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![]() oOo Filandres au soleil gravissent la pente ailée Et torves les bouches nombreuses de quelques fourches serpentines Appelées, ici, à juger de tout
Tranchant, l’acier des douves Quelques nénuphars hilares y sont postés en embuscade Tandis que, souverain, une libellule bleue ose se poser Sur le sein rebelle de la Belle qui feint de dormir La verge de porphyre qui la pénètre ne cesse de s’écailler en son sein Tandis que dans son ventre bataille l’épervier qui, soudain, rosse le phénix apprivoisé Qui, jadis, devant la Belle toute nue, osa se comparer au soleil levant Avant de s’engouffrer en elle Toutes ailes déployées
Devenu immense l’espace d’un instant, Le ventre de la Belle palpita au rythme de ses spasmes gourmands Avant que de s’abattre sur elle, La perçant de mille cris stridents Sa tête en feu, visage rayonnant, Se fit le rival du soleil En ses filandres Nuages bas, gris-bleus comme ses yeux, N’en finissant pas de démêler les paillettes d’or de ses iris furieux Un scarabée passant dans son champ de vision Vint chatouiller son petit bouton Par tous les pores de sa peau blanche Exsuda une liqueur forte qui sentait le foin fraîchement coupé Depuis lors, en ses rêveries, offerte cuisses écartées dans sa chaise longue, La Belle ne cesse d’en appeler à la faveur des onguents Qui, parcimonieusement, viennent flatter l’incarnat de sa peau de femme nue Exposée au soleil de midi Rousses, les taches ainsi nées de sa ferveur équine sur son visage rieur Acquises au grand dam des fleurs d’aubépine Qu’elle se plaît à faire neiger sur sa poitrine Dès les beaux jours arrivés Mai en elle se plaît Comme cheval dans les prés fleuris Mais c’est l’été, l’été furieux Qui l’appelle des nuits entières Ses gestes, alors, pour brusques qu’ils soient, Sont d’une intense précision La nuit fouette ses fesses, ses seins et son ventre Remue en elle des abimes de couleurs Toupie de nuit fore son anus Malaxe ses seins brunis En la personne aimée de son chevalier fervent
Lève en elle le levain des jours heureux Dans le pétrin desquels son amant pétrit La fine fleur de blé à l’eau et au sel mêlée Devenue cette pâte à pain ductile en son sein Qui doucement cuira dans le four à pain de leurs vices Et que leurs bouches gourmandes, bientôt, déchireront à belles dents
De sa langue poudreuse, un laquais aux aguets ivre d’images salaces Lape la surface des eaux hilares Et c’est comme larrons en foire que se dispersent dans les yeux de la Belle Qui n’en perd pas une miette Les paroles âcres d’une chanson vénéneuse Rapportée des iles par feu son époux Qui n’en peut mais à l’étroit qu’il est Dans sa tombe fleurie
Jean-Michel Guyot 13 mai 2023 |
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