impérative) Je vous l’avais dit.

— Je comprends, je comprends… « J’écrie » et non point « J’écris »…

— Mettons « J’écri ».

— Il n’était pas question de la disparition du s… Surtout s’il s’agit de le remplacer par un e…

— « J’écri du poési, je suis poèt ». Voilà ce qui a changé depuis Rimbaud. Mais ne vous imaginez pas que c’en est fini de notre révolution poésique, car on sent ici que cette affirmation pourrait rapidement évoluer en « J’cri du posi, jsuispot ». Qu’en pensez-vous… ?

— Je ne suis pas poète… heu… poèt… pot enfin ! Le « posi », cependant, me rend… comment dirais-je…

— Folle.

— (touché) À ce point oh je ne crois pas ! Je ncri point. Ni virgul. Jnmfais pas jug dvos poms. (se tirant la langue au lieu de la tirer) La potiqu est un art sans doute difficile… heu… la potiqu st un art sans dout difficil. Mais un pot sans potiqu n’st pas pot.

— Je vois que vous m’avez comprise.

— Vous voulez dire : compris… ?

— La disparition des œufs ne s’applique pas systématiquement aux pratiques ordinaires du langage. Or du posi… du poési (pour l’instant, car nous n’avons pas encore atteint le degré de perfection qui fera de nous des pots) chacun est libre de l’êtr ou de le dvnir. Nous y allons tout droit !

— J’spr qu cnstpas un mur !

 


 

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