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Article publié le 19 mai 2024. oOo 40 poètes participent à cette anthologie publiée au profit de l’association "Dijon Ukraine". J’ai cru bon de participer, comme Un homme de trop [1] Elle était bien belle et prometteuse,
Ce n’est pas facile de poétiser à partir d’une matière dont nous ignorons à peu près tout. Ainsi sans langage il n’y a pas de poésie. Et sans vécu il n’y a pas de langage. J’ai pensé aux soldats des tranchées de 14-18, dont certains lisaient et relisaient la plaquette contenant "La jeune Parque" de Paul Valéry, un poème certes pas guerrier, ni va-t-en-guerre, ni rien de « patriotique » (Valéry n’est pas Richepin ni Maurice Leblanc, anarchistes de salon), mais conçu pour être lu en toutes circonstances, pour se sentir humain et espérer devenir apte à comprendre ce qu’il s’est passé, comment on en est arrivé là, avec un « plus jamais ça » dans le bocal, bien sûr. Je pense qu’il vaut mieux aller au casse-pipe avec de quoi nourrir l’esprit, plutôt qu’en chantant, — « la trompette au derrière » s’amusaient les enfants de l’époque [2]. Je souhaite aux combattants des deux bords de découvrir de semblables œuvres, entre deux sangs, qu’elles alimentent leur esprit d’une autre nourriture que les images, même poétisées (hum…), des médias, les discours popolitiques, les postures et impostures des forhums et autres plates formes du « débat » et non de la poésie.
Mais ce recueil est pétri de bonnes intentions. Le lire, c’est contribuer non pas à l’effort de guerre, mais aux moyens de rendre la vie des Ukrainiens moins difficile, moins cruelle. Des initiatives de ce genre, il en faut. Je ne crois pas que la poésie s’en trouvera mieux, mais en tout cas les poètes auront servi à quelque chose, à leur manière, selon leurs vœux, leurs attachements, leurs convictions. C’est contradictoire, ça, avec ce que je viens d’écrire plus haut, mais c’est, pour l’instant du moins, et dans l’attente, ce qui peut se faire de mieux en matière d’amitié, puisque c’est le sujet, mes amis… pourvu que le poème, par l’entremise du don, ne se transforme pas en missile. Je n’ai pas encore « absorbé » la lecture de ces Poèmes pour l’Ukraine, selon ma douce manie héritée de Vico ; je me garderai donc pour l’instant d’en dire quelque chose, mais si vous souhaitez lire une recension au sujet de cet ouvrage, vous trouverez de quoi dans le blog de Gabriel Grossi, à cet endroit : https://litteratureportesouvertes.wordpress.com/2024/05/13/poetes-pour-lukraine/ Patrick Cintas. |
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