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Hypocrisies - Égoïsmes *
Alice Qand XXIX

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 Article publié le 18 juin 2023.

oOo

Je ne sais pas pourquoi je raconte tout ça (là, c’est moi qui parle). Comme si le Monde cherchait à entrer dans le mien. Cette intrusion me rendrait-elle malade ? C’est déjà difficile, et quelquefois même suicidaire, de regarder en soi, l’œil à peine posé ici ou là sur ce qui nous entoure. On est à la recherche d’une béquille et on la trouve peut-être, femme, enfant, ami, animal de compagnie, roman à faire ou à défaire, et la télévision s’interpose. Qui feuillète à notre place ? Le zapping est conçu pour nous donner l’illusion de décider du spectacle. Qu’est-ce qu’on choisit ? Avec qui partage-t-on ces heures, à la limite du travail nécessaire ? À la ville comme à la campagne, la vie n’explique rien : elle impose ses lois, comme dit Victor. J’avais trouvé une coupure de journal dans les papiers de Julien Magloire, une citation qui, écrivait-il en marge (ce monsieur écrivait mais personne n’avait la prétention de le publier), était due à la plume d’Alfred Tulipe (qui écrivait lui aussi mais ne publiait pas) : « Ici, peu de schizos, beaucoup de paranos et surtout énormément de cons. » Je ne sais pas si Julien Magloire vous en a parlé au cours de vos interminables et innombrables entretiens… Sans doute… Il écrivait tellement de coquilles vides qu’elles se ressemblaient toutes comme les gouttes qui nous tombent dessus en attendant que la cendre propose ses vortex de poésie nucléaire. Les schizos, les paranos et les cons. Alfred Tulipe ne voyait-il pas plus loin quand il regardait la télé ? Pratique dangereuse ou osée des dissociations, à quel endroit de cette recherche en sous-sol la mort l’avait-elle fixé pour toujours ? À Brindisi, il avait confié une clé à Julien Magloire. Elle contenait toute son œuvre, preuve qu’il y tenait comme il se serait accroché à la vie s’il en avait eu la possibilité. Mais en général (c’est le flic qui parle) l’assassin ne laisse aucune autre issue que la mort à celui ou celle qu’il a décidé de rayer des paroisses. Je n’avais pas mis la main sur ce trésor caché. Il se trouvait peut-être dans le classeur sécurisé que le docteur Fouinard avait confié à son successeur dans l’attente d’un procès qui s’annonçait cousu de moralités en tout genre à cause de la nature pédophilique de la victime. Un acte isolé, précisait la Presse au nom du peuple. D’autres pensaient à un complot et j’étais de ceux-là, genre parano parce que je suis constructif à défaut d’être cohérent. Mais con, je ne l’ai jamais été ! Et à l’heure où je vous parle, je ne le suis toujours pas. Pas plus que sur cette île qui se peuplait de naufragés hagards ou furieux, comme si c’était au silence immobile ou aux idées extrêmes qu’il était temps de confier le devenir de sa petite personne. Si l’eau ne se retirait pas (comme on dit dans la Presse qui voit dans cette retraite l’aveu d’une défaite), et si la pluie cessait de limiter la profondeur de champ à l’autre rive (une autre île ou un détour de la nôtre), nous finirions par nous livrer corps et âme à l’exercice immémorial de l’Exploration, avec ce que cela suppose de héros sacrifiés et de théories de l’Histoire. Mais il ne semblait pas que quelqu’un de plus charitable que les autres eût conçu à mon égard une idée claire de mon utilité. Pourtant, en manœuvrant le ballon jusqu’à eux, soutenant avec les pieds le corps presque mort de Phile qui avait avalé une quantité d’eau susceptible de réduire ses poumons à de la charpie, j’avais démontré ma capacité non seulement à lutter contre les éléments mais aussi à concevoir une stratégie de survie. Seulement voilà, je ne parvenais plus à exprimer mes idées ni mes sentiments. Même mes mains ne retrouvaient pas le langage des signes les plus communs. À part ce « Mo ! Mo ! Mo ! » et ce qui pouvait passer, de loin, pour de l’applaudissement, j’étais privé de communication, dans la mesure où « Mo ! » était diversement interprété par mes auditeurs et « Clap ! » vu comme un signe de joie ou une manière comme une autre de demander la parole, laquelle je ne possédais pas. Le ballon, soigneusement arrimé au tronc d’un arbre couché qui servait de tribune à l’assemblée autodésignée, recevait les séquences d’un registre d’attention destiné à préserver son volume et l’intégrité de sa surface. On se méfiait particulièrement d’un gosse qui rôdait avec des épines pleins les poches. Phile, qui s’y connaissait en enfant, lui avait ôté son pantalon dans la seule intention de lui en interdire les poches et les ourlets. Mais on le vit plus tard tenter de l’enfiler, car le sien avait été emporté par les eaux tandis que nous les descendions et que mes jambes s’efforçaient de lui épargner la noyade. Cette histoire de pantalon me rendait fou. Un tas de gens avaient perdu leurs vêtements, quelquefois de bas en haut et ils s’habillaient de feuilles et de déchets trouvés sur le rivage dans un fouillis de branches et de cadavres que les oiseaux commençaient à visiter, sous le regard envieux des animaux rassemblés sur l’autre berge. Si je me trouvais parmi les membres de l’Assemblée, c’était grâce à Phile qui, en qualité de secrétaire particulier du maire, possédait les compétences requises en cas de situation exceptionnelle. Lorgnait-il mon pantalon ? Je l’ignorais, mais je commençais à me méfier de lui. La perte de Sally Sabat et de Chico Chica m’affectait durement, ainsi que la défection d’Alice Qand qui n’avait plus de secret pour moi. La question de savoir avec quoi elle me sodomisait dans la lingerie à Sainte-* commençait aussi à se poser avec autant d’acuité que celles concernant non seulement les intentions de Phile à mon encontre, mais aussi celle de sa véritable identité, relativement à la personnalité graveleuse de la victime du docteur Fouinard. Je n’avais pas beaucoup avancé dans mon enquête officieuse. Cependant, ces pièces éparses prenaient du sens. Une folle envie d’écrire me travaillait l’anus, à la manière du nouveau détenu qui marche dans le couloir dont une porte est ouverte, tenue par un gardien qui lui ressemble. Qu’est-ce que j’allais devenir dans cette nouvelle société issue de l’action conjointe de la Nature et du Terrorisme ? Ou bien : les choses allaient-elles reprendre leur cours avec pour seul changement de surface ma propre infortune : on penserait que j’avais séquestré Julien (pas Magloire) malgré les récriminations de l’enfant : comment expliquer cet acte fou à ma hiérarchie, si toutefois je n’en étais pas honteusement radié ? Qui avait remplacé provisoirement le docteur Panglas à son poste de directeur de Sainte-* ? Comment avouer, avant toute mise en accusation, que je n’étais pas auxiliaire psychiatrique, mais un flic en mission d’infiltration avec pour mission de coincer l’assassin d’Alfred Tulipe ? Je ne pouvais pas former de mots avec ma bouche ! Et mes mains ne dessinaient que des ronds ! Le gosse, accroupi dans sa chemise, les genoux sous le menton, me demanda si j’avais toujours été fou. Il connaissait des fous, mais certains ne l’avaient pas toujours été. Pouvait-il regonfler le ballon à ma place ? Il supposait que, comme cette tâche me revenait par décision de l’Assemblée formée cette fois en Conseil, j’avais le pouvoir de la déléguer à la personne de mon choix et sans avoir à le justifier. Il insistait particulièrement sur cette possibilité de tenir au frais ces explications facultatives. Imaginait-il que je lui en offrirais la primeur si jamais je décidais de le laisser user de la valve à condition d’en faire l’usage qui était prévu par le règlement ? Il demeurait la bouche ouverte et les yeux écarquillés en attendant ma réponse : mais je fis « Mo ! Mo ! Mo ! » ou dessinai un rond, je ne sais plus (maintenant que vous me le demandez). Je m’accroupis moi aussi, prêt à bondir en cas d’infraction. Pourquoi menaçais-je cet enfant ? Phile me surveillait dans le miroir de son poudrier. Quelle serait sa réaction si je permettais à l’enfant de souffler dans la valve ? Voilà à quoi les circonstances m’avaient réduit.

Je vous ai raconté tout ça pour votre gouverne… Je craignais surtout que l’hémorragie ou le caillot ne fût en train de préparer une récidive, auquel cas mon état n’évoluerait certainement pas dans le sens d’une amélioration. J’étais peut-être sur le point de perdre tout contact avec la réalité. Cette seule idée m’épouvantait. Je voyais déjà des créatures déformer le plan que mes yeux se limitaient à surveiller en attendant que la toile se déchire sous l’effet d’une serre ou d’une mâchoire. Il n’est pas facile de se résoudre ainsi à ce qui revêt immanquablement l’aspect d’un surnaturel hérité de la tradition la moins discutée. Mais sans moyen de communication, je tournais en rond dans cette espèce d’oubliette. Qu’est-ce que le gosse lisait dans mes yeux ? Il s’était approché, maintenant non pas dans l’attente d’une réponse relative au ballon, mais pour scruter mon visage, revenant toujours à mes yeux que son index hésitait à toucher. J’étais paralysé par cette exploration inattendue de la part d’un possible orphelin. Aucun cri de mère aux alentours pour le rappeler à l’ordre imposé par la pratique familiale. Je ne pouvais même pas lui demander s’il avait perdu les siens, s’il les avait vu mourir ou seulement s’éloigner comme cela arrive au premier acte des tragédies dont le deuxième initie une aventure dans le Monde perçu d’emblée comme interminable. Phile appuya sur le ballon, creusant un puits qu’il estima « limite ». Je me levai pour exécuter la tâche qui faisait envie au gosse. Phile me flatta le dos. Il le caressa comme s’il était recouvert d’une fourrure. Le pantalon du gosse était plié dans la poche de sa chemise. Il avait renoncé à l’enfiler pour dissimuler sa constante érection. S’agissait-il de priapisme ? Comme si une puissance supérieure me mettait sous les yeux la relation qui existait entre ce Phile et Julien (Magloire)… Je décapuchonnai la valve et appliquait ma bouche sur cette ouverture qui avait à peine eu le temps de siffler. L’air entrait comme un étranger dans la maison, provoquant un broyage d’échos métalliques. La paroi se durcit. J’attendais le signal de Phile pour cesser de souffler et replacer le capuchon à cheval sur le tuyau. Le gosse s’était approché, oubliant de tenir sa chemise sur ses genoux. La quéquette était agitée de soubresauts, mais sans érection. Phile allait-il rendre à son petit propriétaire le pantalon qui le préservait de toute impudeur susceptible d’attirer le prédateur ? Se pouvait-il que j’intervienne dans cet intolérable spectacle en me privant de mon propre pantalon ? Phile l’enfilerait-il ? Et s’il l’enfilait, rendrait-il le petit pantalon à ce gosse qui ne songeait présentement qu’à gonfler le ballon au moins une fois avant de nous quitter et rejoindre les siens, s’il en avait encore ? Je le pris dans mes bras et m’éloignai. Phile se contenta de tapoter le ballon qui émit une série d’échos et commença à rebondir. Le gosse le voyait par-dessus mon épaule. Il avait une terrible envie de jouer. Bien sûr, un coup de pied intempestif enverrait peut-être le ballon dans l’eau où il reprendrait sa folle route vers on ne savait quel pays de Cocagne. Qui se posait la question de savoir si je plongerais pour le rattraper ? Et si je le rattrapais, lutterais-je contre le courant pour revenir parmi vous ? Abandonnerais-je ce gosse à son sort de proie facile ? Il me donna des coups de pieds dans le ventre. Il voulait jouer avec Phile. Il avait compris que je n’avais aucun pouvoir sur le ballon. Phile était en chemise, comme lui. Il se fichait de son petit pantalon. La femme dit (car il n’y avait qu’une femme parmi nous) :

« Vous n’avez pas honte ! Viens ici, toi !

— Où en êtes-vous avec mon pantalon ? dit Phile sans cesser de jouer avec le ballon, le lançant en l’air cette fois, ce qui émerveilla l’enfant.

— Je récupère du fil en ce moment, dit la femme. (Elle tenait fermement la main de l’enfant qui trépignait) Heureusement que j’ai toujours une aiguille sur moi. (Phile frémit et cessa de jouer, le ballon se tut) Mais je n’ai que deux mains ! Vous ne savez rien faire d’autre ?

— Taillez-moi un pantalon et fermez-la ! Vous feriez bien de surveiller votre langage, madame… La Révolution est en marche. Vous n’avez aucune idée de ce qui va arriver maintenant…

— La Bombe finira par péter ! Et alors… malheureux que nous sommes !

— Le Député prétend le contraire, madame. Constatez par vous-même : pas d’explosion. Et donc pas de Retombée d’aucune sorte. L’eau se retirera un jour ou l’autre. Des choses seront englouties à jamais. Cependant, la Terre demeurera la nôtre. Les enfants seront les nôtres. Les personnages seront parmi nous, mieux qu’au spectacle… !

— Vous rêvez, mon pauvre vieux… Qu’est-ce que vous comptez faire de ce ballon ?

— Il figurera un jour sur notre Drapeau ! Le ballon de l’Enfance ! Nous ne pourrons plus nous en passer.

— Sauf si la Bombe explose… Mais ce ballon pourrait bien exploser avant elle si… (exhaussant l’aiguille)

— Salope ! » cria le gosse.

Il lui martela le visage de ses petits poings vengeurs. La femme n’eut pas beaucoup de mal à enfermer ces poings dans le sien, mais l’aiguille tomba dans l’herbe que l’on avait précédemment beaucoup trépignée dans l’action. Le gosse glissa le long de ce corps en déséquilibre et rejoignit le ballon, tenant cette fois un pan de la chemise de Phile. La femme se jeta à quatre pattes dans l’herbe. Comme elle avait perdu ses lunettes, elle dut presque coller son visage aux poignées d’herbes que nous avions arrachées puis trépignées dans un précédent combat pour la propriété du ballon. Phile avait gagné et il avait fait de moi son adjoint. La femme n’avait pas de culotte. Je me demandais où étaient passées toutes ces culottes… Je n’avais jamais eu l’occasion de reluquer tant de culs sur le même écran.

— Elle ne pourra pas crever le ballon, dit le gosse sur un ton si agressif que Phile tenta de reculer (mais le gosse le tenait par le pan de chemise).

— Idiot ! dit Phile. Sans aiguille, elle ne pourra pas confectionner mon pantalon. Si tu avais été plus grand, je me serais contenté d’enfiler le tien. Je me demande bien à quoi tu sers, tiens ! »

Le gosse lâcha le pan et recula. Le ballon reposait à peine sur le sol, en équilibre parfaitement instable. Un coup de vent l’eût envoyé à la baille, mais il ne ventait pas. La pluie tombait en douceur, comme la neige des moments de bonheur. Il y avait des buissons d’épines alentour, mais n’avons-nous pas perdu la dextérité de nos ancêtres au point de ne plus savoir fabriquer une aiguille à coudre à partir d’une simple épine végétale ? Phile me fit signe de participer à la recherche. Au passage, je pus admirer le cul de la femme. Ce n’était pas une vieille femme. Elle sentait la merde faute de savoir se torcher avec une poignée de feuilles arrachées à un noisetier. Je m’agenouillai, sentant la terre tourmenter mes rotules à travers la toile de mon pantalon. Ses genoux à elle étaient nus. Elle grattait les herbes avec méthode, comme si elle fouillait les sables d’Égypte ou les flans venimeux d’une île grecque. Elle pleurait, partagée entre la colère et le désespoir.

« Mo ! Mo ! Mo !

— Qu’est-ce que j’aurais aimé épouser un homme privé de connexion ! Savoir que son cerveau se balade quelque part où il n’est pas possible d’aller soi-même sans devenir la proie des théories les mieux intentionnées. Le voir applaudir même aux plus scandaleuses interprétations. Et coucher dans son lit pour profiter de sa capacité à mettre du beurre dans les épinards de la fantasmagorie féminine. Dieu seul sait d’où je viens. Et en attendant d’y retourner, ô gloire des morts, j’ai la possibilité de vivre comme je l’entends. Malheur ! Il a fallu que ça finisse par arriver : et au point de rencontre entre la Nature et la Terreur, je cherche une aiguille pour bâtir un pantalon ! « Mo ! Mo ! Mo ! » qu’il dit. Ce qui pendouille entre ses jambes promet de joyeuses fêtes de fin d’année ! Car nous ne savons pas si le principe même d’année est encore à l’ordre du jour là-haut ou où que ce soit qui n’est pas ici. Des cons, écrit Alfred Tulipe. Pas moyen de s’élever au-dessus de cette triste condition humaine sans s’adonner à la pratique de la paranoïa. Construction et système. La perception en prend un coup mais sans interdire l’exercice de la pensée et du travail. Faut-il se réjouir chaque fois qu’un con devient parano à la seule force de son poignet. Ô glands et clitoris ! Profondeurs et surfaces ! Vers quoi s’élever maintenant si on est heureux comme ça ? Laissez-les vivre dans la fiction et le déni. Et donnez-leur leur pain quotidien, sur la terre ou ailleurs. Vous en feriez quoi des schizos ? Imaginer un monde sans le Monde ? Si c’est à ça que vous pensez réduire le roman, monsieur Alfred Tulipe, personne ne vous lira…

— « Mo ! Mo ! Mo ! » (Vous connaissez Alfred Tulipe… ? dis-je en suppliant mon ami Phile de poser la question à ma place, ce qu’il fit)

— Vous connaissez Alfred Tulipe… ?

— J’ai voyagé avec lui. J’aurais pu lui sauver la vie s’il avait coulé avec nous…

— Vous avez coulé… ? Vous voulez dire… Vous avez sauvé Julien Magloire… ?

— Oh ! il ne s’appelait encore Julien Magloire ! Il était inscrit sur le rôle comme Titien Labastos… Première fois que j’entendais ce nom… Il prétendait écrire les romans de l’avenir. Il les appelait comme ça… Il nous en parlait sur le rouf des nababs. Il voulait briller de feux dont il n’avait pas encore trouvé la flamme. Alfred Tulipe nous rejoignait rarement, mais c’était toujours un plaisir de l’écouter justifier son refus de publier quoi que ce soit. Titien Labastos n’osait pas lui dire ce qu’il pensait de cette « attitude pour le moins absurde de la part de quelqu’un qui prétendait prendre le relais des œuvres déjà mortes… »

— Que saviez-vous de l’œuvre d’Alfred Tulipe ?

— Mais rien mon vieux ! (Non, ça, c’est une aiguille de pin… Cherchez encore !) Personne n’a jamais rien lu de lui. Comment voulez-vous ? On ne lit pas Alfred Tulipe, on l’écoute, en croisière comme au lit. Mais il est mort à l’hôpital à Brindisi pendant une escale technique mise à profit par la plupart d’entre nous, non pas pour mourir avec Virgile, mais pour satisfaire notre curiosité touristique. Il faut savoir se limiter, mon vieux, si on ne veut pas finir à la poubelle de la gloire ! (Encore une aiguille de pin ! Mais qu’est-ce que vous prétendez, Momo ? Me soumettre à l’esprit mémoriel qui détraque nos réseaux même les mieux pensés…) Le Temibile a coulé quelques jours plus tard…

— « Mo ! Mo ! Mo ! » (Autrement dit : Je suis heureux de rencontrer l’énigmatique Élise Gagnate dont il est question dans ce que j’ai pu digitaliser des écrits de Julien Magloire…)

— C’est ça, amigo ! Pour l’archéologie de l’outil, on verra plus tard… Jamais de ma vie je n’avais perdu autant de temps… Et laissez donc cet enfant tranquille !

— Vous vous trompez… Ce sont vos seins pendouillants qui m’inspirent… heu… ce que vous voyez faute de pantalon pour en limiter la croissance…

— Priapisme… Julien Magloire s’en plaignait, je me souviens. Je me demande ce qu’il est devenu…

Il vit à Sainte-* depuis trente ans ou plus… ce qui ne vous rajeunit pas, Élise… Il était en attente de shunt quand la Nature et la Terreur ont changé le Monde… Sally, Alice et moi…

— « Mo ! Mo ! Mo ! » « Mo ! Mo ! Mo ! » Quel casse-pied celui-là ! Pas foutu de faire la différence entre une aiguille de pin et une aiguille à coudre ! Heu… Méfiez-vous du gosse… Il a une épine dans la main… Le ballon… Je n’y tiens pas personnellement… Je ne vois pas à quoi il pourrait bien servir mes intérêts… D’ailleurs quels sont-ils ces intérêts ? J’aurais dû y penser avant… Mais nous a-t-on prévenus ? Non, n’est-ce pas ? Nous étions loin de nous préparer à une pareille catastrophe ! Qui se serait imaginé que la Nature et la terreur… ? Oh ! Mon dieu !

— Vous avez trouvé l’aiguille… ? Elle est cassée… Ça ne se casse pas en tombant, une aiguille…

— Je me suis piquée… Ou je l’ai été… Allez donc savoir ce qui nous arrive quand on commence à tourner en rond… Je ne suis pas faite pour ça ! Ni même pour confectionner des pantalons… Ma sœur et moi…

— Oh ! Ne compliquez pas ! Quelque chose brille dans l’herbe…

— Une de mes larmes…

— Mo ! Mo ! Mo !

 

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