Où en sommes-nous ? A chaque stade de son évolution toute société doit se poser cette question. Qu´avons-nous fait de notre progrès ? De notre civilisation ?
Ce recueil fait un constat amère, mêlant cri de rage et impuissance. Indifférence des uns, fatalisme des autres, pour mieux laisser le champ au mercantilisme de certains.
Lorsque l´extrémisme économique est tel qu´il débouche sur le fanatisme idéologique, on peut se demander lequel des deux l´emportera. Qui tuera l´autre, personne ne le sait, mais ceux qui mourront au nom de l´une ou l´autre cause, et qui ne le sauront sans doute jamais, seront toujours les mêmes, et nous en faisons partie...

Le nouveau recueil de Martin Codron démontre une fois de plus son talent. « Rimes Rouges » est un ovni de la poésie tout comme l´était « Cyber poèmes ». Moderne, réaliste, idéologique tout en restant poétique, il parvient à dresser un portrait arbitrairement sans concession de notre société.
Mais il ne s´arrête pas là. Dénoncer notre société oui, mais ce n´est pas tant elle qu´il vise, pauvre agrégat qui aurait bien du mal à exister sans nous, que la somme d´individus qui la compose, et qui participe chaque jour à son merveilleux épanouissement.
« Rimes Rouges » est un combat, mais de ces combats que l´on remporte sans gloire parce qu´ils restent anonymes.
Si ce recueil à une cible, c´est nous. Il nous renvoie à notre part de responsabilité dans ce vaste ensemble qui nous dépasse et derrière lequel nous nous mentons. Cette responsabilité que l´on a tellement de mal à assumer tous les jours au travers de nos petits gestes du quotidien.
Misère, pollution, éducation, violence, guerre, il n´existe personne dans le monde qui puisse y remédier, pas même les plus puissants. Par contre, chacun, dans son entourage, dans le petit milieu qui est le sien et dans lequel il évolue, peut apporter sa contribution, donner un peu de son humanité, pour qu´il devienne plus beau.
Si demain tous nous faisions cela, alors oui, le monde changerait..., mais nous le savons tous, et c´est bien là le problème.
Alors oui, certains diront que c´est facile de critiquer et de jeter son petit pavé dans la mare, un de plus. Mais l´on n´attend pas la même chose d´un poète et d´un essayiste, et Martin sait trouver les mots pour exprimer ces émotions contradictoires que nous avons tous éprouvés, et que nous éprouvons toujours, en particulier l´hiver, lorsque nous rentrons chez nous alors que la température passe en dessous de zéro, et que nos regards accrochent ces pauvres gens qui ne savent pas où dormir.

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