À sa fenêtre, un rossignol en cage, de la misère en pot, du linge de corps et de table.

J’agite une crécelle sur le parvis Notre-Dame, je crève un tambour de Biscaye sur la place du Tertre, j’embouche une trompette de Jéricho sur les remparts et les murailles de Paris, je sonne de l’olifant de Roland sur la montagne Sainte-Geneviève qui accouche d’une souris, je scie un rebec au coin de la rue Mouffetard, j’étreins un inconsolable soufflet à frissons à la porte condamnée d’un bastringue des années folichonnes, je me crispe au son d’un crincrin sous les lanternes rouges de rencontre, je laisse la tirette d’un harmonica pour la manivelle d’un harmonipan, ce cabinet d’orgue à la barbe rieuse de Barberi de Modène sur les pas des chemineaux pulvérulents du boulevard des Italiens, je pince les cordes sensibles d’une turlurette fière de ses ouïes dans les cours, je sérénade sous les volets clos, entrebâillés ou grand ouvert

s de mon quartier. On me jette des menaces, des œufs, des seaux d’eau… On me jette des mots, des habits de vinaigre, de la menuaille, des baisers. On jette des os pour ma cagne, ma clébarde de bonne garde et de bonne guette, qui ne me quitte pas d’une semelle. Gare les crocs ! D’un œil, elle veille sur mon havresac, sur mon vélo et sa remorque pleine de mes instruments de croque-notes.

À sa fenêtre, une cage vide, de la marjolaine, des dentelles et des bas de soie.

Robert VITTON, 2023