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Inter feces et urinam nascemur. Saint Augustin
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 Article publié le 28 avril 2024.

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Who’s not busy being born is busy dying.

Bob Dylan

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Ah naître, naître encore et encore ! Ainsi du monde seul, splendeur renouvelée. Dans des soubresauts sans fin qui commencèrent, on croit savoir quand.

 

Boum, boum ! La bombarde a parlé. Le visage chafouin de l’artilleur a bien mal visé, cette fois. Encore un peu de patience, et la bombarde lui explosera au visage !

 

J’irais par les terres errantes, n’était le froid de l’air si dense que pour un peu j’y ficherais les pieux de ma tente écarlate.

Incompressible ardeur jusqu’au seuil des cieux éclate enfin en jets de lumière dorée qui, traversant les siècles et les siècles, viennent se ficher dans mon cœur ; dorures et parures semblent ici se mériter.

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Ah naître et n’être qu’un maillon de la chaîne !

Je veux des naissances, des naissances à la chaîne !

La chaîne a parlé qui seule détient le secret de ses liens.

Planqué dans un coin, Héphaïstos ricane doucement. Baubo palpite entre ses doigts humides. N’étaient le reflet chatoyant des flammes de la forge par lesquelles le rouge et le noir s’épousent sur les parois de la caverne, je nous croirais en bonne et charmante compagnie.

Le charme est de longtemps rompu, je vous rassure. Ah s’endormir entre les bras puissants d’Echo revenue, qui n’en a rêvé ? Brève puis longue, ta syllabe éhontée !

Tu me dis : oh moi, j’en suis revenue ! et moi de te répondre, sibyllin, que n’attends-tu alors pour te jeter dans les bras du grand Pan !

Bubo, la prude, détourne les yeux.

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Ton âme à la mer déchainée enchainée, ah rude tâche vraiment !

Le miroir ovale a fondu sous ton regard, Gustave. Mais ne laboure pas ton visage, je t’en prie instamment ! Puise donc plutôt dans tes yeux violets de rage la force de te dépeindre ! Et déprends-toi des faciles langueurs qui nous accablèrent tant, lorsqu’assis à la table des dieux, nous faisions ripaille !

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La jetée n’est plus qu’une flèche émoussée qui s’en va se perdre au large de son miroir.

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Le tourment des eaux, leur calme aussi, c’est tout un. Cascades se repaissent de leur chute.

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Une âme désarmée râle-rame dans une larme, ah le désarmant ouvrage ! A quoi bon tout ce cirque, me riez-vous.

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Aux larmes, citoyens ! Sonnez l’alarme ! et ramez, ramez jusqu’à plus soif dans les larmes sans âme de vos ennemis !

D’un destin l’autre, une fois encore. Le Hardt, tu te souviens ? Remercie encore et encore l’araignée qui y tissa sa toile. Ulrich peut dormir une nuit encore sur ses deux oreilles.

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Séchez vos larmes, amis ! Un jour, vous tiendrez votre engeance ! C’est promis.

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Entre vessies et messies, je choisis les vessies. Je les veux innombrables !

J’en ferai des lanternes et des lampions pour éclairer les longues nuits d’hiver étoilée dans mon Grand Nord. Ainsi parlait un vieux con goguenard.

Quelques sacs à merde passant par-là, on pouvait affirmer sans grand risque de se tromper qu’une naissance se préparait. J’en fus averti le jour du solstice d’hiver.

Je jetai alors au feu - un grand feu de soie tourbillonnante sans Saint Jean ni vieux Vikings aigris - mes vieilles nippes, mon casque à cornes qui n’existe pas et jusqu’à mes larmes de crocodiles héritées de mes ancêtres. Ah ! et j’oubliais, le bûcher, le bûcher que j’avais allumé, je l’alimentai une nuit entière par quelques vieilles travées de chemin de fer du tortillard qui, jadis, de village en village, sillonnait nos riantes campagnes à la façon de

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Pâtures, pâtures sans luxure ne me disent rien qui vaille. Les piquets de pâture en robinier réputés imputrescibles cèdent sous ma poussée, se brisent comme fétu de paille sous les doigts d’un enfant.

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Naître et mourir : arc bandé aux dimensions de ta courte vie, bois et boyau, deux en un, sans flèche aucune, et si flèches il y eut, fongibles et sans carquois pour les recevoir, et carquois de cuir introuvable, sans dos pour le porter ni échine pour le supporter, hormis toi, amie aux yeux de biche, amie de si longue date, ma Diane adorée, ma Sélène qui, portant arc, flèches et carquois, t’en vas toutes les nuits sillonner le Vallage avec tes chiens en terres champenoises.

Aube barre ici l’horizon, c’est certain.

« Mange, cramaille ! », s’écrie l’enfant mutin, un jour de grande colère. Une cuillère de sirop de tolu - ah férale légumineuse depuis lors ! - calme pour un temps ses ardeurs. Pour un temps, un temps seulement. Le temps qu’une musique à venir encore à naître tressaille dans les hallages, baume de splendeur pour les cœurs blessés qui s’en iront errer par-dessus les pelouses sèches du pays jusqu’à trouver le lieu de leur résonance animée par tant et tant de concerts en terre franche !

Eaux courantes apaisent. Disent et la mort et la naissance de ce qui est.

Saules argentés, aulnes fragiles à la rivière voués, ici et là, partout enfin, rivulaires. L’enfant grâcieux y chemine le long des berges vives, comme aux premiers jours de notre présence sur ces terres fertiles oh combien.

 

Jean-Michel Guyot

19 avril 2024

 

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