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![]() oOo ![]() Aux heures les plus sombres d’un royaume perdu entre feu et ombres, les murmures des astres se mêlent à la danse lente d’une flamme, fluide et profonde, qui s’épanche aux lèvres d’un calice d’argent, lourd de secrets anciens, comme les pages d’un livre qui jamais ne se ferme. Un homme, drapé de noir et d’or, tient la coupe comme on étreint une prière, ses yeux fixés sur le feu avec la gravité d’une âme écorchée. Dans ses regards brûle une lumière sacrée, amère de nostalgie, portant la trace de serments brisés, d’une loyauté trahie, d’un rêve évanoui.
La flamme s’élance, sinueuse, se répand dans l’air comme un soupir jamais éteint. Elle se fraie un chemin jusqu’à une femme, pâle, drapée dans une robe aussi ancienne que le souffle des étoiles. Elle est là, silencieuse, les yeux clos, comme une prêtresse emprisonnée dans un rêve d’autrefois, suspendue aux limbes d’un amour défendu. La flamme l’entoure, glisse sur sa gorge, effleure ses lèvres comme un secret oublié – celui d’un chevalier égaré, portant en lui l’écho des baisers volés, arrachés aux serments.
Dans les brumes de la nuit, la silhouette immobile d’un roi les contemple, figée dans une éternité de regrets. Sa couronne de métal pèse sur son front assombri. Ses yeux sont les miroirs d’un passé hanté de déceptions et de douleurs. En silence, il veille, souvenir d’un amour interdit qui déchira jadis le royaume. Spectre d’Arthur, roi trahi, abandonné par son plus fidèle chevalier et par celle qui partageait son trône.
Sous la lueur de cette flamme mystique, les ombres murmurent l’histoire d’un amour voué au silence – un amour de nuits sans fin, de regards esquivés, de soupirs étouffés dans le secret des chambres obscures. Elles évoquent un chevalier dont le cœur battait pour la reine, de Lancelot emporté par une passion interdite, brisant la promesse de loyauté. Elles murmurent la peine d’Arthur, de son royaume en cendres, des épées brandies dans une vengeance amère, et de l’innocence d’un royaume engloutie à jamais dans les abysses du passé.
La flamme vacille encore, et dans cette lueur fragile, c’est comme si l’histoire elle-même respirait. Les étoiles se penchent, attentives, pour recueillir les bribes d’un amour et d’une fidélité qui n’ont pas survécu. Le monde se suspend, immobile, accroché à ce fil de lumière et de silence, comme en attente d’une rédemption qui jamais ne viendra. Et les ombres continuent leur ronde, emportant avec elles les murmures d’un royaume effondré, d’une table brisée et d’âmes errantes.
Sous le voile des étoiles, le souvenir de Lancelot et d’Arthur se fond dans la flamme tremblante, écho immortel de la douleur qui enfanta la légende. |
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