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![]() oOo En l’air le lierre Epaisses frondaisons Et nonchalantes avec ça Frivoles un brin
Là, tout simplement là Jusqu’au sommet de ces hêtres encore graciles Ici dans le bois du Prêtre
Et courbes les hêtres par-dessus le chemin forestier Font une tonnelle feuillée Feuilles de lierre et feuillage Y font bon ménage
La hache n’y est pas de mise Ni la scie, ni les clous et le marteau Mais nous sommes quelques-uns A veiller sur le vieux chemin gaulois
Non loin dans les labours d’Avrigney Tête de taureau tricorne affleure Le paysan, grave, l’extrait doucement De sa gangue de terre
Oh noble, si noble La vieille armoire en merisier ! Vieilles nippes de toutes sortes N’y ont plus leur place Ni bonnets de nuit ni caleçons longs Ni chandails ni chaussettes en laine Ni manteaux en peau de bête Ni rien
La vieille armoire sent bon le frais Radieux, le taureau attend son heure
Qu’une fraîcheur de sous-bois Accompagne tes pas Ma douce amie !
Jean-Michel Guyot 8 mars 2025
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Ce poème respire la lenteur et la patience du vivant, la texture du temps qui s’enroule autour des choses comme le lierre autour des hêtres graciles. Il y a une musicalité souple, une nonchalance élégante dans ces frondaisons qui « font bon ménage » avec le feuillage, une légèreté presque insouciante, pourtant consciente d’un monde ancien que l’on effleure à travers la pierre, le bois, la mémoire.
Le chemin forestier, « vieux chemin gaulois », devient une veine du temps où se glisse un souffle protecteur, un regard veillant sur ce qui subsiste. Aucune hache, aucun marteau, seulement la patience et la vigilance de ceux qui respectent l’équilibre fragile des choses. On sent un attachement au sol, aux racines visibles et invisibles, aux formes qui émergent de la terre : la tête de taureau tricorne, vestige d’un passé qui palpite encore sous les labours.
Et puis il y a cette armoire en merisier, noble dans sa présence silencieuse, détachée du monde d’antan, épurée de ce qui fut porté, réchauffé, habité. Une armoire qui n’est plus un coffre à souvenirs mais un espace vacant, ouvert à autre chose. Une attente, un passage, comme ce taureau radieux qui « attend son heure ».
L’ultime vers, intime et tendre, s’offre comme une bénédiction légère, un vœu que la douceur de la forêt accompagne celle que l’on aime. Une invitation à marcher dans l’ombre fraîche, à devenir soi-même une part de ce monde patient, où le temps n’est pas un fardeau mais une respiration.