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Article publié le 18 décembre 2022. oOo Il n’est pas question que je mette Une goutte d’eau dans mon vin, Un Rougemont de la comète. Tudieu, chemiqueurs d’allumettes, Pochards, que ce vin est divin !
Il n’est pas question que je signe De mon sang mon arrêt de mort. Les Parques, mâchez la consigne, Je travaille mon Chant du cygne, Sans un regret, sans un remords.
Il est temps que tu testamentes ! J’entends d’ici mes héritiers, Il ne faut plus que je leur mente, Les fesse-mathieux me tourmentent, Je n’eus que de sales métiers.
Il n’est plus question que je vende Mon calame et mon encrier, Je fus tant à court de provende, De pain, de tabac, de buvande, Que mon vers ne sut que crier.
Il n’est plus question que je chante La rose et le coquelicot. Plus rien ici-bas ne m’enchante, Seules quatre lieues de méchante Route au volant de mon tacot.
Il n’est pas question que je meure Au champ d’honneur, dans une peau De poète de l’onzième heure, Et qu’en ma dernière demeure, L’on me porte dans un drapeau.
Il n’est plus question que je prenne Des trains de nuit pour le plaisir. Mon beau navire est en carène Victime du chant des sirènes, Sur les quais, je suis de loisir.
Quoi que je dise, que je fasse, Ma cuirasse aura des défauts, Je ne suis plus qu’une surface, La Camuse montre sa face Hideuse et son altière faux.
Et tous ces gens qui coqueriquent, Coquerico ! Coquerico ! Tous ces découvreurs d’Amériques, À cheval sur une barrique. Que d’eurêka, de qu’es-aco !
Qu’attendais-je sur cette grève Où mes défunts m’ont apparu ? Avec mes longues et mes brèves, J’étais peut-être dans un rêve, C’est pourtant là que je mourus.
Robert VITTON, 2022
Note Chemiquer : appliquer la pâte phosphorée au bout d’une allumette.
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