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V - ALBA
Coups de théâtre

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 Article publié le 3 décembre 2023.

oOo

Dans tous les arts, le plaisir croît avec la connaissance que l’on a d’eux.
E. Hemingway, Mort dans l’après-midi.

I

Comme ça, vu d’en bas, la corde a l’air authentique, mais si elle l’était, Violette ne mettrait pas la table dessous, et même elle n’aurait pas investi cette maison, elle coucherait dehors plutôt que de vivre en compagnie d’une corde qui a servi à étrangler un type qu’on connaissait à peine, ici, car c’était son premier été parmi eux. Et il n’était pas là par hasard. Certes, nous ignorions que la finca n’appartenait pas à Joaquín à 100%. Nous ne savions rien de ce comte qui vint plus tard planter sa tente en marge d’un chantier hôtelier dont il était, avec Joaquín et le papa de Klaus, un des initiateurs, à quel degré, je n’en sais toujours rien, je ne suis pas là-dedans, moi, dans ces histoires de fric qu’on se fait en terre abandonnée par ses fils et ses filles, je ne suis qu’un capitaine qui est parti déjeuner et les marins en ont profité pour s’emparer du bateau, d’ailleurs le déjeuner en question est frugal, pour ne pas dire léger, même si Violette a parfaitement assimilé les techniques de cuisson et les bases rudimentaires de la cuisine locale, même si l’anis est de composition et de fabrication artisanales, même si le langage s’est perdu dans les ruines, les chemins enfouis sous une couche archéologique de poussière plus vieille que le monde, pas de feuilles qui se déposent sagement selon l’ordre des choses, pas de rigoles et autres aqueducs où se nichent la perdrix et l’iguane, plus bas les engins de terrassement démolissent le paysage qui a nourri nos espoirs pendant dix ans et on est là comme des flans à regarder ce spectacle comme on se plante devant la télé.

II

On a chaulé, cimenté, remplacé une solive ou un chevron ici et là, recollé de la dalle où il y en avait et retassé la terre et son mâchefer sous nos pieds. On ne dort plus la nuit et le jour on s’ennuie. Joaquín monte les matériaux dans son cageot, la nourriture aussi, en ce moment il cultive des artichauts et ses Roumains le pillent, pas de gosses noyés dans le bassin d’irrigation, il a même une aventure sexuelle avec une Gitanilla qui ne doit pas être beaucoup plus âgée que Léona, ce qui explique son érection constante. On n’évoque jamais l’histoire du pendu. Pourtant, elle m’inspire, sa méconnaissance m’inspire, je passe beaucoup de temps devant mon laptop, je soigne mes vieux disques durs, je surveille les arborescences, quelque chose de romanesque est né en moi depuis que notre histoire en est devenu une, après dix ans de néant passé à voir grandir, en taille et en connerie, la petite Léona qui a désormais ses idées sur le monde et ses habitants, elle n’en changera jamais, c’est une flèche qu’on n’a pas fait exprès de tirer, Violette et moi, mais la cible est en plein soleil et à si peu de distance qu’on sait bien où elle va finalement s’enfoncer.

III

Je dis ça parce que je n’ai rien à dire. C’est autre chose quand j’écris. Je façonne moi-même les statuettes, je les place dans le décor, elles sont si ressemblantes que des fois je leur écrase le visage pour éviter les critiques, même si personne n’entre dans mon antre, sous la toiture qui sent encore le vieux temps et ses passagers qui ne sont allés nulle part, si j’ai bien compris. Il n’y a pas d’existence vivable sans ce théâtre parallèle. Il faut se ménager deux vies si c’est ne pas mourir maintenant qu’on veut. Je le veux. Enfin : je le voulais. Je ne le peux plus aujourd’hui. Et pourtant je l’ai gagnée, ma solitude !

IV

Bref on s’est installé dans la ferme du pendu. On a changé sa corde pour une autre qui n’avait jamais pendu personne à part un cochon. Joaquín n’y a vu que du feu, en admettant qu’il ne s’était pas foutu de nous avec cette histoire de corde qu’il ne fallait pas décrocher sous peine de se faire foutre dehors sans procès ni cérémonie d’adieu. Il ne s’est pas aperçu de la substitution. Et la corde du pendu a fini dans le barranco. Violette et moi attendions l’équinoxe de septembre. Avec les pluies, le barranco se remet à couler comme antan, comme avant la construction du barrage en amont et si les pluies sont abondantes, comme ça arrive presque chaque année, ils ouvrent les vannes et le río se transforme en torrent furibond, charriant tout ce qui n’a pas eu le temps ou l’opportunité de fuir les lieux, et à une bonne hauteur de ses rives creusées naguère par une population plus tard émigrée et sans doute pas revenue ou en morceaux, il n’y avait qu’à en observer la descendance pour regretter que la disparition d’un monde soit encore possible à notre époque de douce archéologie de l’humain et de ses œuvres.

V

La sieste prenait fin avec la reprise des travaux. Les démarreurs rechignaient dans la chaleur que l’ombre commençait à tempérer. Les estomacs étaient pleins, les gosiers rincés, la langue avait retrouvé ses bavardages à propos de tout et de rien, on avait compris la moitié des informations du journal, et l’autre moitié ne posait pas de questions. Les diesels s’acharnaient et la terre cédait à ces assauts de maîtres de la configuration esthétique prévue par les architectes et les ingénieurs. Je me réveillais toujours au milieu d’une difficulté insurmontable inventée par mon maudit cerveau de poète en proie aux démons du succès et de l’échec, je ne savais plus lesquels présidaient encore à mes jours. Lourd sommeil l’après-midi de celui qui n’a pas dormi la nuit, voilà tout. Ce Roger Russel me hantait. Cette ferme était hantée par lui, même si la corde attendait quelque part dans le barranco que le ciel pourvoie à son déchaînement de forces naturelles. Violette avait pris de l’élan, et la corde, assujettie à un morceau de ferraille extrait d’un ressort de camion, pour le moins, avait décrit un vol hyperbolique et s’était crashée parmi les rocs entassés par la dernière crue dans une instabilité qui interdisait toute promenade. Mais promenade à la recherche de quoi ? Les promeneurs renonçaient à ces escalades dangereuses. On les voyait tâter le terrain, on ne les entendait pas se défier ou échanger plutôt de sages propos, mais ça me rendait nerveux de savoir que la corde était sous leurs pieds, sous une dalle de grés dont le fer avait pénétré l’ombre sans doute infernale.

VI

— Si jamais ils trouvent la corde, me dit Violette, que crois-tu, idiot, qu’ils vont en faire : un bout de chanvre mal tressé enroulé autour d’une ferraille sans utilité, pas même esthétique. Ya aucune chance, mec !

— Méfions-nous des goûts esthétiques de l’étranger qui vient ici pour trouver du nouveau. Je n’étais pas moi-même indifférent à la beauté de cet assemblage…

— Une lame de ressort usée à cœur et une corde nouée autour ! Ah l’œuvre d’art ! T’es complètement taré, mon pauvre Fredo. Et puis je te signale que l’artiste plastique, c’est moi ! Retourne à ton petit théâtre de figurines mal façonnées avant que Léona s’en mêle. Tu peux pas savoir à quel point ça la rend jalouse, ces poupées qui s’amusent sans elle…

— Mais elles ne s’amusent pas ! (un temps consacré à une intense réflexion sur ce sujet encore incomplet) D’ailleurs je ne suis pas en possession de tous les éléments nécessaires à la construction d’un plan de démarrage. Je ne commencerai pas ce récit sans ce premier équilibre des forces narratives en jeu. (poitrine gonflée) Tu me connais…

— En tout cas, mon Fredo, ne t’avise pas de chercher cette maudite corde ! Ne me ramène pas ça à la maison. Et si un touriste tombe dessus cette « œuvre d’art », qu’il l’emporte dans son Allemagne ou dans sa Hollande ou je ne sais quelle contrée où il arrive en effet que ta conception de l’Art rencontre un succès disons d’estime. (seins en avant avec toutefois impossibilité de creuser les reins comme dans un magazine érotique) Je m’y connais.

— Bah ! Je ne m’aventurerais pas dans cet endroit du barranco pour tout l’or du monde ! Pas envie d’y trouver plutôt la mort arrrgh ! par écrasement ! (rieur) Tu ferais quoi sans moi, Viol ?

VII

Elle riait, mais sans conviction. Je la connais mieux que je me connais. Nous remontâmes, les travaux d’aménagement de notre nouvelle tanière lui avaient coûté quelques kilos et elle se sentait « légère » depuis. Je marchais derrière elle, craignant une chute qui m’eût emportée avec elle ou écrasé sous elle, bras en croix sur la terre dure et sèche pendant que son corps retournerait au barranco. Cette vision me coupait le souffle. Elle me distançait, la grosse ! Sans chuter ni vaciller sur les arêtes rocheuses. Et moi j’étais en proie à un ralentissement que je qualifiai d’abord d’étrange. Je commence toujours par là, l’étrangeté qui se saisit de ma pensée ou de mon imagination et me retire du monde comme on déracine une mauvaise herbe. Je suis littéralement saisi par la peau du cul et j’ai la sensation, pas désagréable d’ailleurs, ni extatique n’exagérons rien, de quitter le monde vivant vers une destination dont la nature, étrangement, échappe à mes facultés de raisonnement. Je ne me sens absolument pas entraîné vers la mort. Je vis autre chose. En général, on se penche sur moi avant que je ne touche le sol de toute ma longueur. Je suis peut-être plié à ce moment-là. Et le bras puissant de Violette me retient par les reins, car je plie dans l’autre sens et non point en avant comme la logique le veut.

VIII

— Mon Dieu ! s’écrie-t-elle. Il a quelque chose ! Léona !

IX

Bizarre, ce ciel qui devient terre et cette terre qui prend la place du ciel, non pas le monde à l’envers, mais l’envers du monde revu et corrigé par une faiblesse cardiaque qui provoque un sérieux défaut d’irrigation à tous les étages. J’en ai le rêve tout flappi. Je ne pèse pas lourd, mais Violette et Léona ne sont pas de force. Elles me traînent bien un peu vers le haut, mais je redescends, inexplicablement, elles ne comprennent pas, se renvoient des explications, puis Léona, plus agile que sa grosse mère, s’élance vers le chantier, plus bas.

— Attention à ne pas te faire écraser, ma chérie !

Léona écrasée par son Klaus ! Comme si c’était possible. On n’imagine pas Léona sous les chenilles et Klaus debout sur son siège se demandant ce qu’il a bien pu écraser, quelque chose qui crie comme un humain —il a entendu une fois le cri d’un ouvrier qui s’aplatissait entre deux murs de béton et ce cri était celui d’un enfant, dans les aigus mais à un point, vous pouvez pas savoir !

— Qu’est-ce qui t’arrive, mon pauvre ! Tu vas nous faire chier maintenant. Comme si on avait besoin de ça.

Une mort pas désagréable. Sans douleur. Ni instantanéité. De la longueur facilement assimilée à la douceur. Je partais. Je n’avais pas prévu de partir. Ça me chagrinait bien un peu, mais une fois qu’on est en voyage, c’est parti ! Hélas, la vibration du diesel me ramena à la réalité.

— Tu n’es pas mort ! Il est pas mort ! Oh ! Mon Dieu !

Je voyais le visage déçu de Léona. Mais n’avait-elle pas volé vers son Klaus avec la promptitude que seul l’amour peut inspirer ? Nous voguions vers la route où m’attendait déjà une ambulance. Je n’ai rien senti. On me piquait, mais pas comme des abeilles, comme des êtres humains qui vous souhaitent de vous en sortir, si possible sans séquelles. Le mot séquelle sur les lèvres de l’inconnue qui vous pique. Brrrr. Quel froid ! On ne se croirait pas en Andalousie et en plein été. Vous avez des nouvelles de l’équinoxe ? Violette ne pense pas que cette lame de ressort ficelée avec la corde d’un pendu inspirera des sentiments esthétiques à un promeneur à l’esprit plein de hasard objectif, genre Joseph Beuys. Qu’en pensez-vous ? Non, je ne me calmerai pas tout seul ! Calmez-moi ! Sans abeilles. Sans cette possibilité de ruche qui ruine mon existence. Vous est-il arrivé de revenir dans le monde les mains vides ? Dix ans sans rien écrire qui vaille la peine d’être lu. Et juste au moment où une corde, certes de pendu, mais une corde qui ressemble à toutes les cordes —la preuve, Joaquín ne s’est pas aperçu de la substitution— une corde est venue me proposer son récit et ô malheur je n’en ai pas entendu ni l’incipit ! Mon cœur a choisi de me trahir à ce moment-là, la corde ouvrait à peine sa bouche disant, comme dans un film de la Hammer « Roger Russel ! Roger Russel ! » —et puis plus rien, autre récit, le diesel de Klaus, l’attente déçue de Léona, les piqûres, les amortisseurs défectueux de l’ambulance, les conversations, leur pessimisme en sourdine, Violette mise à l’écart, sa face torturée derrière la vitre séparant le service des urgences de la salle d’attente, ces corps brisés qui attendent, ce silence de roulettes qui parcourent le linoléum javellisé

Envoi

Cette année-là, il n’y eut pas de crue. La sécheresse changea l’équinoxe d’automne en évènement invisible. On n’en parlait pas, de l’équinoxe. On ne parlait que de la sécheresse. Entre les Roumains et le soleil, les artichauts de Joaquín ne lui avaient pas rapporté gros. Mais la petite Shana lui était promise. Il buvait moins. Il fréquentait Paquita sans espoir de retour, Pedro Phile ayant imposé ses conditions. Même sa moto ne l’embêtait plus. Klaus en avait réglé la carburation et amélioré l’allumage, le kick ne se montrait plus récalcitrant. En plus, Violette ayant perdu pas mal de kilos, il pouvait l’emmener plus loin que la route, jusqu’au supermercado où elle craquait mes droits d’auteur en petites folies alimentaires qui valaient sans doute mieux, relativement à son rapport au poids, que les platées d’inspiration locale qui me manquaient maintenant. Le gros œuvre hôtelier était en attente de crédit. On n’entendait plus les engins ni les broiements de roche qui me tourmentaient autant que si on m’avait charcuté les entrailles avec un fer de lance, genre Juan Benet. J’avais perdu mes jambes. Une m’avait été supprimée et l’autre avait l’air d’avoir été arrachée à un enfant rien que pour me la greffer, histoire que je ne ressente pas trop les douleurs de ma jambe fantôme. La chaise, dite fauteuil par les proches quand ils en parlaient entre eux, était équipée d’un pot que je pouvais vider moi-même par basculement sous-jacent au-dessus de la fosse creusée en équipe par mon entourage, un entourage incompatible avec les données du roman, alors que l’ectoplasme de Roger Russel venait me chuchoter des propositions de récit dont il garantissait à la fois l’authenticité et l’originalité, gages de reconnaissance incontestable, il n’admettait aucune discussion sur le sujet, il était mon agent littéraire, seul responsable de mon avenir dans les Lettres qui miroitaient dans les défauts du mur blanchi à la chaux et replâtré à l’endroit des trous causés par l’érosion ou la vieillesse, veuillez appuyer sur A ou B selon votre désir de rencontrer ou pas l’éminence grise qui vous imposera dans les académies topiques. Le sol autour de la maison n’ayant subi que les outrages de la nature, je cahotais, quelquefois dangereusement à l’approche des pentes annoncées par une émergence de roche ou une anarchie de broussaille. C’était convenu comme ça : ne pas franchir, même du regard, ces rochers ni ces buissons calcinés. L’étendu de la sécheresse me paraissait formidable. L’horizon des soirs en était cramoisi. Et le jour une blancheur de voile islamique s’élevait au-dessus des monts et des perspectives de plaine ou de canyons. La parra par contre avait porté de beaux fruits dont avait fallu priver les guêpes devenues folles de rage ou de désespoir, je les voyais dans le bocal, agonisant, ailes frémissantes et pattes secouées, mais leurs yeux ne me disaient rien de leur angoisse, si jamais elles connaissaient cet état limite de la joie d’exister. Joaquín en avait fait du vin sans avoir besoin de chaptaliser comme chez nous. Le premier verre, la première gorgée m’a emporté le cerveau et j’ai mis du temps à le retrouver. On a craint une hémorragie, à cause que j’avais la mâchoire de travers et que mon nez saignait. Mais j’avais beau expliquer que je m’étais cogné sur la table en perdant le sens de l’équilibre, je ne convainquais personne. Violette composa un cataplasme et me l’appliqua sur le nez. Une injection fit un trou de plus dans la peau de mon ventre qui, sans prendre de l’expansion, se flétrissait de jour en jour, comme si j’avais été une fleur et que je n’avais plus aucune chance de l’être de nouveau. J’étais en pot mais pas en fleur. Et quand je ne sentais pas le vomi je dégageais une odeur de merde. Écrire, dans ces conditions, devient vite une impossibilité. Et entre cette impossibilité et l’interdiction prescrite par le toubib, il n’y avait pas de place pour obéir aux injonctions du pendu qui me hantait alors que sa corde attendait en vain que la crue l’emporte dans les profondeurs de la mer. Maudit équinoxe ! Même le barrage était à sec. Joaquín descendait l’eau de la balsa de las alcachofas, mais elle avait un goût de Roumain en bas âge et ça ne m’hydratait pas mieux que le vin et l’anisette, en alternance selon les rites du jour, la nuit je pompais dans un flacon l’horrible désinfectant qui prévenait les infections dont mon cul était victime. Le matin je me rafraîchissais à l’eau de lavande, une goutte pour la peau et dix autres pour la langue, alternativement, toujours les rites, il n’y a rien d’autre pour occuper l’esprit quand celui qui vous hante est un mauvais agent littéraire. C’était qui ce Roger Russel ? Joaquín n’en savait trop rien. En tout cas pas beaucoup plus que la gente. Léona, qui pourtant avait entretenu de bons rapports avec la gente, ne pensait plus qu’à ceux qu’elle autorisait à Klaus. Il était au chômage depuis l’arrêt du chantier, ça augmentait considérablement la fréquence du phénomène, on finirait Violette grand-mère et moi « pièce rapportée » une fois de plus. Ainsi allait le monde d’Alfred Tulipe et la corde qui soutenait le lustre n’était pas étrangère au manque d’inspiration qui affectait mes glandes. Or, je n’ai jamais écrit qu’avec mon sperme. Et j’étais à sec. Je n’éprouvais aucun désir, même en me forçant. J’en avais marre de me forcer. Il fallait que je retrouve cette maudite corde. Miladiou ! À la fin de l’été j’avais encore des jambes pour me porter et je m’en suis empêché pour ne pas contrarier ma Violette sans Mimosa. Mais là, au printemps de ma vieillesse prématurée, tandis que la sécheresse interdisait à l’herbe de repousser et aux fleurs de m’enivrer, j’étais dans l’incapacité de chercher faute de guiboles et l’ectoplasme de mon agent littéraire commençait à douter de mes capacités à écrire un roman digne de la moindre académie. J’avais besoin d’une complicité. Mais sur qui compter ? Je suppose que vous venez de faire le tour des personnages en même temps que moi. Personne, n’est-ce pas ? Pas un d’eux n’a les qualités requises. Voilà comment on se retrouve seul, et sans en avoir l’air. On me poussait, on me repoussait, on me faisait avaler si ça passait pas tout seul, on me piquait si j’avais le dos tourné, on ne riait pas en ma présence, sauf si j’étais l’auteur de la blague, mais j’avais la blague amère et le printemps, à l’équinoxe de mars, était sec comme un coup de trique, celle que j’ai là et qui n’a plus aucun rapport avec mon cerveau créateur

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