|
Navigation | ||
![]() oOo ![]() Marco Lodoli est écrivain de Rome où il vit et enseigne également dans un lycée de sa banlieue. Cette expérience n’est pas neutre pour l’histoire de son héros. La concierge de son école vit une passion silencieuse et implacable avec ce professeur. Elle ne cesse de l’aimer. Pendant quarante années elle le défend des dangers, du mal, du monde mais, et pour l’aimer, sans jamais se dévoiler : « J’avais besoin de le voir chaque matin, d’échanger avec lui un rapide bonjour, et imaginer que sans moi, qui ne suis presque rien, il se serait égaré dans l’existence comme un enfant dans la forêt. » Ces deux existences parallèles finiront peut-être par se rencontrer. Le temps d’une nuit, dans une étreinte entre illusion et oubli. Ils se cogne jusqu’à de livides gourmandes fantaisies là où parfois le lyrisme les démange au moment de jouir et d’avoir peur. Infuser toutefois un peu d’émoi reconstitué. - ce qu’aucune image n’arrête. Mais de fait ne cesse envers cette femme à un conflit bovaryen et dramatique entre l’imaginaire (elle) et le réel ( lui ). Il est condensé et déplacé par les ruses, les leurres, les contradictions et les disparités du symbolique des deux : sentimentaité, forme de petite bourgeoisie positiviste et du peuple romain. Lodoli pourrait donc presque s’écrier « Madame Bovary, c’est moi » (version italienne). D’autant qu’elle est elle-même « Le » moi. Qui lui fait vivre sa vie d’une part comme une insuffisance. Certes elle offre à opposer à son professeur un imaginaire de midinette mais il ne dispose d’aucune puissance symbolique qui lui permettrait de distinguer le réel de l’un et la réalité de l’autre. Les deux vivent en conséquence dans ce roman le courant alternatif du réel et de l’imaginaire. Leur conflit oppose l’objectivité du réalisme et la subjectivité de la fable. A la fin reste l’amour fou cher à Breton demeure mais il s’abstient que par renoncement. C’est pourquoi l’amour rejoint à une forme de mystique au sein de cette parabole radicale et ridicule sur l’espérance sinon que de faire perdurer un si peu au profit rien. Il n’est que par définition l’inconsistance d’un songe. Jean-Paul Gavard-Perret Mario Lodoli, « Si peu » », Traduit de l’Italien par Louise Boutonnat, P.O.L éditeur, Paris, 2024, septmbre 2024, 144 pages, 18 €.
|
![]() |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |