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Paysages Inachevés
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 Article publié le 8 septembre 2024.

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Paysages inachevés car les poses hasardeuses du sténopé argentique semblent donner ici des images en mouvement, dans l’acte même de naître. Des images aux points de couleurs séparés et divisés, hésitant encore à se mêler les uns aux autres pour rendre compte d’une seule réalité. Paradoxe photographique qui dévoile une matière brute, des tremblés et des irisations qui ne sont pas sans rappeler l’impressionnisme et le pointillisme. Mais ce manquement à la précision est aussi un appel à l’imaginaire, une proposition faite à la pensée de prolonger l’acte interrompu, et de dire de mémoire, ces paysages ordinaires, lieux communs de notre humanité.

Jean-Luc Aribaud

 

Poème 1 :  

 

abandonne ce temps  de chutes d’étoiles  de sel  amer

de fleurs mortelles  laisse  prends plutôt   dans tes mains

les écritures sauvages  du feu et du désir   prends  laisse-toi

envahir par ce lieu  de sève et d’encre

qui te laboure  te dresse au ciel  comme un menhir

au cœur de tes prairies natales  de tes rives incendiées

la nuit des Corbières  te longe  te  déchire  te dessine

comme un delta perdu  entre deux mondes

demain  soleil large  et lune sombre

s’uniront sur tes terres dévastées  fonderont des villes blanches

où  dans une langue  dont tu ignores les vocables

 

des enfants habillés de foudre  dompteront des chevaux noirs

 

Poème 2 :

 

par la fenêtre du soir  nous avions vu  cela

comme un dégel immédiat et brutal  une valse d’herbes

avides d’oubli  une esquille de ciel  aussitôt soudée à la terre

nous avions vu  et cela  avait suffit

Dieu a lancé ses dès  sur le glacis de l’étang  et  j’avais ris

pour donner fête lumière lampions  à ta parole  pour que  ces mots

nés dans la vision  ne s’en retournent pas au silence

et que le dire  ne soit pas ce visage d’été

si vite effacé par la pluie  et qu’un mystère  une  question

nous amène au-delà de cette parole  main dans la main

sur l’autre rives rêvée  avec vie mort  doutes dans la  voix  et nus

où se dressent des collines de mémoire  des villes en paix

où ce qui surgit  et demeure  est un éclair dans le  poème

 

Poème 3 :

 

ce lieu me prend  me divise  m’impose ses battements d’ailes

ses couleurs ensevelies  dont le rouge est une lame   qui vrille ma poitrine

cet exil au seuil  de ce que j’ai été  est un  bien

ma garrigue  mon ciel mesuré  au silence des combes

la biche y offre  le miracle de son élan  une  amnésie durable  

comme une corne de brume  qui sonnerai l’oubli  

ô terre du possible  qui ne demande rien  n’interroge jamais

la figure blessée  ou le regard en péril  le neuf de  l’âme

y savoure  son souffle anonyme  sa virginité lunaire

et dans le grand brasier des vignes  seul sous les salves du vent

ma marche obstinée ne croise  que le présent de mes pas

 

Poème 4 :

 

tard dans l’insomnie  dans l’inquiétude des portes ouvertes

sur une nuit furieuse  le paysage s’écrivait

pour nous seuls  disais-tu  cette frontière de noir subtil

séparation furtive des mondes  terre ciel  râpe claire des  calcaires

sombre éther  où sous nos yeux d’enfants vigies

s’agenouillaient des étoiles mortes  et ce rite funèbre

élevait en nos langues  une Babel innocente  immuable

vocable après vocable  dans le ciment des voix anciennes

avec l’assentiment de l’Hydre  et d’Orion fraternelle

pour que se prolonge  en nos mains friables  ce  sursis de lumière

grâce du temps  qui nous fait et nous défait  indulgence  des dieux 

devant nos babillages tristes  de sable et d’eaux corrompues

 

Poèmes 5 : 

 

épopée de pins  de vignes qui s’exaspèrent

matins illimités  sans rien  qui puisse rompre

ce court délai d’éclaircie  ce raccourci de la mûre à la main

oui  cette terre entre les bras  est un possible

un traité de paix  délivré par la rixe du jour et de la nuit

oui  nous avons tenu  notre rang d’éveillés   courus

jusqu’à l’occulte ruisseau  cueillir ce qui s’enfuit déjà

comme un orvet fragile  sous le plat protecteur de la pierre

et notre marche est noble  désormais  et la faim qui  nous hante

une joie dans nos bouches invalides  lorsque nous renonçons

que les cimes  à fleur d’étoiles  dispersent nos audaces

 

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