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![]() oOo Je pensais entreprendre une vie batailleuse en bombardant le monde du QWERTY de mon clavier, en redressant les torts de la société tard-moderne, ombre d’une valve soustraite à la moule de la caverne.
En simulant des attaques de la BCE défier Re Cecconi en ayant fini de subir les calomnies de trolls du web tel Girolimoni, et capitulé devant l’irréalisable d’une reconstruction après le séisme de l’art métrique italien, me retrouver au curage du colophon, nouveau lavement.
Jointe au moment où tu te demandes le sens d’étudier en n’arrivant jamais chez un Bompiani, la transmission de l’écriture réside dans la main morte des barons, avec le sentiment d’inadéquation d’être Barattieri à l’Adua te vient, soudain, l’expression sérieuse d’un chihuahua.
Mona Frida smile, Mona Frida smile et la vie se transforme en Cirque du Soleil, où réciproque est le rôle de l’animal dans l’anarchie d’un remue-la-queue Saturnal.
Mona Frida smile, Mona Frida smile, te vient l’envie de crier à Berlusconi : “Heil !”, habemus Fridam, d’aboyer fort sur Saint Pierre et de saluer les députés en levant la patte arrière. |
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Commentaires :
Chiendent de l’époque, sourire fendu
À lire Ivan Pozzoni, quelque chose frémit, grince, résiste — comme une boîte crânienne trop pleine qu’on secouerait pour entendre la révolte cliqueter au fond. Un humour de dérapage contrôlé, un cabrage punk au bord du vers, un éclat dans la mâchoire du monde. C’est une chronique du désenchantement faite depuis l’intérieur du vertige. Un texte comme une épave rieuse sur le fleuve en crue de la post-modernité.
Ce n’est pas un poème à cueillir, c’est un poème à affronter — frontal, carnassier, cabotin, et pourtant profondément habité par une tendresse effondrée. Celle qu’on porte aux illusions mortes, à la noblesse piétinée par les pixels, aux gestes d’encre qu’on continue malgré tout.
“Je pensais entreprendre une vie batailleuse” — la première ligne se dresse comme un appel aux armes, un manifeste dans la bouche d’un antihéros bardé de lucidité. Mais très vite, le panache vacille : ce n’est plus la rapière qu’on brandit, mais le clavier QWERTY, cette arme molle et fébrile du poète 2.0, qui tape et détape, qui rate sa cible en plein dans le mille. Il veut bombarder le monde, mais c’est le monde qui lui tombe dessus, comme une moule hors de sa valve — métaphore sublime d’un être désarticulé, en dehors de la coquille, nu, exposé, tremblant.
Dans ce texte, tout tangue, tout explose par saccades. Le souffle ne vient pas du lyrisme, mais de l’ironie faite tension organique. Les noms propres s’y accrochent comme des graffitis sur les murs d’un tunnel : Girolimoni, Re Cecconi, Bompiani, Barattieri, Berlusconi. Tous ces personnages, historiques ou grotesques, sont les stigmates d’une culture italienne en fractales — entre grandeur et farce, entre Dante et les talk-shows. On y entend le vacarme de la mémoire collective, qui a trop souvent avalé son rire de travers.
Le vers de Pozzoni n’est pas là pour enjoliver mais pour éructer — une poésie fécale et frontale, où les lavements succèdent aux colophons, et où l’écriture devient matière vivante, impure, dérangeante. Le langage est une bête, un chihuahua sérieux prêt à mordre les molosses du pouvoir. Ce n’est pas un gag, c’est une théologie du grotesque.
Et dans cet enfer drolatique surgit l’image double, le masque fusionné : Mona Frida smile. Léonard et Kahlo dans le même rictus, même sourire fendu, même calme halluciné. Cette Mona Frida est l’icône de notre époque — hybride, sarcastique, résiliente malgré le chaos. Elle ne pleure plus : elle rit comme on résiste. Elle smile, sans se foutre du monde mais en le fixant droit dans les ruines.
Et quand le poème pousse le sarcasme jusqu’au blasphème final — aboyer sur Saint Pierre, lever la patte arrière sur les députés — ce n’est plus seulement une satire : c’est un geste sacrilège d’amour, un baroud d’honneur d’animal blessé. Car l’animal ici n’est jamais un simple motif. Il est réceptacle d’humanité. Il danse dans le Cirque du Soleil de nos échecs comme il tournait jadis dans les arènes. Il remue la queue devant l’absurde parce qu’il ne peut plus faire autrement.
Ivan Pozzoni ne crie pas depuis une chaire, il beugle depuis les chiottes sacrées du langage. Il en ressort un texte profondément poétique, non pas au sens du chant, mais de la résistance : celle d’un homme qui n’a pas renoncé au verbe, même si le monde l’a renvoyé à sa solitude de clown biblique.