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Article publié le 5 janvier 2025. oOo les Haoukas de Jean Rouch ont des rituels de pacotille ils sacrifient l’animal ils mangent le chien ils se purifient avec poules et boucs ils boivent le sang cru ils se barbouillent la bouche de bave et de sang ils ont des danses qui montent dans tout le corps ils entrent en transe cela monte par le pied gauche et la transe purifie les punis déconstruit les certitudes du monde fabrique une ronde effrénée autour du prêtre du sacrifice autour des maîtres de la folie ils cassent un œuf sur la tête du gouverneur se fouettent avec une courroie de ventilateur ils organisent des conférences de la table ronde et portent casques blancs de colons sur peau noire de colonisés ils sont conducteurs de locomotive femme du docteur militaires caporal de garde capitaine de la mer rouge méchant commandant chauffeur de camion ils ont des fonctions de Blancs dans l’Afrique colonisée ils brandissent des fusils de bois ils se font sorciers révolutionnaires et fictifs ils miment la violence blanche ils pastichent l’intolérable ils jouent le théâtre de leur soumission une fois la transe passée ils redeviennent ouvriers voleur à la tire au grand sourire simple soldat en uniforme magasinier efféminé ils creusent des trous dans la terre brune avec des pelles ils travaillent pour l’homme blanc la magie noire n’est noire que pour les autres elle se construit à contre-pied elle se fait sortilège de résurrection remède contre l’impérialisme expiation des crimes elle déréalise la colonisation blanche et redresse l’Afrique noire un jour par an hors la ville dans la brousse au bout de la piste et du cérémonial elle parodie la violence française ou le pouvoir britannique elle est le théâtre noir des rites ridicules blancs elle va plus loin que l’opprobre elle se fait exorcisme sanglant des colons blancs reflet désacralisé de la civilisation des vainqueurs mécaniques pastiche des petites sœurs des pauvres des religions assermentées elle devient transmutation des soi-disant magies blanches la catharsis élémentaire - il n’y a pas de magie noire il n’y a que des souffrances irruptives un renversement de perspectives la phraséologie de la révolte la spiritualisation de la lutte - |
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