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Inventaire des pertes (feuilleton)
Le duel d’Oswald [originel]
[E-mail] Article publié le 5 mai 2024. oOo N 1989-02 Le duel d’Oswald [originel] Type : 5 à 8 feuilles A4 recto tapuscrites sans doute agrafées ; Dates ; ca été 1989 ; Matières : narration ; Textes : Le duel d’Oswald ; Dessins : non
A l’instar de « Jeux d’œil », je n’ai pas conservé la version initiale de ce récit dont il existe une version dans le recueil L’intérieur extérieur. En revanche, la nouvelle publiée a subi une série de transformations profondes par rapport à la rédaction initiale et il est à craindre que les enrichissements aient quelque peu noyé le poisson. Il faut donc croire que ce premier jet était plus brut mais également plus resserré.
Le personnage principal, supposément Oswald, nourrit une idée fixe. Il veut assassiner le président de la République. Il peste devant son téléviseur. Une nuit, alors qu’il ne trouve pas le sommeil, il sort de chez lui pour se promener et se retrouve face au personnage détesté.
J’ai repris ce récit en 1994, alors que je m’étais engagé dans l’établissement d’une sorte de rétrospective (il s’agit du volume perdu ou détruit N 1994-01, Œuvrescomplètes) en quatre volumes. Je l’ai abondamment enrichi. C’est sur la base de cette seconde version qu’a été réalisée la nouvelle qui figure dans le recueil de 2009. Il me reste deux fragments d’une version primitive de la nouvelle, que j’avais scotchés dans un cahier avec des débris déchiquetés d’un essai sur le Requiem de Mozart. C’est très peu mais c’est assez pour déjouer une illusion rétrospective. J’étais convaincu, en effet, que dans le récit initial le personnage ne voyageait pas. C’était certain. Dans mon esprit, il ne lui arrivait aucune des péripéties qui ponctuent la nouvelle subsistante. Il n’y avait pas non plus le burlesque qui pointe à plus d’une reprise, avec plus ou moins de bonheur, dans cette ultime version.
Le fragment est aisé à identifier. On est au tout début du récit. Le narrateur se vante d’avoir tué le président de la République et se désole de la réaction des gens qui ne lui en seront pas reconnaissants : « On s’en récriera longtemps ». On ne sait qui « aura voulu en écrire le scénario ». Et très vite, il est question d’Antibes, où « un malheur quelconque » l’a vraisemblablement conduit. Le narrateur semble avoir attendu quelqu’un qui est « venu, l’imbécile » (ou qui n’est pas venu au contraire). C’est dire à quel point la remémoration est périlleuse et procède de continuelles reconstructions.
La datation est peut-être le point le plus problématique. Nul doute que son écriture soit postérieure au Sens des réalités. En revanche, je doute de l’avoir rédigée dans la foulée de « Jeux d’œil », qui s’adosse sans grand doute au gros roman. Or, si j’observe l’essai de narration qui a suivi le Sens des réalités, Révolution, j’y vois une inflexion politique, un ton satirique et un mélange de dérision et de violence qui ne sont pas présents dans l’histoire d’Oswald, plus intimiste à sa façon. Il est donc douteux que l’écriture de ce récit ait coïncidé avec celle du projet de « politique-fiction » qui devait s’échouer et clore une première phase d’activité littéraire ou qu’elle lui ait succédé, même, puisque précisément je n’ai plus guère écrit, dès lors, que des bribes de textes souvent lapidaires et ce, jusqu’au printemps de l’année 1991.
C’est l’ultime possibilité mais elle ne me convainc pas : que l’origine de ce récit remonte plutôt à l’été 1991, soit en même en que « Le huitième cercle ». Cette hypothèse me semble tout de même fragile. Le caractère politique de l’intrigue paraît plutôt peser en faveur de l’été 1989, bien que rien ne me permette de corroborer cette dernière estimation.
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