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III - serena
L’enquête de Frank Chercos - chapitre XXIII - 11

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 Article publié le 26 mars 2023.

oOo

Le parvis de la préfecture, où s’était tenue cette conférence de Presse sous l’égide du Parquet, se peuplait rapidement et même dangereusement, selon l’impression partagée en haut lieu. On fit venir du renfort. Une statue faillit bien être renversée. Des bousculades plus ou moins hardies changeaient l’aspect de la foule en des endroits que les forces de l’ordre chargeaient aussitôt, ce qui modifiait encore les alentours et d’autres rixes prenaient forme sous les lampions. Le comte Fabrice de Vermort était déçu, et même atteint dans sa dignité d’amuseur public. L’intérêt général s’était déplacé, détournant l’attention du lecteur qui, à l’origine toute portée sur l’évènement crucial (c’est le cas de le dire) que constituait la sortie de prison de Ben Balada, n’avait maintenant d’yeux et de raison que pour cet assassinat d’extraterrestre perpétré, pour augmenter l’intérêt de la chose, dans le château même de ce comte qui, traversant la foule en parfait inconnu, avait tenté d’assister à la conférence donnée par le Parquet. Il n’y était pas invité, mais n’était-il pas concerné, en tant que premier suspect, car il n’avait pas tiré le deuxième coup et ce non-geste réclamait une explication. On n’en parla pourtant pas durant la conférence où il ne fut question que de Frank Chercos qu’on soupçonnait, tenez-vous bien, d’être le deuxième extraterrestre, le #2, et de surcroit l’assassin du premier. Et pour compliquer encore les faits, ce policier joué par un journaliste de La Méridienne (si j’ai bien compris) nous faisait un AVC qui le rendait impropre à toute inquisition, qu’elle fût menée par Pinget ou par n’importe qui on en avait cure. Mais pris dans les exagérations conversationnelles qui opposèrent les intellectuels armés de matraques et les cons qui étaient venus sans, le comte renonça à en savoir plus et trouva un chemin plus secret pour disparaître ou s’éloigner de ces lieux infréquentables sans y paraître. Il ne lui fallut pas longtemps pour se retrouver devant le comptoir de Barman qui justement réceptionnait des cageots prometteurs.

— Vous êtes soupçonné, il paraît… dit Barman en haletant à cause d’un cageot qui pesait sur son épaule.

— Hé bé té…

— À cause du deuxième coup…

— Il n’est pas parti.

— Manque de pot ou d’entretien…

— Cependant, après vérification du mécanisme, on ne comprend pas pourquoi il n’est pas parti.

— La poudre était mouillée…

— La cartouche a bien pété au laboratoire.

— Manque de pot.

— Et la comtesse est la seule témoin…

— (voix grosse) Votre épouse, tout de même…

— Elle ne peut pas dire si j’ai actionné la détente. Elle ne le dira pas.

— Elle aurait pu le dire.

— Je ne vous le fais pas dire !

Mais Barman, pris au piège de ces considérations en cours d’analyse par plus expert que lui, n’avait pas envie d’en dire plus. Il descendit et remonta de la cave avec autant de cageots. Enfin, il referma la trappe. Le comte avait vidé son verre. Il commençait à piquer du nez. Pardi, à cet âge ! C’est qu’il s’en est passé, du temps ! On en a même perdu le fil.

— Du coup mon jeu n’attire plus grand monde… Ben Balada est remisé avec les histoires trop anciennes pour avoir encore un sens. Fi !

— C’est que je l’aimais bien, moi, notre extraterrestre. Je le croyais même éternel, c’est vous dire !

— Je ne l’ai pas tué.

— Qui c’est ce Frank Chercos ?

— Vous voulez dire : est-ce que c’est le Frank Chercos que nous avons connu enfant quand nous l’étions nous aussi, enfants ?

— Si c’est le #2, comment ça s’est passé qu’on n’a rien vu… ?

— Il faudrait peut-être demander ça à maître Russel… Il m’a bien servi dans l’affaire Ben Balada. Il peut servir encore…

— Sauf qu’avec son AVC…

— Comme vous dites.

— On va se rendre malheureux avec tout ça, té !

 

 

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