au milieu du chemin entre les lettres
je me retrouvai par une forêt obscure
quoi ? un trou du fond du mur du fond ?
la voix peut-être perdue ?
ah ! dire
cette forêt de lettres féroces et âpres
qui renouvelle la peur comme parler
la pensée !
oh si bonne peur que mauvaise l’est à peine plus
mais pour traiter du dire que j’y trouvai
je dirai des choses que j’avais peine à imaginer
mot vent flèche à l’assassin….
je ne sais pas bien redire comment j’y entrai
tant je fus plein de vigueur parlante
en ce point où j’abandonnai la voix intérieure
et j’entrai !
je pris toutes les lettres sous les aisselles
et les pieds qui furent comme jetés au ciel
et de tous les pieds et bras mêlés je fis
des pieds-lettres entortillés ensemble
tout autour de moi qui forçai
mille mots à mille pattes
et tant qu’une fumée couvrit mon corps
de nouvelles couleurs du rouge sang et
du noir qui fit pousser les mots
les uns sur les autres
sans détourner les yeux du trou
et ainsi d’être
au centre du milieu d’autour de rien
Jacques Cauda