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![]() oOo La pluie a pétri le corps de la nuit A l’aube, le pain noir des grands peupliers dénudés Pathétiques flèches sans empennage ni encoche Se dresse sur la plaine esseulée Un meurtre de corbeau tournoie Par-dessus le champ vide de moisson Qui jouxte l’impeccable alignement des peupliers Voulu par quelques hommes d’ici Terres humides obligent
Nature hivernale Nature en berne Reprend son souffle L’ahan des sèves L’élan rapace ensommeillés Au seuil du néant
Calleuse présence des joncs frileux qui frissonnent au vent Figés-fichés là sur l’étang gelé Saône s’éveille
Le bourdon du clocher essaime ses sons Sur tout le haut plateau en proie au vent glacial Ici ni föhn ni mistral Mais la bise Vent de nord-est Qui décille les yeux Dessèche les gorges accessibles au chant Oreilles bourdonnent dans le froid glacial
Lance un bloc de pierre de belle taille Sur la surface gelée de l’étang Eprouve sa solidité Et puis lance-toi à ton tour Sur la glace !
Voilà, tu patines sans frein sur l’épaisse couche de glace Recouverte d’une fine pellicule de neige Tes patins crissent doucement dans l’air froid Ton souffle, ton souffle ne rencontre aucune résistance A portée de voix, les épicéas veillent autour de l’étang Ils ne peuvent rien pour toi Il n’y a que toi, tes jambes pour te porter Et ta hardiesse pour défier les éléments
Aux neiges suspendues pendant un temps au fil du ciel Tu préfères l’azur Tu y jettes un bref coup d’œil Avant de rependre ton élan
Glisse, glisse, Mortelle présence !
Jean-Michel Guyot 13 février 2023 |
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