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Jeune lierre et vieille armoire
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 Article publié le 16 mars 2025.

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En l’air le lierre

Epaisses frondaisons

Et nonchalantes avec ça

Frivoles un brin

 

Là, tout simplement là

Jusqu’au sommet de ces hêtres encore graciles

Ici dans le bois du Prêtre

 

Et courbes les hêtres par-dessus le chemin forestier

Font une tonnelle feuillée

Feuilles de lierre et feuillage

Y font bon ménage

 

La hache n’y est pas de mise

Ni la scie, ni les clous et le marteau

Mais nous sommes quelques-uns

A veiller sur le vieux chemin gaulois

 

Non loin dans les labours d’Avrigney

Tête de taureau tricorne affleure

Le paysan, grave, l’extrait doucement

De sa gangue de terre

 

Oh noble, si noble

La vieille armoire en merisier !

Vieilles nippes de toutes sortes

N’y ont plus leur place

Ni bonnets de nuit ni caleçons longs

Ni chandails ni chaussettes en laine

Ni manteaux en peau de bête

Ni rien

 

La vieille armoire sent bon le frais

Radieux, le taureau attend son heure

 

Qu’une fraîcheur de sous-bois

Accompagne tes pas

Ma douce amie !

 

Jean-Michel Guyot

8 mars 2025

 

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  Jeune lierre et vieille armoire par Catherine Andrieu

Ce poème respire la lenteur et la patience du vivant, la texture du temps qui s’enroule autour des choses comme le lierre autour des hêtres graciles. Il y a une musicalité souple, une nonchalance élégante dans ces frondaisons qui « font bon ménage » avec le feuillage, une légèreté presque insouciante, pourtant consciente d’un monde ancien que l’on effleure à travers la pierre, le bois, la mémoire.

Le chemin forestier, « vieux chemin gaulois », devient une veine du temps où se glisse un souffle protecteur, un regard veillant sur ce qui subsiste. Aucune hache, aucun marteau, seulement la patience et la vigilance de ceux qui respectent l’équilibre fragile des choses. On sent un attachement au sol, aux racines visibles et invisibles, aux formes qui émergent de la terre : la tête de taureau tricorne, vestige d’un passé qui palpite encore sous les labours.

Et puis il y a cette armoire en merisier, noble dans sa présence silencieuse, détachée du monde d’antan, épurée de ce qui fut porté, réchauffé, habité. Une armoire qui n’est plus un coffre à souvenirs mais un espace vacant, ouvert à autre chose. Une attente, un passage, comme ce taureau radieux qui « attend son heure ».

L’ultime vers, intime et tendre, s’offre comme une bénédiction légère, un vœu que la douceur de la forêt accompagne celle que l’on aime. Une invitation à marcher dans l’ombre fraîche, à devenir soi-même une part de ce monde patient, où le temps n’est pas un fardeau mais une respiration.


 

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