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La censure se porte bien, à nous de la rendre malade
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 Article publié le 12 mars 2023.

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Jusqu’à présent, un présent qui nous renvoie à plusieurs siècles en arrière, mais bien présent, si, comme le dit Carl Dahlhaus, « Le passé, c’est ce qui a survécu du passé, c’est donc une partie du présent. », nous étions tristement habitués, sans jamais nous y faire depuis au moins le dix-neuvième siècle en France, à ce que les « bonnes mœurs » et les Arts rassemblés sous la même bannière servent à l’édification du peuple, c’est-à-dire, dans une perspective élitiste, à l’éducation des faibles d’esprit, et ce de-par la volonté des gens de pouvoir et des gens d’église - l’aristocratie guerrière endormie depuis belle lurette sur ses lauriers fanés et les religieux de tous poils et de toutes obédiences, mais depuis quelques décennies nous voyons monter une nouvelle censure tout aussi malveillante, malfaisante et néfaste portée par des « gens de gauche », qui, s’adonnent à la censure faute de mieux, c’est-à-dire faute de causes plus rafraichissantes comme le fut en son temps la prophétie messianique du Grand Soir ou bien plus modestement faute d’avoir su promouvoir une justice sociale efficiente basée sur le plein emploi, des conditions de travail, des salaires et un logement décents qui respectent des normes écologiques salutaires.

Nos nouveaux censeurs entendent régir la Arts et les Lettres en vouant aux gémonies certaines œuvres du passé et en imposant des normes morales aux œuvres présentes et à venir. La nouvelle morale, qu’est-elle au juste ? le respect des minorités dont le catalogue s’allonge démesurément, depuis que la société française est compartimentée et catégorisée en communautés fermées qui se jaugent, se haïssent, se jalousent ou s’entraident. Ah la fameuse intersectionnalité ! Fini l’individu coupable de tous les maux, fini le grand collectif holiste des temps anciens, place aux communautés prêtes à se foutre sur la gueule et pire encore !

Comment être encore de gauche dans ces conditions ? Ce mot historiquement-linguistiquement bien malheureux ne fait plus guère envie ; il est devenu synonyme de loser, tandis que la droite continue à être synonyme d’arrogance et de mépris de classe, ce qui n’est pas plus réjouissant.

Ne plus être de gauche parce qu’on est de gauche, c’est parvenir à refuser le dualisme étriqué gauche-droite inhérent à la classe politique elle-même déboussolée, voilà bien ce qui, à mon humble avis, a caractérisé l’état d’esprit, durant tout le vingtième siècle, de nos créateurs les plus rétifs à la morale promue par la bourgeoisie, à ses conventions artistiques sclérosées et qui ont su, dans le même temps, le même élan, se tenir à l’écart des sirènes totalitaires, de la plus prestigieuse de toutes, en particulier, je veux dire la sirène communiste et son réalisme soviétique subséquent.

Pour mémoire, Mandelstam, Stravinsky, Fritz Lang et tant d’autres que l’Allemagne nazie ou la Russie communiste ont opprimés, exterminés, réduits au silence ou condamnés à l’exil…

La notion d’art dégénéré, on préfère souvent passer ce douloureux fait sous silence, fut popularisée (et non strictement inventée) par un Juif hongrois d’expression allemande né à Pest en 1849 et mort à Paris en 1923, Simon Maximilian Südfeld, alias Max Nordau, cofondateur de l’Organisation sioniste mondiale avec Theodor Herzl, dans son ouvrage Entartung/ Dégénérescence, dont les analyses et les conclusions furent adoptées par, je vous le donne en mille, les nazis, les plus furieux régenteurs des Arts qui furent jamais sur cette terre, et aussi les plus grands pilleurs d’œuvre d’art de toute l’histoire de l’humanité !

Ce triste sire de Nordau considérait le phénomène « fin de siècle » (en français dans le texte allemand…) comme étant responsable de la dégénérescence dans l’art et dans la société due selon lui à « un mépris pour les valeurs traditionnelles des usages et de la moralité ».

On sait tous qu’usages et moralité changent grandement au cours du temps. O tempora, o mores ! Nos censeurs de gauche ont le vent en poupe et les vieux réacs sont toujours en embuscade, voilà de quoi inquiéter les esprits libres…

Pris en tenaille entre ces deux tendances mortifères, nous voilà bien barrés !

Que faire ? serrer les dents et les poings ? Mieux vaut leur cracher à la gueule, avant qu’ils ne nous embastillent, nous réduisent au silence ou nous fassent crever dans des camps !

 

Jean-Michel Guyot

6 février 2023

 

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