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 Article publié le 13 juillet 2025.

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Je voudrais partir quelque part loin du bruit des villes pour un ailleurs

Je voudrais trouver la paix loin de leur folie

Pourtant moi, tu sais, je n’ai plus envie d’être ici

Je voudrais être ailleurs, là où il y a pour toujours ces milliers de fleurs

Ces milliers de nuits

Celles qui sont là pour ne plus faire saigner mes bras, ma vie

Je voudrais arrêter de faire battre mon coeur

Il bat tellement pour toi mais tu n’es plus là.

Je voudrais m’enfuir , m’enfuir si loin là-bas

Je préfère mourir que de lutter

Je sais juste que prendre encore des coups, les coups de la vie, les coups de la maladie je ne pourrais pas.

Je me sens comme un fantôme et je te vois

Mais qui est ce qui ici fait encore la loi ?

Dans mon corps, il n’y a plus presque plus d’atomes sauf ceux de toi

Je suis sur le chemin de ma propre fin

Je voudrais partir ailleurs , m’enfuir vers la mer

je voudrais rejoindre tous les pays où tu es là

Leur monde peut brûler avec lui qui vit dessus

Leur sonde peut encore nourrir ce qui n’est plus

Moi je m’en fous tu sais puisque j’ai tout perdu

J’ai mal au sang , j’ai mal de tout

Tous ces gens là m’ennuient

Je voudrais partir quelque part loin du bruit des villes

De toute manière, je sais que ma vie ne tient plus que par un fils

Depuis que tu n’es plus là, depuis toujours

Je vois des rubis, je vois des saphirs

Je vois que ça autour de toute façon, je vais bientôt partir

Pour un ailleurs, il ne faut pas se mentir

Je suis à bout ,à bout de rien à bout de tout

J’ai mal au sang, j’ai mal des gens , j’ai mal tout court.

La mort, l’amour même l’univers

Tout cela, tout cela tourne à l’envers.

Je voudrais partir ailleurs là où on forge des étoiles

Je voudrais partir ailleurs sentir l’odeur du large

Sur ma peau, sur mes os saillants

Je voudrais sentir le vent

Je sais jouer au cerf-volant

Je sais faire des origamis.

Je sais l’esquisse du temps.

Je sais le prix que vivre vaut

Je sais distinguer le vrai du faux

Je sais ce que j’ai tant de fois ressenti

Je sais garder le silence

Je sais lire entre les lignes

Pourtant mes mots vont autrement

La douleur se dit autrement

Ailleurs tout semble différent

Tout a la goût, de l’amer, du naufrage.

Quel fils me reste t-il pour broder

Mon serment, ailleurs c’est le temps qui défile

C’est la fuite du temps.

Ailleurs, je respire autrement,

Oh !ailleurs, il y a toujours cette main décharnée

Qui se tend

Ailleurs, c’est le seul lieu qui m’attend

Comment le soleil noir de ma mélancolie se dit ?

Toucher la Terre pour prendre le ciel

C’est la seule chose que je peux faire

Partager l’or qu’il reste dans mon calice

À l’abri des flammes, j’ai cette impression

Que tout glisse

Un papillon vient de se poser sur ton nom

Une colombe vole dans le paysage au dessus de ma maladie

Un bout de ton horizon est là pour toujours en moi pour agrandir l’espace

Pour prendre toute la place que je n’ai plus.

Je me sens si seule et si loin

Je me sens si seule sous ma cuirasse

Je me sens si incomprise dans mon éternel chagrin

Quel est cet astre qui brûle mon corps ?

Quel est cet astre qui brûle mes nuits ?

Le courage nous fait t –il maitriser tout ?

Sait on toujours donner ce que l’on reçoit en retour.

Nos maux auront toujours la couleur du sang

Nos maux seront toujours là à chaque instant

Car même ailleurs la Terre pleure

Même ailleurs le pain n’a plus la même saveur

Même le goût de nos orages change

Même ici les branches se cassent facilement

Ailleurs, on peut voir aussi le verre à moitié vide

Ailleurs, on peut voir aussi le verre à moitié plein.

Ailleurs, ailleurs, aillleurs…

 

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Commentaires :

  Ailleurs par Lalande patrick

Lecture et musique electro acoustique. https://youtu.be/JK7DciViMVc?si=HzbcipqxIo4tKms5


  Ailleurs par Catherine Andrieu

Il ne s’agit pas ici d’un simple désir de fuite. Ailleurs, chez Aude Gorce, n’est pas un caprice, un rêve vague ou une carte postale intérieure. C’est une ligne de crête entre la douleur et la disparition. Ce poème dit l’impossible présence au monde lorsque ce dernier est devenu trop dur à habiter. Il ne cherche pas à attendrir. Il s’ouvre comme on ouvre une plaie qu’on ne peut plus cacher, dans l’urgence de dire avant que tout cède.

La voix est frontale, traversée d’ombres et d’éclats. On y sent l’usure d’un corps et d’un cœur à bout de lutte. Le deuil y est total : celui de l’autre, bien sûr, mais aussi celui de soi. Il n’y a plus de refuge, sauf peut-être dans l’imaginaire d’un ailleurs où la violence des jours ne pourrait plus atteindre la chair, où la solitude ne se collerait plus aux os. Ce lieu ne sauve pas, il apaise peut-être. Il n’offre pas d’issue, mais une respiration. Et cela suffit parfois pour continuer une minute encore.

Le poème est traversé d’enfance — des souvenirs infimes, des gestes oubliés qui resurgissent malgré tout. Il y a dans cette voix une douceur tenace, même au bord de l’abîme. L’amour, s’il est devenu absence, continue de battre dans chaque mot. Et c’est peut-être là le cœur du poème : dire la perte, oui, mais la dire avec la langue d’un amour qui ne s’éteint pas.

Alors, même si le monde semble tourner à l’envers, même si la terre pleure ici comme ailleurs, la voix reste debout dans sa mélancolie. Elle tend la main, doucement, à ceux qui pourraient l’entendre. Elle dit le chagrin sans filtre, mais aussi cette infime lumière que rien, même la fin, ne peut vraiment éteindre.


 

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