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![]() oOo Je suis passée par un corridor de vent et d’éclats d’os, là où la lumière s’effondre en lames brûlantes, où les pierres saignent des siècles d’oubli, où chaque pas dérange la poussière de dieux éteints. Le sol tremble d’avoir tant porté, il s’effondre sous la charge des ombres, et moi, traînant mon corps comme une herse, je creuse l’air à coups d’absence.
Il y avait un visage au bord du monde, une chevelure dispersée en filaments d’orage, des lèvres qui balbutiaient des mots en feu, mais rien ne tenait, rien n’avait d’épaisseur. Elle était une faille, une brûlure dans l’espace, une respiration qui déchire l’étoffe du jour. Je l’ai vue danser dans les cendres des heures puis disparaître comme une ombre d’eau.
Le temps s’ouvre en spirales affamées, il dévore ce qui tremble, ce qui s’accroche, il avale les noms, il ronge les mémoires jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un goût de rouille sur la langue. J’arrache mes songes comme des ronces, je les tords en lianes noires pour ligoter le vide, mais il glisse, il rit, il s’effondre en moi comme un fleuve sans lit.
Sous la peau du monde, un animal gronde, ses griffes labourent les veines du sol, ses crocs sont pleins de silence et d’étoiles mortes. Il attend dans la faille des marbres, il guette les fissures de l’instant, prêt à bondir dès que le souffle vacille.
Et moi, je marche sur la corde d’or du néant, les paumes ouvertes aux éclats d’invisible, le cœur battant sous un ciel fendu en mille soleils, écrivant ma chute dans le vent. |
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