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Article publié le 11 septembre 2022. oOo
Madame de New York que de folies d’orfèvres Pour votre diadème et vos dessous ouvrés Les chiches convoiteux sont à couteaux tirés Que de baisers d’amour vous passent sous les lèvres
Madame de New York je vois vos prétendus Ils arpentent le jour des jardins de vacarmes Ils reprennent la neuille une chanson de charme Crochez-les par le bras à vos moments perdus
Madame de New York je connais une belle Qui chante sur les toits les poètes maudits Elle ouvre les prisons et chauffe les taudis Elle a l’oeil provocant et la mèche rebelle
Madame de New York plus souvent qu’à mon tour J’ai enduré les froids les soifs et les fringales Vos soi-disant féaux m’ont fui comme la gale Et tous ces Prométhées instruisent des vautours
Madame de New York mes chandelles sont mortes Mes plumes émoussées mes vies dans les décors D’un théâtre ambulant mes violons discords Et mon ami Pierrot ne pousse plus ma porte
Madame de New York je me casse le cou A charroyer vos morts vos fils trempés de larmes Vos barriques de poudre et vos ramassis d’armes Ah faites-vous bistrote et payez-moi le coup
Madame de New York parfois je vous l’accorde Quand ma Muse en beauté passe mon mal au bleu Je suis son prisonnier et dans ma tête il pleut Entre deux madrigaux des quatuors à cordes
Madame de New York sur des ciels délavés - Les vois-tu mon pauvre oeil Dis-moi Dors imbécile Ta grasse matinée - des fantoches graciles Dansent la sarabande au-dessus des pavés
Madame de New York dès lors que j’ensemence Un vieux microsillon de mes mots de mes cris De chagrins démodés les chevaux d’un fiacre y Boivent en sabotant une longue romance
Madame de New York votre petite soeur Sur la Seine à Paris craque des allumettes - Quille ôte-toi de là que Le Penseur s’y mette - J’en pince pour ses yeux ses taches de rousseur
Madame de New York qui éclairez le monde Que de fois le bas peuple a porté vos paquets Accrochez à ses nuits des lampions des quinquets Que ne regardez-vous une lieue à la ronde
Madame de New York qui tenez le flambeau Aux amants accordés comme des mandolines Gardez-nous des facteurs des orgues de Staline Des marchands de ricin et des petits cabots
Madame de New York je connais une infante Qui porte la guenille et le bonnet phrygien Elle dort sur la dure et mange avec les chiens A l’ombre des lauriers médaillez les forfantes
Madame de New York tenez-vous le pour dit Vous n’êtes qu’une pute aux vents de l’Atlantique Je vous laisse les clefs et toute la boutique N’en déplaise à Messieurs Eiffel et Bartholdi
Madame de New York ce soir j’ai l’âme grise Un saxo sur le port joue Le Temps des Cerises
Robert VITTON, 1993 |
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