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![]() oOo A Gilbert Bourson
Une promesse non tenue S’est perdue dans les sables
Je me suis fait une promesse La seule qui vaille Gravée dans la paume de ma main gauche A l’encre bleue
A deux mains, je creuse une rigole dans le sable Y ménage des courants gracieux
Pas de châteaux de sable ici Qui emporteraient tout le paysage Comme boulet de canon le visage poupin du fier général de brigade
Nous ne sommes pas à Elseneur ni à If Nous ne sommes pas naïfs à ce point Ni la Mère ni la Mer ne trahiront en ces lieux Une promesse faite depuis la nuit des temps Par celles et ceux qui nous précédèrent
Ah mobile la grève Et si changeante En rien émouvante Eprouvante bien plutôt Et salubre oh combien !
Viennent à s’y confondre Dans leurs reflets mutuels Des esquisses de morsures Des regards louches et de ces cambrures lascives Qui rappellent des naissances anadyomènes J’y vois, amoureuses, Les eaux douces de nos ruisseaux pérégrins Venues se perdre en ruisselant sur l’estran Et la salure aqueuse du varech encore frais aussi Auquel divers débris pleins d’espoirs s’accrochent Fragments d’antiques brisures d’on ne sait plus trop quoi penser Depuis que Socrate est venu déambuler en ces lieux Une parole rectrice s’y cherche N’y manque qu’un ciment nouveau Digne d’Anaximandre et d’Héraclite Il sera temps alors de rebâtir Tout n’est donc pas perdu A défaut d’être clairement perçu Par ceux qui se disent mes contemporains
Le petit moulin de roseau fiché dans le sable Au bord de la plage lourde de gros galets ventrus Tourne à l’envers dans ma mémoire de quatre sous Reverrai-je jamais les eaux furieuses de mon enfance ? Au bord de l’Ognon, j’étais alors un géant débonnaire, Penché sur les eaux, qui tenais le temps entre ses mains
Jean-Michel Guyot 11 janvier 2025 |
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